chronique Dora Suarez Romilda Bénédicte Rousset                           Proverbe Chinois   Vaucluse, Juin 1912. Rosa Barloti 7 ans, disparaît dans un mystère absolu. On retrouvera seulement sa robe, ensanglantée, au pied d’un arbre. Sa famille a juré vengeance, peu importe le temps que cela prendra. Une question d’honneur, au sein de ce clan Corse.  Vaucluse, Septembre 2018. Ange Barloti est lié par le sang à la petite Rosa. Il a juré de venger l’outrage fait aux siens il y a plus d’un siècle. Mis à part son domaine, c’est la finalité de sa vie : laver l’honneur de sa lignée et trouver le descendant du coupable.   J’ai eu le sentiment d’avoir lu deux romans en un. D’une part une intrigue policière non dénuée d’intérêt avec les personnages d’enquêteurs particulièrement attachants, possédant une réelle épaisseur, un crime vieux d’un siècle qu’ils se doivent d’éclaircir. Avec à la clé une vengeance ancestrale devant se terminer dans le sang. Et pourtant, à part la trace de sang sur les vestiges de la robe de Rosa, aucune effusion de sang dans ce roman qui replonge tous les protagonistes dans le passé. Ce passé intimement lié à la première guerre mondiale est la clé de voûte de cet ouvrage. Les enquêteurs remontent le temps et Romilda tente d’échapper à son chagrin, cause d’une trahison amoureuse en retournant dans la maison paternelle où elle découvrira une liasse lettres écrites par un soldat sur le front de cette même guerre.  Romilda va les lire une à une, ce sont des lettres d’amour écrites par le soldat Félix à sa fiancée à laquelle elle va s’identifier dans un élan de sensualité effréné, laissant libre court à ses fantasmes, s’éprenant de lui lecture après lecture, elle va lui répondre et nous nous trouvons face à un roman épistolaire d’une grande finesse et d’une grande beauté, car même si : (extrait) -j’aime quelqu’un -Qui est-ce ? -Il est mort. Elle va en quelque sorte lui redonner vie et tenter de se redonner vie à elle-même en se jetant à corps et à coeur perdu dans cette improbable histoire d’amour.  Ce roman m’a évoqué un long dimanche de fiançailles de Japrisot, sans doute par la similitude de l’époque, mais je crois surtout par l’analogie que j’ai fait entre les deux héroïnes, deux femmes éperdument amoureuses se refusant de croire à la disparition de l’être cher. Le style est remarquable aussi bien dans le récit de l’enquête que dans les “ échanges” épistolaires si délicieusement suranné. Benedicte Rousset passe de l’un à l’autre avec une grâce et une élégance rare. Camille Claudel elle-même n’aurait pas renié le style ni l’emphase amoureuse dont elle faisait preuve dans ses correspondances avec Rodin.  J’ai lu un très beau livre et je terminerai par un court plagiat.  Ma douce amie, comment te faire part du bonheur rencontré à la lecture de tes mots qui sont comme de délicieuses friandises et sonnent à l’intérieur de moi comme une douce musique mélancoliqueL’eau ne reste pas sur les montagnes, ni la vengeance dans un grand cœur. Proverbe chinois

Vaucluse, Juin 1912.
Rosa Barloti 7 ans, disparaît dans un mystère absolu. On retrouvera seulement sa robe, ensanglantée, au pied d’un arbre. Sa famille a juré vengeance, peu importe le temps que cela prendra.
Une question d’honneur, au sein de ce clan Corse.

Vaucluse, Septembre 2018.
Ange Barloti est lié par le sang à la petite Rosa.
Il a juré de venger l’outrage fait aux siens il y a plus d’un siècle. Mis à part son domaine, c’est la finalité de sa vie : laver l’honneur de sa lignée et trouver le descendant du coupable.

 

J’ai eu le sentiment d’avoir lu deux romans en un.

D’une part une intrigue policière non dénuée d’intérêt avec les personnages d’enquêteurs particulièrement attachants, possédant une réelle épaisseur, un crime vieux d’un siècle qu’ils se doivent d’éclaircir. Avec à la clé une vengeance ancestrale devant se terminer dans le sang.
Et pourtant, à part la trace de sang sur les vestiges de la robe de Rosa, aucune effusion de sang dans ce roman qui replonge tous les protagonistes dans le passé.

Ce passé intimement lié à la Première Guerre Mondiale est la clé de voûte de cet ouvrage.

Les enquêteurs remontent le temps et Romilda tente d’échapper à son chagrin, cause d’une trahison amoureuse en retournant dans la maison paternelle où elle découvrira une liasse lettres écrites par un soldat sur le front de cette même guerre.

Romilda va les lire une à une, ce sont des lettres d’amour écrites par le soldat Félix à sa fiancée à laquelle elle va s’identifier dans un élan de sensualité effréné, laissant libre court à ses fantasmes, s’éprenant de lui lecture après lecture, elle va lui répondre et nous nous trouvons face à un roman épistolaire d’une grande finesse et d’une grande beauté, car même si : (extrait)

-j’aime quelqu’un

-Qui est-ce ?

-Il est mort.

Elle va en quelque sorte lui redonner vie et tenter de se redonner vie à elle-même en se jetant à corps et à cœur perdu dans cette improbable histoire d’amour.

Ce roman m’a évoqué un long dimanche de fiançailles de Japrisot, sans doute par la similitude de l’époque, mais je crois surtout par l’analogie que j’ai fait entre les deux héroïnes, deux femmes éperdument amoureuses se refusant de croire à la disparition de l’être cher.

Le style est remarquable aussi bien dans le récit de l’enquête que dans les “ échanges” épistolaires si délicieusement suranné.
Bénédicte Rousset passe de l’un à l’autre avec une grâce et une élégance rare.
Camille Claudel elle-même n’aurait pas renié le style ni l’emphase amoureuse dont elle faisait preuve dans ses correspondances avec Rodin.

J’ai lu un très beau livre et je terminerai par un court plagiat :

Ma douce amie,

Comment te faire part du bonheur rencontré à la lecture de tes mots qui sont comme de délicieuses friandises et sonnent à l’intérieur de moi comme une douce musique mélancolique ?

 

Ludovic Francioli