Au pénitencier de Grenn River, au Texas, 2800 détenus sont entassés dans une monstruosité architecturale de la fin du XIXe siècle, sous l’étroite surveillance de Hobbes, dont les théories réformistes cachent une folie mégalomaniaque et sanguinaire.
Dans ce vaste labyrinthe de verre et d’acier, la guerre des nerfs va précipiter-tueurs en série, violeurs récidivistes, psychopathes dangereux-dans un chaos d’une férocité inouïe.
Rien n’arrêtera le « chef », Hector Grauerlholz, qui compte dix-huit meurtres à son actif, pas même le Dr Klein, prisonnier lui-même, qui soigne à l’infirmerie les victimes de l’épidémie dévastatrice du sida, ni la psychiatre judiciaire, Juliette Devin, dont celui-ci est amoureux.
A l’issue de ce qui s’apparente à une véritable guerre tribale, la prison va tomber aux mains des insurgés, tandis que caché dans les égouts qui serpentent sous la prison, le malheureux géant Henry Abbott, handicapé mental, attend la parole de Dieu…
Sombre, violent, d’une fascination et d’un suspense presque insoutenables, « l’odeur de la haine » est une réussite extraordinaire.
« Étourdissant, peut-être le plus grand roman jamais écrit sur la prison, un voyage en enfer superbement maîtrisé » James ELLROY
C’est le premier roman que j’ai lu de Tim Willocks, et naturellement j’ai gardé en tête que c’était « son » premier roman, alors qu’il s’inscrit entre « Bad city Blues » et « les Rois Ecarlates ».
Ce ne pourrait être qu’une erreur anodine, mais elle s’inscrit dans la lecture de l’œuvre de cet auteur, « Les rois écarlates » est une suite à « Bad city blues » et d’emblée on imagine mal qu’il ait introduit entre les deux ce déchainement de brutalité qu’est « l’odeur de la haine ».
Entre ces deux polars urbains, il enferme le lecteur dans un monde carcéral régi par la folie, la folie d’un homme d’abord, apprenti sorcier ayant tous les pouvoirs, et la folie de tous les hommes enfermés dans ce monde où personne n’a plus rien à perdre. La lie de l’humanité est là.
Il y a quelque chose chez Willocks qui se retrouve dans tous ses romans, d’abord la trahison en opposition à une amitié qui se veut indéfectible (Les frères ennemis de « Bad city blues »),et surtout cette passion pour un décor architecturale surdimensionné propre à générer les plus vils instincts (la prison de « L’odeur de la haine » la forteresse de Malte de « La religion »).
Il est rare de trouver une telle brutalité dans les romans noirs, à part peut-être chez Caryl Ferey, qui est un auteur que j’associe volontiers à Willocks.
La violence n’est jamais stylisée, elle est brute, elle sent la sueur, le sang et le sperme (le personnage de Claudine), la domination (Agry), même le Dr Klein, pourtant humaniste dans son âme, va se poser la question de tuer ou être tué. Et quand on est pas un pro du meurtre, on s’interroge, pour pervertir toutes les situations d’affrontements afin de ne pas y laisser sa peau et sacrifier son âme.
Votre commentaire