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Si l’esclavage n’est pas injuste, alors rien ne l’est. Abraham Lincoln

Avril 2001. Dans la cave d’une ferme miteuse, au creux d’une vallée isolée couverte d’une forêt noire et dense, un homme est enchaîné. Il s’appelle Théo, il a quarante ans, il a été capturé par deux vieillards qui veulent faire de lui leur esclave. Comment Théo a-t-il basculé dans cet univers au bord de la démence ?

Il n’a pourtant rien d’une proie facile : athlétique et brutal, il sortait de prison quand ces deux vieux fous l’ont piégé au fond des bois. Les ennuis, il en a vu d’autres. Alors allongé contre les pierres suintantes de la cave, battu, privé d’eau et de nourriture, il refuse de croire à ce cauchemar. Il a résisté à la prison, il se jure d’échapper à ses geôliers. Mais qui pourrait sortir de ce huit-clos sauvage d’où toute humanité a disparu ? Bienvenue en Enfer.

D’abord il y a l’introduction qui va nous poursuivre tout au long de la lecture. C’est vrai ou pas ? Ça c’est vraiment passé ? Et pourquoi pas, au regard de ce que les hommes ont fait subir aux hommes à travers l’histoire de notre « humanité ».  Parce que d’humanité, il n’y en a pas dans ce récit. Il faut lire avec une grande attention les cinq pages relatant la rencontre entre Théo et son frère Max cloué dans un fauteuil, attaché, transformé en « larve », en « baveux » comme le décrit Théo avec haine. Ces quelques pages nous confrontent à toute la brutalité, la bestialité qui emplit cet homme trompé. A posteriori, il existe une étrange similitude entre la situation de Max et celle que Théo va devoir affronter. Après tout, il paie…

Lui qui peut insulter son frère sans que celui-ci puisse répondre, va être enfermé avec un compagnon qui représente tout ce qu’il va devoir endurer. Enfermé avec l’image de lui même. Mais pas celle qu’il connait, celle de ce qu’il va devenir, inexorablement, car sa brutalité, sa force n’est rien face à la folie de ces dégénérés consanguins, dans une contrée où il apparait que ce genre de pratique est monnaie courante.

Et puis il y a le style de Sandrine Collette, une écriture fluide dans laquelle tous les mots écrits sont indispensables au récit. Attardez vous à la lecture de l’hiver, quand tout le paysage devient d’une beauté sauvage somptueuse.

Et la fin de ce roman, quand enfin l’humanité affleure, mais qu’elle ne peut être saisie, il est trop tard… Du très grand art que ce premier roman, bouleversant, choquant et profondément triste. Bravo ! j’aimerais en lire plus souvent de cette qualité. Comme d’habitude, lisez le, on en reparle…