chronique dora suarez Asylum - Emilie AUTUMN

Puis vient le jour des révélations de l’Apocalypse, où l’on comprend qu’on est maudit, et misérable, et aveugle, et nu et alors, fantôme funeste et dolent, il ne reste qu’à traverser les cauchemar de cette vie en claquant des dents. Jack Kerouac

Cent cinquante ans les séparent, mais elles vivent le même cauchemar… Violoniste à l’aube d’une belle carrière, Emilie souffre de troubles bipolaires. Après une tentative de suicide, elle est hospitalisée, puis internée dans un service psychiatrique. En dépit de ses protestations, la voici traitée comme une criminelle, gavée de médicaments, privée des libertés les plus élémentaires, coupée du monde.

Et de surcroît, en butte au harcèlement du sinistre docteur Sharp. Pour ne pas basculer dans la folie, elle entreprend de consigner le quotidien de sa détention. Et découvre dans son petit carnet noir le message de détresse d’une jeune femme séquestrée dans un asile de fous de l’Angleterre victorienne. Une Emily qui lui ressemble en tous points. Une porte sur un autre monde s’est ouverte, un monde étrange où fleurissent les idylles entre détenues, où les spectres bruissent sous le papier peint, où des rats de haute éducation s’expriment dans une langue des plus châtiée.

Réalité, ou divagations ?

Violoniste, chanteuse, comédienne et romancière née à Malibu, en 1979, Emilie Autumn a vécu un internement forcé à la suite d’une tentative de suicide. Une expérience glaçante qui lui a inspiré ASYLUM, oeuvre devenue culte.

Avant de lire cette chronique il est indispensable d’écouter la violoniste, créatrice inspirée par une douleur transcendée dans son art.
Voici l’opus le plus connu :

MISERY LOVES COMPANY

 Le nouveau roman gothique est là, dans ces 420 pages heureusement publié chez HUGO-Roman.

C’est sous une forme épistolaire que nous pénétrons dans ce monde de l”asylum” institution pour jeunes femmes qu’à une époque nous qualifions d’”hystériques” de “déviantes” sans qu’aucune instance médicale ne se préoccupe des origines de ces maux, se contentant de les cataloguer et de les brimer.
Cette incarcération peut laisser libre cours à Emilie de se reconstruire dans un monde fantastique qui lui permettra de trouver son alter-ego à travers un carnet datant de cent cinquante ans.
Et si elles ne faisaient qu’une à traverser cette souffrance comme si le monde n’était qu’un continuum dans cet espace clos, une répétition éternelle de la condition de ces jeunes filles désormais condamnées depuis la nuit des temps…

Mais c’est sans compter sur les rats et les spectres qui fleurissent avec leurs discours parfois ésotériques, c’est sans compter sur la détermination d’Emilie qui se refuse à prendre pour elle cette folie qui lui est assignée, préférant “SA” folie, plus libératrice et sans doute plus proche de sa réalité.

Un roman foisonnant à l’image de Emilie AUTUMN artiste profondément marquée par ses expériences personnelles. Une œuvre à part, créatrice, originale. Une invitation au voyage.
Une lecture indispensable.

https://www.emilieautumn.com/

Ludovic Francioli