La vie est belle et cruelle à la fois, elle nous ressemble parfois. Moi je suis né ici pour n’être qu’avec toi. Nicola Sirkis
Jo débarque à Biarritz un soir d’octobre. Elle vient s’y ressourcer à la suite d’un drame personnel. Fitzie, ex-surfeur australien, la prend sous son aile et la présente à un couple de restaurateurs adorables. Bientôt la Mort va s’immiscer dans ce quatuor, revêtue de sa robe la plus effrayante.
70 ans auparavant, durant l’ Occupation, une série d’exécutions particulièrement atroces. Elles portent la signature de Victor, un garçon boucher qui considère le meurtre comme un art, et qui se charge des basses œuvres au sein d’un réseau de résistance. Comment, à tant d’années de distance, les deux histoires peuvent-elles se recouper de façon si troublante ? De Paris au Vercors, de Lisbonne à la Côte basque, la terreur ne connaîtra aucune frontière.
Philippe Setbon nous gratifie d’un roman que l’on n’attendait pas, dans un registre “nouveau”, particulièrement après la lecture de son quatuor publié chez Caïman entre 2015 et 2017 empreint d’une certaine légèreté cruelle, de saillies d’humour, de personnages truculents – le Monsieur d’à côté -.
Si je meurs ne contient aucune de ces caractéristiques, pas de traces d’humour à quelque degré que ce soit, une cruauté proche de la barbarie, une cruauté inscrite dans les âmes de chacun, la vengeance, l’atavisme, le besoin de justice, tout est prétexte à une mise en scène macabre.
Mais ne nous y trompons pas, dans cette mise en scène où chacun des personnages tient une place indispensable -il n’y a d’ailleurs pas de personnages périphériques- dans cette grande tragédie macabre il n’y a aucune complaisance de la part de l’auteur, tout est important de la barbarie à la tristesse, de la cruauté à la recherche d’apaisement et si possible d’oubli, tout cela est tellement bien imbriqué, tellement construit -un scénario d’enfer- que je ne peux que placer ce livre au rang des meilleurs que j’ai lu de Philippe Setbon – et de bien d’autres -.
Je vous dois une explication sur le choix d’un extrait d’une chanson écrite par Nicola Sirkis pour l’exergue de cette chronique. J’écoutais l’album 13 d’Indochine en rédigeant le brouillon de ce texte et cette phrase a tinté à mes oreilles comme le symbole d’une ironie cruelle au regard de l’ouvrage sur lequel je souhaitais mettre quelques mots.
Ludovic Francioli
Voir aussi les chroniques des autres ouvrages de l’auteur :
Cécile et le monsieur d’à côté
T’es pas Dieu, petit bonhomme
Un avant-goût des anges
Les gens comme monsieur Faux
Votre commentaire