Un meurtre, quatre suspects, un seul coupable. Qui ?
1994, Carpentras, résidence pavillonnaire du Grand-Chêne. Un lotissement où tout le monde se connaît, calme et sans histoires. Jusqu’à ce jour de mars où la petite Laetitia Doussaint est retrouvée violée et assassinée dans les bois alentour. Crime crapuleux dont l’auteur ne sera jamais identifié.
Quatre hommes s’apprêtent à regarder à la télé l’émission « Affaires non résolues », dont le thème, ce soir-là, est le meurtre de Carpentras. Quatre hommes hantés par l’affaire depuis ce jour où ils ont retrouvé le corps de Laetitia. Tous étaient voisins à cette époque, tous habitaient la résidence du Grand Chêne. Durant l’heure que va durer l’émission, avec son lot de questions et de révélations, ceux-ci se souviennent. Leurs épouses également. Certains secrets reviennent à la surface, des suspicions anciennes, des non-dits. Au terme de l’heure que dure l’émission, le voile sera levé. L’un des quatre hommes est en effet bel et bien le coupable du viol et du meurtre de Laetitia. Mais qui ?
La construction de ce roman est étonnante, chaque chapitre s’intitule « Elle » « Elle, Lui » « Lui » toujours suivi de l’heure qui s’égrène, minutes par minutes, ce roman est en temps réel.
Car si aucune révélation n’a pu être faite avant la fin de la soirée, cette affaire sera définitivement close, laissant dans la nature un tueur impuni. Un tueur qui jusqu’au bout croira pouvoir s’en sortir. Ce tueur, « Lui » en l’occurrence va nous dévoiler au travers du récit c’est à dire du regard que chacun de nos quatre « Lui » et « Elle » pose sur le reportage et comment chacun reconstruit l’histoire, en parlant des autres, pour mieux se dédouaner d’une culpabilité de meurtre ou de compagnonnage avec le violeur.
Je disais donc, ce tueur « Lui » va nous dévoiler par petites touches toute la noirceur de son âme et son absence totale de culpabilité, n’étant préoccupée que par sa sauvegarde et son irrépressible besoin de « gagner » en face du système.
Jacques Expert a posé sa loupe au-dessus d’un lotissement, il a regardé les habitants s’agiter dans leur quotidien, dans l’aboutissement d’une vie sociale : une propriété privée, une maison, trois bouts d’herbe, des voisins parmi lesquels trouver plus fragile que soi dans l’illusion de la réussite. Et puis tout ce petit monde se met à bouger dans tous les sens, un crime horrible s’est produit, ce ne peux pas être l’un de chez eux et pourtant les suspicions vont bon train, les engueulades, on sort le fusil. Le flic qui mène l’enquête donne à boire et à manger à chacun, comptant plus sur l’implosion du groupe que sur des preuves matérielles.
C’est un polar construit en forme de documentaire qui se lit comme un polar à suspens. Génial.
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