Il n’y a pas de remède pour la peur, Proverbe écossais.
Ces Highlands d’Écosse sont une sorte de monde sauvage, remplis de rochers, de cavernes, de bois, de lacs, de montagnes si élevées que les ailes du diable seraient fatiguées s’il voulait voler jusqu’en haut. Sir Walter Scott
Dans L’île des hommes déchus, Guillaume Audru mettait en scène des hommes rudes, se débattant avec leurs démons dans l’île de Stroma, au nord de l’Écosse. Quatre ans ont passé depuis ces événements.
Que se passe-t-il quand deux petits vieux sont libérés de prison pour bonne conduite et cherchent à se venger ?
Que se passe-t-il quand deux frères que tout oppose décident de travailler ensemble dans un commerce illégal mais très lucratif ?
Que se passe-t-il quand une inspectrice de police, têtue et déçue par ces hommes, se lance sur leur piste ?
C’est avec un immense plaisir que nous retrouvons Moira Holm que nous avions rencontrée dans l’île des hommes déchus , Moira et son lourd passé qu’elle traîne comme son boulet pour la vie et qu’elle va devoir affronter à nouveau.
Nous retrouvons les protagonistes, vieillis mais déterminés comme jamais à mettre un point final à cette incroyable histoire d’inceste, de manipulations et de meurtres.
Ce sera un final apocalyptique comme si le sang devait laver les peines, les rancœurs, les souffrances.
Tuons les tous, le diable reconnaîtra les siens.
Mais est-ce bien à un final que nous convoque Guillaume Audru ? Car tout n’est pas réglé à la fin, il reste des malfaisants sur l’île de Stroma, le révérant, l’épicière, il reste des victimes à venir comme le nouveau maire et la rédemption de Moira Holm n’est pas achevée.
Je ne veux pas me substituer à l’auteur mais le travail de purge n’est pas achevé et tant que le Mal aura encore une place sur l’île il s’attaquera à quiconque le menacera.
Le récit se déroule sur seulement quelques jours, ce qui transmet encore plus au lecteur ce sentiment d’urgence qui anime les personnages tous prêts à en finir, en finir avec leur vengeance pour les uns, en finir avec leurs activités et les faux-semblants qui les rongent pour les autres.
Il n’y a pas un instant de répit, sans arrêt une menace plane, la sauvagerie se hume à travers les essences de la forêt, les odeurs du chenil, le goût du whisky, les senteurs de sexe et de sang.
Gemma Sheridan à la fin entamera la perte assurée de sa vie, en espérant se sauver, elle ne fait que porter le lourd tribut de ces années de violence.
Un roman “coup de poing” que l’on dévore d’une traite.
Avertissement : je ne pense pas que cet ouvrage puisse s’apprécier seul sans au préalable avoir lu L’île des hommes déchus.
Guillaume Audru est nominé pour le Prix Dora-Suarez 2018.
Ludovic FRANCIOLI
Chroniques du même auteur :
Les ombres innocentes
Volume 3 de la collection Dora-Suarez : Au fil de l’eau
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