chienIl existe un film. Pellicule intacte. Un seul exemplaire. L’original de la caméra. Pris à Berlin, en avril, en l’an 1945.

Dès lors que sa possible présence à New York est évoquée, ce film pornographique, dont le héros (selon la rumeur) serait le Führer lui- même, devient l’objet d’une quête effrénée.

Les chiens galeux (un antiquaire spécialisé, un sénateur aux collections très particulières, un « industriel « du porno, trois dangereux vétérans Vietnam) se mettent en chasse.

Tout cela commence par le meurtre d’un travesti.

Et nous entrons directement dans la thématique de Don Delillo, le mensonge, l’apparence, l’image qui surprend le réel.

Ce n’est pas un thriller au sens que l’on connait, mais bien plutôt l’utilisation d’un genre pour une revendication de la réalité.

Don Delillo, en maître du thriller politique et en observateur acéré de l’envers d’une certaine Amérique, raconte les manipulations scabreuses, les affaires véreuses et les malversations de toutes natures, dénonçant avec violence les réseaux et les pouvoirs cachés dans un monde où l’image a pris en otage le réel.

Quelle quête ?(pardonnez la vanne) que de trouver un document dans lequel Hitler se tape une nana. A part le BUZZZ, qui ça intéresse ?

Etre le premier à produire un document qui n’existe vraisemblablement pas, prêts à tuer pour la primeur de l’info, qui n’en est pas une et dont normalement tout le monde se fout, savoir qu’Hitler s’est envoyé en l’air dans une partouze ?

L’indigence de l’info, mais la suprématie de l’image. C’est tout l’argumentaire de Don Delillo, en sachant qu’il faut donner un brin de fantaisie à l’auteur, on peut parfois se trouver transporté dans un roman d’Emore Léonard, tant les personnages sont iconoclastes.