L’inspecteur January David a toujours soigneusement cloisonné sa vie professionnelle et sa vie privée. Jusqu’au jour où, sur une scène de crime, les deux mondes entrent brutalement en collision.
January se retrouve face à une jeune femme, suspendue au-dessus d’une scène de théâtre, son sang coulant lentement dans un cercueil placé en-dessous. C’est la quatrième cible d’un tueur en série qui a déjà assassiné trois femmes avec une minutie faisant froid dans le dos.
Mais cette fille numéro Quatre est différente des autres. Elle est encore vivante et surtout, elle reconnaît January.
S’il veut sauver sa propre vie et éviter qu’il y ait d’autres victimes, l’enquêteur doit réussir à rentrer dans la tête du tueur pour le prendre à son propre piège… Un tueur insaisissable, une course hypnotique, un suspense asphyxiant…
« …j’aime ce que je fais. Et rien ne m’irrite plus que ces types qui se font prendre pour avoir commis des actes similaires aux miens et fuient leurs responsabilités en invoquant une puissance supérieure…si Dieu existe, pourquoi voudrait-il avoir comme porte-parole un type qui enlève une gamine de dix ans, lui fracasse le crâne à coups de brique et l’abandonne quelques jours avant de revenir pour la violer…pourquoi Satan voudrait-il d’un concurrent comme moi ?… »
Diabolique, cruel, irréel, mais surtout génial…un chef d’œuvre, un coup de maître, une incursion dans le monde du thriller qui fait l’effet d’une bombe. D’abord le récit à 200 à l’heure, sans aucunes fautes dans la construction. La construction, innovante à souhait. Chaque chapitre n’excède 10 pages pour les plus longs et 1 à trois pages pour maintenir le rythme, chaque chapitre fait parler un protagoniste, victimes comprises…avant qu’elles meurent….quand elles meurent.
« …papa fait graver mon épitaphe en me décrivant comme une fille dévouée et amoureuse de la vie, j’ai une autre version : Ci-git AM, sans ambition, sans emprunt à rembourser, sans mari, sans enfants, sans idées… »
EAMES est le tueur, il est nommé, mais de lui on ne sait que ce qu’il nous livre avec emphase quand il prend la parole, sa différence, son intelligence, son « unicité » et surtout son œuvre qu’il écrit au fur et à mesure des tableaux morbides qu’il met en scène.
January DAVID est le policier qui le traque. Sa vie, une longue suite de culpabilité après la disparition de sa sœur quand ils avaient dix ans, l’explosion du cercle familial conduisant January a un alcoolisme limite, son père à un désir de vengeance, sa mère à la démence.
Personne n’a d’appétit pour la vie, ni January, ni Eames, ni aucune des victimes, à part peut-être « la fille numéro quatre »(mais de quel appétit est-il question ?).
Et puis il y a « l’homme au sourire », celui qui hante les rêves de January, qui le torture, le prévient, celui qui vient peut-être de l’inconscient de sa mère, celui qui lui donne des pistes, alors pourquoi pas des pistes pour retrouver Cathy, la sœur disparue, massacrée? Violée ? Tuée ?… ou quoi encore.
« …l’Homme au sourire penche la tête vers l’endroit où devait se trouver sa bite et aperçoit le sang. Ses yeux semblent sortir de leurs orbites alors que son regard se pose de nouveau sur moi. Puis ils deviennent vitreux. Il donne l’impression qu’il va pleurer mais il n’en fait rien… »
Tous nos sens sont retournés à la lecture de ce roman exceptionnel, rien n’échappe à Will Carver, il a construit son récit au mot près, rien d’inutile, tout va à l’essentiel, pour un dénouement hors du commun, un dénouement qui ouvre grand la porte au suivant de ses ouvrages et laisse le lecteur sonné, KO debout, ravagé par un certain nombre d’images, les plus puissantes n’étant pas obligatoirement les scènes de crime, allez voir le chapitre où January rend visite à sa mère à l’hopital, en fin de vie, en assistance respiratoire qui va être arrêtée…je n’en dis pas plus, mais actuellement si je faisais un top 10, « 4 » est numéro 1.
Will CARVER, 31 ans, signe ici son premier thriller.
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