Les vices sont comme les bestiaux qui s’engraissent jusqu’à ce qu’ils soient bons pour la tuerie. Ben Jonson
Même s’il arrive à certains humains de se conduire bestialement, les chiens continuent de demeurer des chiens. Noëlle Chatelet
Australie, Territoire du Nord.
Dans l’Outback, on ne vit plus depuis longtemps, on survit. Seize hommes et une femme, totalement isolés, passent leurs journées entre ennui, alcool et chasse. Routine mortifère sous l’autorité de Quinn, Ranger véreux. Tandis que sévit une canicule sans précédent, des morts suspectes ébranlent le village, réveillant les rancœurs et les frustrations. Sueur, folie et sang. Vous n’oublierez jamais Cotton’s Warwick.
Voilà un récit qui fait mal, très mal. Sans limites. Ce microcosme, résidu de l’humanité, communauté oubliée qui ne compte dans ses rangs qu’une femme, toutes les autres étant mortes (on ne saura pas pourquoi) peut être d’un premier fléau, d’une vengeance divine, à supposer que Dieu ait encore un regard tourné vers l’Enfer, ce microcosme disais-je, survit dans la crainte d’une “loi” brutale imposée par Quinn, le désir bestial d’un jour pouvoir enfreindre cette “loi” et posséder Karen, l’objet de toutes les concupiscences.
En attendant tous survivent entre tripotages incestueux, massacre de la faune, trafic d’opium et saouleries suicidaires. Le centre de ce monde est l’Abattoir dans lequel officie seul l’autre. L’Abattoir qui procure les peaux pour contenir l’opium, qui brûle les charniers d’animaux excédentaires à la consommation L’Abattoir où toute cette mince population va se retrouver isolée, encerclée sans vivres et sans eaux alors qu’une deuxième femme vient de faire irruption, une enquêtrice venue de la ville. L’Abattoir subit les assauts de la faune locale, oiseaux, serpents, kangourous, razorbacks venue en masse se venger de cette lie de l’humanité.
Rien ne nous sera épargné. Ni la folie humaine dans ce qu’elle a de pire quand il s’agit d’exprimer ses instincts primaires, ni la violence animale venue réclamer son dû. Baigné dans le sang, le sperme, le pus, les mouches, la bière, l’opium, les odeurs nauséabondes, l’Abattoir, devenu un personnage à part entière n’attends plus que son implosion.
C’est un poème noir, une ode à la souffrance, une vision d’apocalypse, c’est Dante et Hubert Selby Jr. KO debout, j’en ai gardé des bleus à l’âme, relisant les chapitres 28 à 36, chacun ne comportant pas plus de deux mots, les mots du calvaire et de l’agonie.
Kangourou géant
King brown snake
Kookaburras
Razorback
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