Bill, dangereuse innocence - Chris LOSEUS chronique dora suarez

Toutes les choses vraiment atroces démarrent dans l’innocence. Ernest Hemingway

En poussant la porte du 4671 Delafield Avenue, Bill Wendal ne sait pas encore ce qu’il va faire. Il n’a que cette rage en lui. Les souvenirs enfouis de son enfance dans les Hamptons, soudain ressurgis devant la une du journal télévisé. L’adrénaline le porte, et les événements s’entremêlent jusqu’à faire bien plus que remuer le passé ?

Le sujet a beau être connu : traumatismes de l’enfance qu’une étincelle vient raviver entraînant le passage à l’acte de vengeance, il y a l’art et la manière de le traiter et Chris Loseus possède les deux, et l’art et la manière.

L’art d’une écriture fluide et maîtrisée allant à l’essentiel.
L’art de construire des personnages -particulièrement Bill qui est un modèle du genre- campés sur leurs certitudes à tort ou à raison.

La manière de construire un récit haletant alternant le temps présent et les retours en arrière sur les souvenirs de Bill ainsi qu’une actualité brutale qui provoquera le chaos.

La lecture de cet ouvrage fut un régal pour moi, un plaisir de lecteur comme éprouvé précédemment  avec Le voyage de Madison qui m’avait bouleversé. A l’identique, mais dans un autre registre de sentiments, j’ai été bouleversé par Bill pauvre “petit gros” perdu dans les tréfonds de sa solitude, l’enfant qui aurait souhaité être un autre… La victime deviendra bourreau…

Je recommande très fortement ce livre à tous les lecteurs voulant faire l’expérience d’un autre mode de thriller, l’expérience du thriller intelligent.

Ludovic Francioli