Miroir, surface vitreuse sur laquelle est reflétée une image fugitive pour la grande désillusion de l’homme. Le Dictionnaire du Diable, Ambrose BIERCE
Fasciné par leurs tatouages, il les appâte avec son appareil photo, fige leurs désirs de starlettes sur du papier glacé, puis les tue et s’empare de ce qu’il convoite. Le lendemain, on retrouve le corps de ces jeunes femmes sur les berges du Saint-Laurent, le pubis orné d’éclats de miroir et un morceau de peau découpé. Pour piéger celui qu’à Montréal on appelle déjà “le tueur aux miroirs”, il faut des flics borderlines : Louise Beaulieu, qui se fiche des limites et des règles, et Carrie Callan, qui, sous son air bien sage, est un vrai pitbull.
Des photographies à clé, un secret de famille, des messages cryptés… Le passé rattrape Louise. Désorientée, elle ment et triche. Et Carrie soupçonne l’impensable : des liens entre l’enquêtrice québécoise et Singleton, le redoutable tueur en série qu’elles ont traqué ensemble un an auparavant.
Tout d’abord je me dois de préciser que tout ce qui va suivre ne reflète que mon sentiment, mon point de vue sur cet ouvrage et sa présentation.
Il me paraît injuste de réduire ce roman à un thriller classique, même s’il s’inscrit dans les codes du genre. De vouloir cloisonner les deux héroïnes -dont l’une n’a que peu d’impact dans le récit- à des stéréotypes qui font très rapidement penser à des séries TV peu recommandables. Carrie n’a absolument rien à voir avec un pitbull, animal agressif par nature. Elle ne recherche que la justice pour enfin trouver une paix qui lui est bien méritée. Dans ce roman Carrie est un personnage secondaire. Le tueur aux miroirs est lui aussi un personnage secondaire, il n’existe que pour faire avancer ce qui est l’essence du récit. J’y viens.
Ce roman raconte l’histoire d’un secret, nous donne des pistes pour comprendre Louise qui se situe toujours hors-cadre mais surtout dans une solitude dont elle ne peut donner aucune explication… pour l’instant. Nous avons déjà rencontré ce type de relations entre le Bien et le Mal, j’en veux pour preuve Le silence des agneaux : Hannibal et Clarisse, ou encore Sherlock et Moriarty, à la tv The Black List.
Pour résumer, c’est un récit sous forme de thriller qui nous plonge dans les questions d’origine familiale. J’ai été beaucoup plus captivé par les relations entre Louise et Singleton que par l’arrestation du tueur aux miroirs, et le suspens le plus intense fut d’espérer que la mère de Louise ne meurt pas avant de lui donner la clef du secret.
Saluons au passage le niveau d’écriture de Mitchelli qui sans faillir à une prose travaillée nous entraîne dans un rythme d’enfer. Ne nous trompons pas sur la marchandise, ce n’est pas qu’un thriller comme la quatrième de couv’ voudrait nous le faire croire, c’est bien un roman au sens noble du terme.
Ludovic FRANCIOLI
Autres apparitions de Fabio M. Mitchelli dans les chroniques de Dora-Suarez :
La verticale du fou
La verticale du Mal
A la verticale des Enfers
Transferts
Dolly’s Bible
Le cercle du chaos
La compassion du Diable
Une forêt obscure
Interview de Fabio M. Mitchelli pour le premier épisode de Cross the line
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