Il sortit dans la lumière grise et s’arrêta et il vit l’espace d’un bref instant l’absolue vérité du monde. L’implacable obscurité. Du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer. Cormac McCarthy
David… ? C’est moi, c’est Vincent ! Il faut que tu viennes ! Il faut que tu me rejoignes dans notre village d’enfance… il s’est passé quelque chose… c’est horrible, je n’ai jamais vu ça !… »
Une disparition anormale, un meurtre sans précédent, un village divisé entre croyances et superstitions, une atmosphère étouffante…
David et Vincent, deux gosses d’Assieu devenus flics, vont s’immerger dans cette enquête, et sans le savoir vont descendre aux portes de l’enfer…
Mais où va-t-il chercher tout ça ?
Xavier Massé n’est pas à court d’inspiration et il nous le prouve en l’espace de trois ouvrages bien distincts les uns des autres que ce soit dans le sujet, le traitement même dans la forme d’écriture, un peu comme si c’était le récit qui imposait le style et non pas comme souvent, le style qui modèle le récit.
Dans ses romans et particulièrement dans celui-là, la narration emporte tout sur son passage, c’est une déferlante, un tsunami…comptez vos morts quand l’océan se retire. Et des morts il y en a, il y a les morts d’avant, ceux de maintenant et ceux à venir, la mort est en chasse sous une forme que je ne peux révéler, d’ailleurs n’est-elle pas protéiforme pour n’être que plus insaisissable. Elle s’attaque à ce qui nous est le plus cher, nos enfants, nos bébés arrachés à leurs couffins, surpris dans leurs sommeils pour vivre leurs derniers instants dans une souffrance sans nom.
Et tout cela se passe dans un village cauchemardesque noyé dans la brume iséroise, les habitants tentent de survivre face à une modernité de moyens d’agriculture galopante, un raz de marée d’étrangers venus s’installer dans ce lotissement qui devrait être un éden campagnard pour les gens de la ville, mais ressemble plus à un cauchemar digne du”village” dans la série “Le Prisonnier”, les drones ayant remplacé les ballons blancs sur-dimensionnés.
La guerre bat son plein entre les partisans du progrès édicté par le maire et les réfractaires en train de voir la misère s’abattre sur leurs exploitations.
Mais si ce n’était que ça…si cette “modernité rurale” ne cachait pas une horreur sans nom qui allait s’abattre sur Assieu.
Vu comme cela on pourrait se croire dans un roman d’horreur, un roman d’épouvante, mais ne vous y trompez pas, vous lisez un polar, avec des flics qui enquêtent, un médecin légiste qui dévoile les tourments, un procureur, un préfet, des gendarmes, en bref, tout est là pour lire un roman policier…mais vous ne lisez pas qu’un roman policier vous lisez un roman de Xavier Massé, l’auteur qui a l’art de vous emmener dans un ailleurs insoupçonnable, il vous prend par la main, le coeur et les tripes et vous entraîne, consentant presque malgré vous car il faut bien finir ce voyage que vous avez entamé en ouvrant ce livre…êtes-vous sûrs d’aller au bout, êtes-vous sûrs que le voyage se termine à la page 309 ?
Ludovic Francioli
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