couv de que dieu me pardonne philippe hauret dora-suarezMon Père, je me remets entre Vos mains ; mon Père, je me confie à Vous… Mon Père faites de moi ce qu’Il vous plaira… Philippe Hauret

Ici, une banlieue tranquille, un quartier résidentiel et ses somptueuses maisons dans lesquelles le gratin de la ville coule des jours paisibles…

A quelques encablures, une petite cité, grise et crasseuse. Avec sa bande de jeunes désœuvrés qui végètent du matin au soir.

Deux univers qui se frôlent sans jamais se toucher.

D’un côté, il y a Kader, le roi de la glande et des petits trafics, Mélissa, la belle plante qui rêve d’une vie meilleure… De l’autre, Ryan, le bourgeois fortuné mais un peu détraqué… Et au milieu, Mattis, le flic ténébreux, toujours en quête de rédemption.

Une cohorte d’âmes égarées qui n’auraient jamais dû se croiser… Des destins qui s’emmêlent, des illusions perdues, des espoirs envolés…

Et puis cette petite mécanique qui se met en place comme une marche funèbre… Implacable !

C’est un train lancé à toute vitesse sur les rails, personne aux aiguillages, alors bien sûr tout se percute et ce qui apparemment débutait comme une banale histoire de banlieue avec ses petits trafics, ses jeunes branleurs un peu rêveurs et à la périphérie de tout ça , les nantis, les m’as-tu-vu tout aussi branleurs que les autres sans oublier le dernier cercle, les laissés pour compte, les bidonvilles et leur cortège de délinquance.

La machine s’emballe dans des concours de circonstances, des rencontres fortuites, des décisions qui auraient pu être anodines mais s’avèrent beaucoup plus graves, c’est la vie qui s’accélère au détriment de ses voyageurs.
Parce que les circonstances c’est la porte ouverte aux rêves surtout quand on a rien et qu’on rêve d’un peu ou parfois de beaucoup.

On avait rencontré Franck Mattis, le flic, dans le précédent ouvrage de Philippe HAURET Je vis, je meurs. Il était alors englué par ses démons intérieurs, ses addictions, on le retrouve ici plus serein en apparence mais toujours habité par une tristesse, habillé de grisaille. Enclin à tenter de réussir sa vie, personnelle et professionnelle, il va se mettre en danger et malgré lui appuyer sur la mise à feu de ce drame.

Kader et Mélissa s’inventent un avenir. Ryan est l’homme qu’il ne fallait pas croiser. Sous ses airs de bourgeois un peu insolent, cynique, sûr de lui, se cache le Diable. Un monstre de perversité, confit dans un attachement maladif au Père. Quel Père ? Celui que les catholiques prient ou son père biologique responsable de la mort de sa mère et de ses sœurs ?
Ryan est un rescapé, un miraculé, un enfant béni du ciel ? Ou un enfant devenu grand qui se pense rejeté par ce Père qui ne l’a même pas emmené dans la mort – mon Père, je m’en remets à Vous -. Animé d’un mysticisme compulsif il traque le pardon, la rédemption, exposant son corps, à défaut de son âme, aux pires souffrances.

Que Dieu me pardonne est un roman de désespoir et pour cela aussi un grand roman noir.

Ludovic FRANCIOLI

Découvrez également la chronique de Je suis un guépard.