Il n’y a pas de plus tard. Plus tard c’est maintenant. Toutes les choses de grâce et de beauté qui sont chères à notre coeur ont une origine commune dans la douleur. Prennent naissance dans le chagrin et les cendres. Cormac Mac Carthy
Corentin, personne n’en voulait. Ni son père envolé, ni les commères dont les rumeurs abreuvent le village, ni surtout sa mère, qui rêve de s’en débarrasser.
Traîné de foyer en foyer, son enfance est une errance. Jusqu’au jour où sa mère l’abandonne à Augustine, l’une des vieilles du hameau. Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l’aïeule, une vie recommence.
A la grande ville où le propulsent ses études, Corentin plonge sans retenue dans les lumières et la fête permanente.
Autour de lui, le monde brûle. La chaleur n’en finit pas d’assécher la terre. Les ruisseaux de son enfance ont tari depuis longtemps; les arbres perdent leurs feuilles au moi de juin. Quelque chose se prépare.
La nuit où tout implose, Corentin survit miraculeusement, caché au fond des catacombes. Revenu à la surface dans un univers dévasté, il est seul. Humains ou bêtes : il ne reste rien.
Guidé par l’espoir insensé de retrouver la vieille Augustine, Corentin prend le long chemin des Forêts. Une quête éperdue, arrachée à ses entrailles, avec pour obsession la renaissance d’un monde désert, et la certitude que rien ne s’arrête jamais complètement.
Il serait inutile de dire que ce roman est un chef-d’œuvre tant tous les romans de Sandrine Collette sont des chefs-d’œuvre.
Un récit d’une intensité remarquable qui parle autant à votre cœur qu’à votre tête, qui vous fait vivre des sensations jusqu’au plus profond de vous-même.
Un monde sans couleur, uniformément gris, à l’image du monde de Cormac Mac Carthy dans “La Route”, un monde où la violence et l’espoir se conjuguent au même temps et où le désespoir guette.
Un monde aussi habité par un amour infini pour les êtres vivants, il y a Mathilde et Augustine, il y a les enfants, les chiens dont le plus émérite est “l’aveugle”.
Les vivants arrivaient sur eux, une horde mugissante qui ne leur faisait plus peur, ils empoignèrent leurs armes
Et malgré le chagrin, et malgré la fatigue – ils allaient vers l’ouest et ils chantaient
Ludovic Francioli
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