chronique dora suarez Sois gentil, tue-le - Pascal ThirietPerdonnu mio Dio, perdonnu mio Dio. Pascal Thiriet

La mer, elle est partout. Et parfois, au milieu, il y a des îles. Pascal et Murène sont des insulaires mais pas de la même île. Lui, c’est une île de l’océan, et elle, une de Méditerranée. Ensemble, ils pêchent sur un chalutier. Le Mort, il s’appelle. Dessus, ballotés par les vagues et les tempêtes, ils vont bien ensemble. Mais à terre, avec leur passé à traîner, c’est pas facile tous les jours… La mer, on dit qu’elle est cruelle mais elle peut être généreuse aussi. La preuve, elle, elle rend toujours les corps. A terre, c’est parfois plus compliqué… Alors quand il reçoit la lettre de Murène, Pascal ne peut l’ignorer. C’est trop tard. Il faut qu’il y aille ! Il sort le fusil, il reste six chevrotines. C’est plus que suffisant…

Drôle de roman… J’ai lu quelque part qu’on pouvait parler de “roman à l’os”, comme le jambon à l’os et j’ai entrepris de manger un jambon avec l’os, comme j’ai entrepris de lire ce court roman, ce parallèle m’est apparu, plus on se rapproche de l’armature et plus le goût nous gagne.

Chaque personnage tente de trouver une place, sans jamais vraiment communiquer avec les mots, en tous les cas il y a une avarice de mots qui interroge sans cesse le lecteur : peut-être ne les ont-ils pas, où ne veulent-ils pas les dire.
Pascal et Murène sont des êtres engoncés dans leurs histoires, empêtrés, presque privés de mouvements, ils n’arrivent pas à penser, alors ils agissent, l’un va partir dans le trafic d’immigrants clandestins, l’autre va disparaître un certain temps pour comprendre ce que la vie lui avait confié, mais cette charge trop lourde elle devra la partager.

Magnifique ouvrage, ma première lecture de cet auteur et sûrement pas la dernière.

Ludovic Francioli