A l’annulaire de la jeune morte. Voici le gage de mon amour. De nos fiançailles. Ni le temps ni l’absence. Ne nous ferons oublier nos promesses. Guillaume Appolinaire
Emma Loury aimait les causes perdues et dangereuses. Emma vient d’être découverte, sauvagement assassinée, dans son appartement du IVe arrondissement. Son amant, un officier français de retour d’Afghanistan, s’est enfui. Le coupable idéal.
Le commissaire Marsac se plonge dans cette enquête avec rage, de l’avis de tous, Emma était une personnalité solaire et une excellente journaliste indépendante, qui se battait pour les femmes et contre la traite des êtres humains. Marsac se demande si la vraie raison de sa mort ne serait pas là. Mais alors pourquoi son compagnon a-t-il fui ?
Jérôme a fui parce qu’Emma était toute sa vie, son dernier lien avec ce monde qu’il ne comprend plus. Il a fui parce qu’il est malade, plongé dans un syndrome post-traumatique, flirtant avec la folie. Il veut massacrer l’assassin comme Emma a été massacrée.
S’engage alors une double chasse à l’homme dans un Paris insoupçonné, en proie aux trafiquants. Jérôme combat le mal par le mal et Marsac par la loi. Qui retrouvera le meurtrier d’Emma?
Elsa Roch nous entraîne dans un marécage de violence, de turpitudes, un monde où la morale a depuis bien longtemps été bannie, ce monde c’est l’aspect le plus abjecte du grand banditisme, celui de la traite d’humains, particulièrement de jeunes filles, de jeunes femmes, à des fins d’une rentabilité à peine pensable.
Qui mieux que deux hommes abimés, usés, meurtris, au bord du désespoir, hantés par des démons qui les rongent, lentement pour Marsac, avidement pour Jérôme dont le point de rupture est imminent, pouvaient affronter les ténèbres.
Qu’on ne s’y trompe pas, malgré les apparences, ce roman n’est pas un polar rempli de gunfights ou autre “éclatage de gueule”, c’eut été trop facile car il n’est nul besoin de baigner dans des mares de sang pour réellement patauger dans la fange, la lie de l’humanité. Et pour ça, Elsa Roch fait preuve d’un talent hors normes dans son écriture, elle emprisonne le lecteur par la perfection de ses phrases, la construction de son récit, même les retours en arrière ne viennent pas polluer la narration mais au contraire nous immerger dans cette folie qui gagne Jérôme.
On ne sort pas indemne de la lecture de ce roman très noir, il nous hante encore après avoir refermé l’ouvrage, d’autant que la fin en forme de cliffhanger vient encore surdoser la tension qui ne nous a pas quitté. Une magnifique découverte que je recommande.
Ludovic FRANCIOLI
11 avril 2018 at 9 h 55 min
Très bonne chronique !
Qui rejoint complètement le ressenti exprimé dans la mienne.
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