telechargement--3--copie-1C’est par peur de souffrir que nous nous évertuons à abolir la réalité. Nos efforts couronnés, cette abolition même se révèle source de souffrances. Cioran

Magnifique ! Un magnifique roman dont je vous épargnerai la 4e de couverture  ainsi que l’avis de F.O.Giesbert, les deux réunis visant à nous faire croire que nous allons lire une nouvelle aventure de « mémé justice ».

Point trouvé trace d’humour dans ce récit ou alors peut être sur un mode défensif devant cette tragédie.Car il est bien question de tragédie, d’un destin brisé du départ et qui ne fera que se constituer en psychose, à bas bruit, puis contrôlée à force de sacrifices et de don de soi.Mais cette folie est là dans cette obsession à vouloir protéger l’enfance devant les aléas de la vie et particulièrement devant la méchanceté des adultes, la perversité des parents.

Quand une petite fille n’a pas le droit d’évoquer sa mère disparue, est punie pour cela, en grandissant elle fera des expériences avec son cousin, des expériences de perte de connaissance, de frapper à la porte de la mort. Elle se mariera avec ce cousin et l’enverra loin d’elle après la naissance de leur fils, peut être pour protéger cet enfant d’un éventuel passage à l’acte, qui commence à construire la base de l’organisation de sa psychose.Une carrière d’institutrice dévouée corps et âme aux enfants dont elle s’occupe , au point de ne pas voir son fils grandir.

Puis il y aura un petit-fils qui décédera tragiquement à l’age de trois ans.Dix ans après survient l’enfant aux cailloux, cette ombre souffrante qu’elle va vouloir apprivoiser par tous les moyens.Cette ombre dans le jardin des voisins va de venir sa seule raison de vivre et va à nouveau faire flamber la folie de Elsa.

Nous suivons haletant cette obsession entre délire et « réalité », scandé par des bruits environnants. Quelque chose gratte au plafond , « toc » au mur. Il reste à Elsa a se débarrasser des bruits parasites.Puis à partir « au front » pour sauver ce qu’elle pense pouvoir sauver de l’enfant aux cailloux.Elsa fait des gateaux comme Rambo se prépare en très gros plan.Armée de son marteau et de ses patisseries, de sa « folle » conviction, elle part à la guerre, faire « sa » guerre, celle pour laquelle elle a vécu.

Encore une fois, c’est magnifique, une fluidité d’écriture, des mises en images sans fautes, un récit terriblement original qui nous parle d’une folie qui embrase une famille entière sur une période qui court sur 70 ans. Sophie Loubière va à l’essentiel , elle parsème son récit de notes, de courriers qui renforcent notre connaissance d’Elsa, ou alors nous en éloigne encore plus. Mais encore une fois, point d’humour en ce qui me concerne. La folie, ce n’est pas drôle, la folie c’est la souffrance à chaque minute, la folie peut prendre des aspects comiques pour ceux qui regardent, mais le sourire esquissé n’est rien d’autre qu’une manifestation de gène en face de ce déroutement de la réalité, l’auteure traite cet aspect avec beaucoup de pudeur. Donc vous l’aurez compris, lisez le et on en reparle…