Quand je serai un fantôme je reviendrai vous hanter ! Je vous enlèverai votre couverture devant tout le monde ! Je vous planterai un bouquet d’orties dans le cul et vous vous gratterez pour l’éternité ! Mathias MALZIEU
En 1982, David Binder, jeune auteur que son éditeur a convaincu d’écrire un roman de genre, s’installe avec sa femme et leur petite fille dans l’ancienne maison d’une famille de planteurs, à Beale Station, Tennessee. La demeure n’a pas bonne réputation : un fantôme cruel et facétieux en a tourmenté les occupants au début du XIXe siècle, persécutant plus particulièrement la jeune Virginia.
Sur la propriété, la pierre tombale de Jacob Beale est éloquente “1785-1844. Torturé par un esprit.” Il semblerait que le fantôme ait été une dame, et qu’elle rôde encore dans les murs. Or David s’est laissé envoûter par le lieu… La vie quotidienne, et conjugale, des Binder va s’en ressentir, jusqu’au drame.
“Petite Soeur la mort, c’est comme si Faulkner avait écrit Shining…” – Kirkus Reviews.
La préface de l’ouvrage est signée Tom FRANKLIN, un auteur bien souvent comparé à Cormac McCARTHY, qui fut un ami proche de William GAY.
Cette préface de quinze pages est comme un court roman qui nous conte la vie de l’auteur à travers une multitude d’anecdotes et qui nous éclaire sur ce que nous allons trouver de l’écrivain dans le personnage de David Binder. En effet Binder et GAY ont plusieurs traits communs comme celui de s’absenter tout le jour, Binder fait des “repérages” et GAY travaillait, tous les deux s’enferment en fin de journée pour écrire, délaissant leur vie de famille, ce qui leur coûtera leur mariage. Ou encore de se forcer à faire quelque chose qu’ils n’aiment pas espérant en tirer matière à écrire et biens d’autres.
Il existe une légende de l’histoire américaine connue sous le nom de “La sorcière de Bell” évoquant cette hantise qui dura des années et conduit à la mort de Bell. Cette légende intéressait particulièrement William GAY et donna naissance à l’écriture de Petite sœur la mort.
Ce qui aurait pu n’être qu’un récit d’horreur devient sous la plume de l’auteur une réflexion sur la création littéraire, le phénomène de hantise n’est-il pas une des affres de la création ? Alors sommes nous en train de lire une histoire de fantôme dont le personnage principal est un écrivain, ou sommes-nous en train de lire le roman qu’écrit Binder ou encore sommes nous en train de lire le récit de William GAY écrivant Petite sœur la mort ?
La note de l’éditeur en début d’ouvrage nous précise que l’absence de tirets ou de guillemets pour introduire les dialogues est un choix de l’auteur, je vous laisse découvrir quel est le pourquoi de ce choix. C’est un roman majestueux, un peu à part dans la bibliographie de l’auteur, mais toute l’œuvre de William GAY est majestueuse.
Un film a été consacré à la légende la sorcière des Bell, il s’agit de American hunting réalisé par Courtney SOLOMON en 2005.
Ludovic FRANCIOLI
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