HAÏKU
Un haïku (俳句, haiku) est un petit poème extrêmement bref visant à dire et célébrer l’évanescence des choses.
Un jeune flic fou d’opéra et de moto se retrouve associé à un vieux baroudeur qui pense avoir tout vu pour enquêter sur une série de crimes peu ordinaires orchestrés par un virtuose du sabre japonais. Comble de raffinement, l’assassin illustre ses meurtres d’haïkus.
Si l’aventure démarre dans le cadre ensoleillé de la côte d’azur, elle entraînera Raphaël de Genève à Kyoto après une étape à Vladivostock, dans le sillage d’un maître de l’aïkido qui ne lui est peut être pas si étranger.
MUNERA
Il subsiste encore des incertitudes quant à l’origine des jeux de gladiateurs (latin munus, pl. munera, qui est «offert»).
Les combats de gladiateurs / gladiatorum munera Munus, muneris, n : appartient à une famille de mots dont le sens général signifie « accomplissement d’un charge ou d’un devoir ». Comme certains magistrats, les édiles par exemple, se devaient d’offrir des jeux au peuple (pensons à notre « rémunérer »), et tout particulièrement des combats de gladiateurs, munus, par métonymie, a rapidement désigné ces combats.
Aux quatre coins du monde, des hommes qui n’ont plus rien à perdre risquent leur vie dans des combats singuliers.
Quelques semaines plus tard, un cadavre enfermé dans un sac en compagnie d’un coq, d’un singe, d’un chien et d’un serpent est repêché à Nice. C’est le point de départ d’une nouvelle enquête pour le capitaine Larcher et le commandant Lucchi.
La chasse à l’homme est lancée, de l’embouchure du Var aux confins du cercle polaire, en passant par les favellas de Rio. Mais Raphaël et Hugo ne tarderont pas à se demander qui du chasseur ou du gibier poursuit réellement l’autre ? Et qui en sortira vainqueur…
Ces deux romans illustrent parfaitement le style “hard boiled” héritier du grand Stephen Hunter et dignement représenté en France par Roy Braverman et Jean-Luc Bizien entre autres. Il faudra maintenant faire avec Eric Calatraba.
De l’un à l’autre roman, nous voyons les deux personnages évoluer, le commandant Lucchi accède à une place prépondérante dans Munera alors qu’il était plus au second plan dans Haïku, nous découvrons ses fêlures intimes et sa personnalité qui va bien au-delà de la “caricature” du flic corse.
Quant à Raphaël c’est d’emblée dans Haïku que nous pouvons le connaître avec ses obsessions, sa maîtrise, son talent et sa poésie. Grand maître en art martiaux, c’est dans la traque d’un tueur qui lui ressemble étrangement qu’il va revenir à ses origines et se confronter en duel avec la face noire de lui-même.
Si dans le premier la violence est stylisée, répondant aux codes de l’aïkido et du combat de sabre, dans le second nous sommes confronté à une violence plus sauvage puisque héritière des jeux du cirque de l’antiquité.
Tout cela nous donne deux romans que je trouve indissociables, car, au fur et à mesure de la lecture nous progressons… vers quoi ? Je ne sais pas, mais j’avais le sentiment d’être entraîné, de basculer dans une spirale intense. Il y a peu de moments de répits dans ces deux ouvrages, l’écriture est nerveuse, l’intrigue conséquente est rapide, inutile de préciser qu’il m’a fallu un peu moins de trois jours pour achever ma lecture des deux volumes à la suite.
Peut être une prémonition, mais j’avais décidé, allez savoir pourquoi, que je ne lirais Haïku que lorsque j’aurais Munera en main.
Pour conclure, ce sont deux polars indispensables, et vivement le troisième.
Cette chronique a été écrite au son d’un album live et acoustique (guitare et violon) de Peter Murphy.
Ludovic Francioli
21 janvier 2020 at 15 h 35 min
Super chronique! Bises et amitiés, Bénédicte
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