L’État est le plus froid des monstres froids, il ment froidement ; et voici le message qui s’échappe de sa bouche : “Moi l’État, je suis le peuple.” Friedrich NIETZSCHE
Suite à un tragique accident survenu sur le périphérique lyonnais, le commandant Farel découvre un important stock de drogue et d’armes planqué dans un cercueil. En remontant la piste de ce qui semble être un trafic régulier, Farel fait sortir du bois une figure du grand banditisme local, un mafieux russe, des hommes de main en provenance des Balkans, une société de sécurité privée et un mystérieux Lupus… Mais au fil de l’enquête, c’est au plus haut sommet de l’État qu’apparaissent quelques personnages inattendus. Officier d’état-major, flic à la retraite, énarque, directeur de cabinet-qui semblent, dans le plus grand secret, tirer les ficelles… Après avoir esquivé menaces, intimidations, attentats et autres coups bas, c’est dans un réel climat de guerre froide que Farel et son équipe vont devoir affronter cette étrange coalition.
Difficile de chroniquer “Violence d’État” sans dire quelques mots de “Farel” et de “Tortuga’s bank”. En effet les trois romans sont intimement liés par la personnalité du commandant Farel, le flic droit dans ses bottes obsédé par la justice. Ce flic est décrit comme ayant un charisme “d’enfer”, rien ni personne ne peut lui résister sans qu’il ait à user de violences ou à détourner les règles car s’il est obsédé par la justice il l’est aussi par le respect des lois et des procédures. Dans ce monde où André BLANC nous plonge, il est le chevalier blanc, le serviteur de l’honneur et de la loi.
Dans “Tortuga’s bank” Farel se fait tirer dessus, sa femme Maud est elle-même une victime et si Farel s’en sort, Maud, elle, restera amnésique. Si nous lisons ces trois romans dans leur continuité nous pouvons constater une progression dans la connaissance des principaux protagonistes. Nous sommes amenés à parfaire notre rencontre avec le groupe Farel, avec l’intimité de Farel, mais pas que, nous allons retrouver dans “Violence d’état” l’étrange Lupus rencontré dans “Tortuga’s bank”. Et c’est ainsi qu’André BLANC construit une magnifique histoire de notre temps, ou une horrible histoire de notre temps.
En tous les cas, ses romans ne sont pas à aborder comme on aborde un “polar”, à travers le romanesque fort bien maîtrisé c’est à un témoignage que nous sommes conviés, André BLANC se veut le témoin des turpitudes de notre temps, des déviances, des malversations. Mais attention il n’est pas un adepte du “tous pourri”, non, il tire une ficelle et constate comment l’écheveau laisse apparaître toutes ses ramifications.
Tout cela nous est conté dans un style d’une précision d’orfèvre, chaque mot à sa place et son sens et pas un autre, ne cherchez pas un synonyme car s’il devait être là, l’auteur l’aurait employé. L’évolution des thèmes abordés — du serial-killer au complot politique — m’interroge sur ce qui sera le quatrième volume de ce que l’auteur au départ appelait une trilogie. Le prochain opus, ou la suite, comme vous voulez est à paraître au tout début 2018 et avec un peu de chance à la toute fin 2017. Patience…
Ludovic FRANCIOLI
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