Tout se répète éternellement, le jour et la nuit, l’été et l’hiver, le monde est vide et dépourvu de sens. Tout tourne en rond. Ce qui est engendré doit retourner au néant, ce qui est né doit mourir. Tout s’annule, le bien et le mal, le sot et le sage, le beau et le laid. Tout est vide. Rien n’est réel. Rien n’est important. Michaël Ende
Après un appel de Sam Baldwin, son amie d’enfance, Jake Dickinson se voit contraint de retourner à Duncan’s Creek, le petit village de l’Utah où ils ont grandi.
C’est là que vit Ben McCombs, leur vieux copain qu’ils n’ont pas revu depuis plus de vingt ans. Les trois adolescents, alors unis par une amitié indéfectible, se sont séparés dans des circonstances dramatiques au début des années quatre-vingt-dix.
Depuis, ils ont enterré le passé et tenté de se reconstruire. Mais de Los Angeles aux montagnes de l’Utah, à travers les étendues brûlantes de l’Ouest américain, leurs retrouvailles risquent de faire basculer l’équilibre fragile de leurs vies.
Ce voyage fera ressurgir les haines et les unions sacrées, et les amènera à jeter une lumière nouvelle sur le terrible secret qui les lie. Ils n’auront alors plus d’autre choix que de déterrer les vieux cadavres, quitte à renouer avec la part d’ombre qui les habite… et à se confronter à leurs propres démons.
Hier et Aujourd’hui sont les titres des chapitres et aussi la preuve qu’on ne peut se détacher de son passé. Se détacher des morsures de l’enfance encore plus profondes à l’âge adulte car les espoirs convenus sur l’avenir et consignés dans une boîte en fer blanc dans un camping de l’Arizona n’ont maintenant plus de sens.
La vie est passée par là.
Le passage à l’âge adulte est déjà une souffrance pour toute jeunesse, mais quand cette jeunesse est liée par un secret cela devient une torture.
C’est de cela que traite ce roman, un roman de déchirement puisque l’oubli, qui paraissait une rédemption, n’est qu’un artifice, une bulle que l’on crève sur un appel téléphonique, un retour vers l’horreur qu’on pensait avoir quittée et que l’on retrouve avec cette délectation que seuls les ados savent éprouver dans la peur de l’avenir.
La partition était déjà bien écrite avec Seuls les vautours la musique nous évoquait ces foutues années 80 magnifiées par Stephen King, dans lesquelles évoluaient ces ados plutôt adeptes de bicyclettes et de grand air que d’écrans addictifs, ces années où l’imaginaire pouvait rejoindre une glauque réalité sans passer par un enfermement psychotique de sa pensée. La peur se partageait au détour des chemins, quitte à y rencontrer un épouvantail-croque-mitaine symbole de ce que l’on ne pouvait voir dans sa maison.
Et la peur s’est changée en addiction, l’addiction a mutée en désir de mort, et la mort a tout emporté.
C’est pas bleu azur, ce roman, c’est une nostalgie de l’irréparable.
Nicolas Zeimet recevra le Prix Dora-Suarez 2018 le 31 Mars à Lyon, dans la librairie Un Petit Noir.
Ludovic FRANCIOLI
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