évangilePyongyang, Corée du Nord. Le dernier pays où le pire n’est pas imaginable.

Seth Ballahan, rédacteur en chef d’un quotidien américain, apprend que Michael Wong, l’un de ses collaborateurs, est piégé en Corée du Nord. Face à l’absence de réaction de sa hiérarchie, Ballahan voit rouge. Contre vents et marées, il décide de secourir le jeune Wong.

Dans Pyonghang, la capitale fantôme où les hommes ne sont que des ombres, il cherche de l’aide auprès de Suzan, ravissante correspondante d’une ONG canadienne.

C’est alors que la MAL ABSOLU surgit : un tueur monstrueux laisse dans son sillage une longue suite de cadavres atrocement mutilés.

Païk Dong Soo, brillant militaire nord-coréen, se lance sur ses traces. Ils se retrouveront tous, à l’issue d’un parcours halluciné, en un lieu oublié. Celui qu’annonce L’Evangile des Ténèbres…

 Je découvre Jean Luc Bizien avec cet ouvrage, à peine entendu parler auparavant (désolé…). Et c’est la claque, la grosse claque. Un auteur français qui se mesure au courant de style « hard boiled ».

Comparaison aisé avec le grand représentant de ce courant en littérature qu’est Stephen Hunter (chroniqué ici même pour « Sept contre Thèbes », par votre serviteur).

Bizien met en place tous les ingrédients du genre, le journaliste macho et « so american », raciste, inadapté à d’autres conditions de vie que celles qu’il connait, persuadé que ses origines de pionnier (un vrai cow boy) le sortiront de toutes situation. La belle correspondante d’ONG, qu’on imagine infiltrée. Le soldat, obéissant par atavisme, dont le cerveau n’a pas été totalement lavé par la propagande, transformé en enquêteur sur ordre de ses supérieurs, qui ont tout à craindre de ce tueur démoniaque et parfaitement entrainé. Enfin, Wong, lâché là par un organe de presse sans scrupule qui n’hésite pas à le sacrifier.

Au-delà de tous ces personnages, le vrai héros de ce roman c’est le décor, social principalement, naturel secondairement.

Bizien est extrêmement bien documenté, je suis resté sidéré sur les détails de la vie quotidienne en Corée du Nord, sur le système de propagande, sur la terreur mise en place et sur la personne de Kim Jong Il et son parcours d’homme et enfin de leader suprême.

La Corée du Nord, c’est la forteresse imprenable à l’intérieur de laquelle les pires exactions sont monnaie courante, comme la ferme prison dans le Mississippi de Stephen Hunter.

Un système social paranoïaque, qui fabrique ses propres monstres, malgré toute la sécurité mise en place. Les enfants mal formés, les trisomiques sont éloignés ou tués pour prouver que la race Nord-Coréenne est une race pur (ça vous rappelle quelque chose ?..), mais ce système ne peut contrôler un être parfait qui décide de donner un coup de pied dans cette fourmilière, et quand je dis un coup de pied, parlons plutôt d’un coup de couteau.

« La douleur irradiait entre ses reins, elle le paralysait tant qu’il n’eut pas la force de gémir. Le poignard fiché dans ses chairs tourna sur lui-même… Le chasseur récupéra son arme, qu’il essuya sur la chemise de la victime…tu seras bientôt mort, mais tu vas souffrir jusqu’au bout… Pour vivre il fallait remonter vers la capitale! »

 

Découvrez la chronique de Crotales, de Jean-Luc Bizien.