Dam, il est pas en soie ton berlingue, que je sache. Et pis, les bon mois, important qu’il est l’artiche que je ramasse. Jamais les frisés, par contre. Leurs pourliches, ils peuvent se les carrer où tu sais. Un patriote, je suis. Marek CORBEL
Polar, livre d’Histoire, livre-hommage, tout ça à la fois pour faire revivre le grand Auguste Le Breton, l’auteur aux 80 romans (plus un recueil de poésie), l’inventeur du mot “riffifi”, le pape de l’argot, adapté au cinéma par les plus grands réalisateurs de l’époque, Jules Dassin – Du riffifi chez les hommes -, Henri Verneuil – Le clan des siciliens – entre autres.
L’orphelin de son père clown (d’où le prénom Auguste) mort au début de la guerre de 14-18, placé en famille d’accueil puis dans une institution dont il fuguera de nombreuses fois pour atterrir dans un centre de redressement, un enfer raconté dans son roman « Les Hauts Murs ».
Les petits boulots, les petites combines et les grosses combines pour arriver au banditisme et enfin à l’écriture.
Marek Corbel met en scène un Auguste au sommet de son art de bandit dans les années 1944 et un Auguste vieillissant en 1976, accroché à sa gloire passée, fustigeant les nouveaux auteurs de polars, les Manchette et autre ADG “qui ne font plus de polars mais de la politique”. Les temps changent mais pas Margot, son épouse, sa fidèle depuis toujours.
A travers un scénario mettant en scène la mort suspecte d’un ex-général, patron du renseignement français, et l’enquête qui s’en suit, l’auteur nous dévoile peu à peu les tenants et les aboutissants de cette affaire par le biais d’une interview d’une correspondante de la presse locale qui va obliger Auguste à retourner dans sa mémoire ou plutôt celle de Monsieur Léon à l’aube de la Libération.
Le lecteur dénoue très rapidement l’intrigue car elle n’est que prétexte à un magnifique hommage et à une leçon de “petite” histoire dans la grande Histoire. Une lorgnette sur les “arrangements”pour garder des territoires de contrôle après le départ des allemands (flinguer les Corses), la redistribution des cartes politiques pendant et après le général De Gaulle, droite, gauche, communisme, extrême droite, bureaux de renseignements plus ou moins officiels, etc…
Un très très bon bouquin qui m’a enchanté, transporté dans cette atmosphère des polars de gare, des films en noir et blanc, du code d’honneur des truands, des gueules comme Gabin ou Ventura.
Le Clan des Siciliens de Henri Verneuil est le seul film où Le Breton n’est pas crédité au scénario mais seulement “d’après le livre de Auguste Le Breton”. Il paraît, mais cela reste à prouver, que les Américains souhaitaient en faire une adaptation chez eux et auraient proposé un investissement de production pour n’avoir à acheter que les droits scénaristiques et ne voulaient pas s’encombrer de la réputation équivoque d’un Auguste Le Breton.
Ludovic FRANCIOLI
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