On ne peut guère s’attacher à plusieurs choses à la fois, mais il faut être soi tout entier pour une ou deux de ces choses essentielles. Hors de cela on est broyé sans espoir et notre conscience se détourne de nous. René Char
Christo porte dans sa chair les stigmates d’une enfance extrêmement violente. Christo lutte pour contenir cette rage qui bouillonne en lui…
Jusqu’au jour où son regard croise celui de Salomé, une jeune femme qui va l’accompagner au-delà des cicatrices. Christo va faire ce qu’il pensait impossible jusqu’alors ! Lâcher prise. Au risque de ne plus rien maîtriser…
Mathias, enfant, fugue pour éviter les coups, espérant un monde meilleur. Mathias se réveille enfermé dans une cage. Abandonné, désespéré, la peur au ventre, seul ! Jusqu’à ce que son geôlier se dévoile, un homme qui lui annonce qu’il va le dresser.
Pour survivre, pour vivre, Mathias va faire ce qu’il pensait impossible jusqu’alors ! Au risque de se perdre à tout jamais…
Deux êtres. Deux vies. Peut-être pas si éloignées…
VOROVSKOÏ ZAKON (le code des voleurs dans la mafia russe)
Le code oblige un voleur à:
- Abandonner ses proches – mère, père, frères, sœurs …
- Ne pas avoir sa propre famille – pas de femme, pas d’enfants; cela ne l’empêche cependant pas d’avoir un amoureux.
- Jamais, en aucune circonstance ne fonctionne, peu importe la difficulté que cela représente, ne vis que sur les moyens mis à notre disposition par le vol.
- Aider les autres voleurs – à la fois par un soutien moral et matériel, en utilisant la commune des voleurs.
- Garder les informations secrètes sur les allées et venues des complices (c.-à-d. Des tanières, des quartiers, des cachettes, des appartements sécurisés, etc.).
- Dans des situations inévitables (si un voleur fait l’objet d’une enquête), blâmer pour le crime de quelqu’un d’autre; cela achète à l’autre personne un temps de liberté.
- Demander la convocation d’une enquête afin de résoudre les litiges en cas de conflit entre soi-même et d’autres voleurs, ou entre voleurs.
- Si nécessaire, participer à ces enquêtes.
- Procéder à la punition du voleur fautif comme décidé par la convocation.
- Ne pas résister à l’exécution de la décision de punir le voleur fautif qui est déclaré coupable, avec une peine déterminée par la convocation.
- Avoir une bonne maîtrise de l’argument des voleurs (« Fehnay »).
- Ne pas jouer sans être capable de couvrir les pertes.
- Enseigner le métier aux jeunes débutants.
- Avoir, si possible, des informateurs de la base des voleurs.
- Ne pas perdre sa capacité de raisonnement en consommant de l’alcool.
- Ne rien avoir à faire avec les autorités (en particulier avec l’UIT [Autorité du travail correctionnelle]), ne pas participer à des activités publiques, ni adhérer à des organisations communautaires.
- Ne pas prendre les armes des mains des autorités; pas servir dans l’armée.
- Tenir les promesses faites aux autres voleurs.
Avec Broyé, il est indéniable que Cédric Cham confirme son talent d’auteur de littérature noire.
Son rythme, son écriture, sa thématique en font un auteur reconnaissable entre tous.
Nul besoin de créer un personnage récurrent car la récurrence dans ses romans c’est la vie avec tout ce qu’elle porte de violence, de désespoir et de malheurs, mais aussi parfois d’une fulgurance aussi acérée qu’un éclair d’orage qui apporte en son sein une lumière, lumière d’espoir, d’apaisement, de résilience… peut-être.
A l’instar de l’auteur qui travaille en milieu pénitentiaire, j’ai passé quarante ans de ma vie à travailler en psychiatrie et je peux vous affirmer que des Christo existent réellement, des Mathias aussi, des enfances brisées parfois même depuis ou avant leurs naissances, des vies broyées par l’apprentissage de la communication avec autrui entièrement perverti par le mal, ou le malheur ou le sadisme simplement.
Donc, comme je le disais précédemment, on peut maintenant dire “J’ai lu un Cédric Cham”, tant il a prouvé en l’espace de quatre ouvrages qu’il n’a de comparaison qu’avec lui-même.
Broyé c’est le point d’orgue, pour moi, le plus abouti, celui qui fait mal, qui nous enferme dans son récit comme Mathias dans sa cage. Sauf que moi, je ne suis pas ressorti de la cage car je l’ai lu d’une traite et comme Mathias, isolé du monde, quoique j’ai choisi ma réclusion, moi.
Un excellent ouvrage, un excellent auteur, une très belle maison d’éditions et une belle carrière d’écrivain qui se dessine.
Ludovic Francioli
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