chronique dora suarez Telstar - Stéphane KELLER

Je me suis souvenue de cette phrase d’un héros algérien. Si tu parles, tu meurs, si tu ne parles pas, tu meurs. Alors parles et meurs. Amélie Nothomb

Alger, décembre 1956, la ville est plongée dans la violence depuis maintenant plusieurs mois. Aux attentats du FLN répondent les exactions des fanatiques de l’Algérie française.
Sous la pression des événements, le gouverneur général Robert Lacoste décide de faire appel aux parachutistes du général Massu pour rétablir l’ordre et pacifier la ville, par tous les moyens.
Au même moment des jeunes filles sont tuées dans le quartier européen.

Deux flics, qui se haïssent de tout leur être, sont chargés de l’enquête. Pour l’inspecteur principal Brochard, l’assassin ne peut être qu’un arabe, un type du FLN. Mais son adjoint est d’un avis différent.
Quand le capitaine Jourdan arrive de Suez avec la 10e Division Parachutiste, il sait que l’opération militaire de grande envergure qui va avoir lieu, sera étudiée attentivement par de nombreux observateurs étrangers. Croiser le colonel Hillyman, ancien patron des opérations spéciales à l’OSS et vieille connaissance d’ Indochine, n’est donc pas vraiment une surprise.

En revanche, être mêlé à une enquête de police civile aux relents plus qu’inquiétants, ça n’était pas du tout au programme…

Au même titre que La nuit des généraux, ce roman nous invite à réfléchir sur l’impunité.
L’impunité de personnages de “haut rang” et tout particulièrement au cœur d’une période chaotique.
Le général Allemand assassinait des prostituées au sein de Paris occupé, le tueur de Telstar tue sauvagement de très jeunes filles au milieu d’une ville qui s’apprête à vivre une soit-disant opération de pacification qui éclatera en répression sanglante…alors qu’est ce que quelques petites filles retrouvées mortes peuvent importer, alors que les bombes explosent et que la torture s’officialise.

Stéphane Keller l’affirme lui même, il n’est ni historien ni journaliste, mais en immergeant son récit dans des faits bien réels, il emmène son lecteur amateur de polars dans une page d’Histoire fort peu relatée dans ce genre de littérature.

Le plus souvent l’appellation “polar historique” fait référence au Moyen-âge, à la Renaissance ou encore la Révolution, c’est à dire à un passé lointain, mais là l’auteur nous parle “d’hier” et c’est quand même un polar historique.

On assiste à la rencontre de personnages très différents les uns des autres, bringuebalés, harcelés, qui achèveront de se connaître dans Rouge parallèle, roman paru avant, ce qui fait de Telstar un préquel.

 

Ludovic Francioli