couv-haut-le-choeur-copie-1Toutes les eaux sont couleur de noyade. Cioran 

Alix Flament, journaliste à Chambéry, travaille sans conviction sur un article relatant les mésaventures sexuelles d’un candidat à l’élection présidentielle. Six ans plus tôt, elle était une spécialiste reconnue des affaires criminelles. Jusqu’à ce qu’elle publie un livre d’entretiens avec la pire tueuse en série que le pays ait connu depuis le XIXe siècle, ouvrage dont elle ne se remettra pas et qui marquera la fin de sa carrière dans le domaine des faits divers.
L’évasion sanglante d’Eloane Frezet redonne vie aux cauchemars qui la hantent depuis ses dialogues hallucinés avec la meurtrière. Mais seule Alix la connait suffisamment pour tenter d’aider la police à la traquer. C’est sans compter que la meurtrière, loin de se terrer compte bien tenir sa promesse de terminer l’oeuvre mortelle qu’elle a du interrompre lorsqu’elle se trouvait derrière les barreaux. 

« Seriez vous capable de tuer par amour ? » 

Telle est l’accroche de la 4ème de couv’, une 4ème de couv’ que je n’aime pas et c’est la seule chose que je n’aime pas (pardon aux éditeurs)dans ce roman, car je trouve que ce « résumé », « résume » comme un polar de gare un roman qui est d’une toute autre teneur. D’abord parce que ce roman m’apparaît comme l’ouvrage de la maturité de l’auteure, par sa construction, son originalité et sa rigueur dans l’intrigue. La thématique n’était pas facile à aborder (je sais de quoi je parle) et pourtant tout cède devant ce romantisme noir au fur et à mesure de la lecture. 

Le meurtre est il une forme d’écriture ? Beaucoup de questions sont posées dans ce roman.

La folie est elle l’argument définitif du mal, ou existe-t-il une fureur au delà de la folie ordinaire qui viendrait tout justifier. Comme par exemple Jussy, le retour vers son enfance, ses errances, son amour caché pour un art qu’il ne connaissait pas et découvrait à travers des murs, par bribes, marchant éternellement sa solitude d’enfant. C’est un passage d’écriture remarquable, j’ai cru lire du Mallock ou du Coquet pour ne citer que nos contemporains, alléger un peu la chronique par ce clin d’œil, sinon j’aurai cité Maupassant.

Je pense à cette série Anglaise qui se nomme « La fureur dans le sang », série au combien adulé par votre serviteur, pour sa noirceur, sa lenteur, et sa présentation irréprochable des personnages. Mais je m’égare. 

Gaëlle nous emmène dans une histoire d’amour fou au delà du pensable. Je veux dire on n’est pas chez Oliver Stone avec « Tueurs nés ». On est avec cette sensation d’inachevé qui oblitère tout le récit et contamine le lecteur qui aurait voulu une suite. Une bien belle aventure. 

Alors comme d’habitude : lisez-le , on en reparle. 

Retrouvez la chronique de Au fil des morts et Soul of London de Gaëlle PERRIN-GUILLET.