barronInterview de Jac BARRON

 

Évacuons ensemble cette question dont on doit vous rebattre les oreilles : qu’en est-il de votre actualité littéraire ? Parutions, éditions, etc.

L’éditeur, Transit, basé au Canada français possède encore les droits de la « Trilogie des Pulsions », mais plus pour longtemps. Ils n’ont pas « Impulsions », pour la simple raison qu’ils n’ont pas respecté les contrats. La Trilogie sera rééditée en France, avec tous les opus : « Cicatrices », « Plasma » et « Impulsions ». J’ai également signé chez Anne Carrière, éditeur français. Le roman « Addictions » devrait voir les rayons des libraires prochainement. J’ai également d’autres projets de romans en cours d’écriture…

 

Comment êtes-vous arrivé à écrire et, plus particulièrement, dans ce style de romans ?  

J’ai commencé à écrire quand je me suis senti prêt à le faire, vers trente-quatre ans. Le reste a consisté en une tonne de travail quotidien (rires) … Je ne cherche pas à écrire un genre particulier de roman. En fait, c’est mon imaginaire qui me guide et je ne pratique pas le lissage des personnages. Ainsi, un gentil peut devenir cruel et inversement. Un peu comme dans la vie, face aux épreuves, il me semble…

 

Qu’est-ce qu’un « thriller psychique » ?

C’est un terme qui m’est apparu, lors de la rédaction de « Plasma ». L’originalité de cette trilogie est que le lecteur découvre toute l’histoire à travers le prisme d’intimité multiple de chaque personnage. Cette particularité me paraissait importante à identifier.

 

Y a-t-il quelqu’un en particulier qui vous a donné envie d’écrire ? Un auteur, un ami, un professeur, un proche…?

Non. J’ai toujours voulu écrire, mais je ne me suis pas toujours senti prêt à le faire. Je pense aussi que j’avais besoin de faire des expériences dans ma vie personnelle pour être plus à l’aise dans l’écriture. Les épreuves favorisent un regard différent et empêchent de sombrer dans le récit facile.

 

Avant de vous atteler à la rédaction de « Les Cicatrices », aviez-vous déjà fourbi vos armes dans d’autres directions : nouvelles, articles ou autres ?

J’ai mis  quelques nouvelles sur le net, de la poésie aussi, mais rien de vraiment abouti selon moi. La « Trilogie des Pulsions » est mon vrai point de départ. Et j’avoue que l’amorce fut délicieuse.

 

Vous donnez l’impression d’être un auteur très documenté, vous faites beaucoup de recherches ? Mais ces recherches font-elles parties du temps d’écriture ou alors tout est-il plié en documentation avant de commencer la phase d’écriture proprement dite ?

La documentation s’effectue avant, pendant et après le récit ! En fait, je suis très curieux, et énormément de sujets m’intéressent. Je fais beaucoup de recherches : aux niveaux paranormal, médical, psychologique, psychiatrique… pour n’en citer que quelques-uns. La phase d’écriture s’adapte. Les choses s’imbriquent au bon moment. J’ai toujours préféré cela aux plans de travail sur les murs, autour du bureau. De plus, cette façon de travailler, qui n’est pas la plus simple, apporte son lot d’angoisses (« et la fin, tu y as pensé ? Comment tout cela va-t-il finir ? Etc.) Mais elle permet de faire ressortir des émotions pertinentes chez les personnages qui, du coup, ne sont pas préfabriqués avant la rédaction.

 

Vos romans sont extrêmement cruels, on n’y meurt jamais sans souffrance et surtout jamais sans un esthétisme de la cruauté ? C’est un choix de style ? Ou est-ce imposé par la trame « néo-futuriste » du récit ? Je parle, bien sûr, des deux seuls ouvrages que j’ai pu lire, c’est-à-dire « Les Cicatrices » et « Plasma ».

Extrêmement cruels ? Je ne suis pas d’accord ! Je n’écris pas pour faire du « cruel ». Il y a des actes et ils ont des conséquences. Compte tenu du projet Plasma et de ses retombées, je n’imaginais pas un seul instant que les épreuves glisseraient sur certains personnages et pas sur d’autres ! De plus, les sujets abordés sont parfois sensibles, tabou,  surtout dans « Impulsions ». « La Trilogie des Pulsions » n’annonce pas un Disney, ni un truc gore. Elle ose une introspection de la pulsion humaine, du meilleur au pire aspect… Pour le style, à un moment, l’histoire exige un certain recul que je prends volontiers, mais quand il faut revenir dans la terreur, je l’accepte volontiers aussi. Dans « Plasma », au beau milieu de la rédaction, je me suis rendu compte que l’histoire allait prendre une tournure fantastique. Ce virage ne me sera pas pardonné par certains lecteurs accros à « Cicatrices ». Mais il sera très apprécié par d’autres… Ce que je veux dire, c’est que, soit on écoute son histoire, soit on la raconte au mieux, mais on ne botte pas en touche, c’est la pire des choses à faire, je pense. Il faut prendre des risques ! La qualité finale en dépend, c’est ce que je crois, en tous cas.

 

Parmi les différents auteurs, scénaristes, metteurs en scène, de qui vous sentez-vous le plus proche ?

J’aime beaucoup les romanciers qui développent l’imagination. Dean Koontz, Stephen King, par exemple : ce sont de très bons écrivains, à mon avis. Depuis mon adolescence, ils font partie de ma vie. Je ne rate aucun de leurs livres, même si la qualité de production est inégale. Je ne me sens pas proche d’eux, mais leurs livres sont proches de moi.

 

S’il devait y avoir une adaptation cinématographique de « La Trilogie des Pulsions », quel serait votre casting idéal ?

Pour la réalisation, sans hésitation : Paul Verhoven. Pour les actrices et acteurs… je ne sais vraiment pas, à part Sara Mortensen dans le rôle d’Emily !

 

Je trouve qu’il y a un aspect politique dans vos ouvrages, le complot d’état, la manipulation de foule, l’expérimentation secrète. Qu’en est-il pour vous ?

Prenons un exemple. Vous faites vos courses. Vous achetez trois tranches de rôti de porc sous vide, de grosses crevettes en barquette, précuites, des légumes, quelques conserves (raviolis, haricots rouges…) Mais, cette fois-ci, lorsque vous êtes chez vous, vous regardez sur les étiquettes la composition de vos produits. C’est simple : vous verrez le mot « dextrose » revenir sur la plupart des emballages. C’est un sirop de blé cuit très prisé des industries agroalimentaires. Pourquoi ? Le dextrose de blé augmente la glycémie et ses chutes  provoquent la faim… la prise de poids, aussi. Donc ce simple composant invite à  la consommation… comme le sucre des sodas, etc. Sans le savoir, la plupart des gens participent à la manipulation agroalimentaire qui est également une politique de consommation. Le secret du dextrose est bien connu chez eux. Vous faites vos courses normalement, mais vous participez à toute une organisation… à laquelle vous dépendez finalement, sans le savoir. Ah, j’oubliais, les haricots rouges sont déshydratés en Chine et regorgés d’eau en France. Le mot sucre peut apparaître aussi sur l’étiquette…

 

 Et pour finir : citez-nous un film, un livre, une chanson, une peinture, une manifestation artistique et culturelle, un événement social ou politique.

J’adore la chanteuse, Sia. J’écoute très souvent ses albums. Sa voix me fait beaucoup de bien.

 

Encore merci à vous. Si vous pouviez choisir, en quoi seriez-vous réincarné ?

Une cheminée, des câlins. Le chat. Oui, voilà, un chat !