Savez-vous ce que disent les arbres lorsque la hache entre dans la forêt ? Regardez ! C’est l’un des nôtres. Sorj CHALANDON
Le péché c’est ce qui obscurcit l’âme, c’est ce qui s’oppose à la joie. André GIDE
A Montréal, Luke diffuse sur le web les images des animaux qu’il torture, puis celles de son amant qu’il assassine à coups de pic à glace. Pour enquêter sur une telle affaire, il faut un flic borderline comme Louise Beaulieu. En Alaska, dans la petite ville de Juneau, deux jeunes filles sont découvertes en état de choc. Pour comprendre, il faut un flic comme Carrie Callan, qui va exhumer les vieux secrets et regarder le passé en face. Le point commun à ces deux affaires : Daniel Singleton, un tueur en série. Du fond de sa cellule, il élabore le piège qui va pousser Louise à aller plus loin, toujours plus loin…jusqu’à la forêt de Tongass, là où le mensonge corrode tout, là où les pistes que suivent les deux enquêtrices vont se rejoindre.
Robert Christian HANSEN
Luka Rocco MAGNOTTA
La quatrième de couverture ressemble à ce qu’aurait pu être le cahier des charges que se serait fixé l’auteur. Il n’est pas chose facile que de mêler deux affaires authentiques pour en faire un récit, crédible, qui les réunirait. Là où Fabio MITCHELLI nous surprend, c’est qu’après avoir produit son docu-fiction “La compassion du diable” il soit allé chercher, sur le même thème, la difficulté.
A la lecture on sent que l’auteur ne s’est pas contenté de Wikipedia pour donner une vie authentique à son roman, que ce soit dans les décors, les tics de langage, les procédures et bien sûr la retranscription des événements. Mais la recherche n’a jamais suffi qu’à faire de quelqu’un un érudit, encore faut-il “habiller” le récit, lui donner corps, lui faire remplir sa fonction romanesque. Et là je salue tout le talent de l’auteur, c’est d’avoir créé ces deux personnages de fiction pure que sont les enquêtrices Beaulieu et Callan sans oublier ce personnage à part entière qu’est la forêt de Tongass.
La forêt de Tongass est au centre d’un jeu de piste organisé de main de maître par Daniel Singleton depuis sa cellule de haute sécurité. Lui seul connaît les emplacements où sont enterrés les corps tout comme lui seul peut révéler des choses sur Magnotta.
Cyprès de Nootka (arbre fétiche de Singleton)
Les révélations de Singleton se feront en échange de chaque cicatrice que porte en elle Louise Beaulieu. D’aucun diront que tout ça sent un peu “Le silence des agneaux”. Je préfère prendre les devants. Oui, la référence est visible, mais elle est assumée et transcendée. Ici il y a deux enquêtrices, toutes deux fragilisées par leurs expériences de vie, elles ne se connaissent pas et ne feront jamais amie-amie, elles sont amenées à travailler ensemble un point c’est tout.
Louise n’est pas fascinée par Singleton, c’est plutôt l’inverse. Singleton peut rêver d’elle, envisager des projets pour et avec elle. Singleton est fasciné par son “œuvre”, sa forêt, ses cyprès. Et si Singleton n’était pas Singleton ?
Retrouvez les chroniques de Fabio M. MITCHELLI :
La compassion du Diable
Dolly’s Bible (avec Stéphane MARCHAND)
Transferts
Le cercle du chaos
La verticale du mal
A la verticale des Enfers
La verticale du fou
Et son interview pour l’émission Cross the line !
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