De là est venu ce bel adage de morale, si rebattu par la tourbe philosophesque, que les hommes sont partout les mêmes. Jean-Jacques Rousseau
Ludovic Mermoz, jeune étudiant en école de journalisme de Strasbourg se retrouve parachuté bien malgré lui dans un village des Monts du Pilat, en plein Massif Central. Il y découvrira une bien étrange atmosphère. Une population repliée sur elle-même, prête à tout pour faire partie de l’équipe de basket locale ou du club des majorettes. Prête à tout, et peut-être même à tuer…
Voilà une immersion dans la ruralité avec tout ce qu’elle a de traditionnelle, de crainte et d’appétit devant la modernité. Que personne n’y voit aucun regard autre que bienveillant.
A travers cette intrigue, nous rencontrons des gens attachés à leurs terres, leurs habitudes, à leur méfiance à l’égard de l’étranger car rien ne semble pouvoir être bon venant d’ailleurs.
C’est avec une simplicité de bon aloi qu’ils regardent agressivement Ludovic, le soupçonnent d’être un envoyé de la commission de Bruxelles ou des services d’Hygiène.
Cela regarde la majorité des habitants du coin… Beaucoup moins regardants sur cet essor incompréhensible pour la région d’un club de basket ainsi que d’un club de pom-pom girls générant une arrivée d’argent sur les communes… cette fois peu commune.
« En raison du manque de matière organique, peu de plantes réussissent à y survivre. On y trouve des végétaux à faibles besoins comme la sphaigne ou des plantes carnivores, obligées de se nourrir d’insectes. Le Drosera, par exemple, peut absorber plus de deux mille insectes par saison. »
En quelques lignes voilà une carte d’illustration de la vie de ces villages, se résumant à “comment se nourrir”, soit en continuant comme on l’a toujours fait, soit en sautant dans une “modernité” avec les risques que cela comporte.
Ludovic Mermoz va être le témoin à travers son enquête maladroite sur la mort de sa tante, assisté en cela par Le Djerbien, SDF philosophe, amateur de rock , fumant des joints et terroriste de 4×4 à ses heures, le témoin donc de cette frontière entre l’avidité et le conservatisme.
L’humour, parfois le grotesque délicieux (la maison aspergée de sang de cochon, le complot du quatrième âge…) se côtoient pour affronter le grand banditisme, et là on ne rigole plus.
C’est un roman jouissif qu’a écrit Jean-Louis Nogaro, loin des sentiers rebattus du polar, polar social certes mais pas la même société que celle qui couvre les pages des sorties actuelles.
Franchement, ça fait du bien.
Ludovic FRANCIOLI
Retrouvez l’interview de Jean-Louis Nogaro pour l’émission Cross the line ici.
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