This is not a love song, this is what you want. P I L
A l’instar de Mo Hayder, Maud Mayeras écrit un roman cruel sans aucunes concessions. Tout d’abord un roman de femmes, de mères et d’enfantement. Un roman très noir qui s’intéresse principalement à la genèse des personnages, leur naissance, l’objet de désir qu’ils ont pu être dans la psyché maternelle et paternelle, comment ce désir s’est transmis.
Vous comprendrez bien qu’à ce stade et à la vue de la noirceur du roman, il n’y a que des disfonctionnements dans cette transmission.
Disfonctionnements qui vont entrainer tous les personnages sur le chemin de la folie, cette folie qui vient prendre la place de l’être aimé aujourd’hui disparu, le vide, c’est aussi de cela qu’il est question dans une institution religieuse où l’une des personnages devient l’oubliée de Dieu (si tant est qu’il fasse une apparition dans ce roman) et des Hommes. Sauvée peut être par une caresse, un regard elle ne tardera plus à transformer ce qui aurait pu être un éclair de bonheur en enfer.
Ici les femmes ne peuvent être femmes et quand elles deviennent mère elles en sont empêchées de la plus horrible des manières. Il y a bien un personnage masculin Henry Witkin n’ayant pour seule identité que d’être le fils de sa mère. Henry qui en prenant de l’âge deviendra un colosse aux longs cheveux, vivant dans la rage et la destruction. Et opérera par la suite l’ultime transformation dans l’espoir vain d’apaiser ses pulsions.
Iris, elle n’est pas flic, elle est photographe de scènes de crime. Elle œuvre à cette tâche telle un zombie cherchant dans les cadavres des autres celui de son fils assassiné à l’âge de six ans. Entre temps, elle rend visite à sa mère démente, comme Le Flic sans nom chez Robin Cook rendait visite à son épouse, aliénée après avoir défenestré leur fille. Elle erre dans la maison maternelle, marchant sur ses souvenirs de jeunesse, la maison ne ferme même pas à clé, toutes les intrusions seraient possibles, une mise en danger permanente, une envie d’en finir ?
Elle retrouve la voisine, une dame de l’âge de sa mère, obèse, vivant dans la solitude, quelqu’un avec qui elle peut se rappeler des moments de tendresse, mais jusqu’à quel point ?
Et d’ailleurs qui est qui ? Dans ce roman, et qui veut nous faire croire quoi ?
Quand Maud Mayéras ouvre les gaz pour lancer une accélération définitive de son récit, on est lessivé, lapidé, notre humanité est en train de foutre le camp à travers ces pages.
J’ai été berné, mais j’ai bien voulu être berné, comme pour me protéger de l’indicible.
Maud MAYERAS est nominée pour le Prix du Jury Dora-Suarez-leblog 2016.
8 novembre 2016 at 9 h 58 min
Voilà un moment que j’avais envie de découvrir cette auteure ! Vous achevez de me convaincre ! Merci.
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