Traiter de la peine de mort, c’est d’abord plonger dans l’horreur. André KASPI

McCoy est « bourreau » au Texas. Après 42 ans passés dans le couloir de la mort, il reçoit la visite officieuse du Gouverneur Thompson qui doit se prononcer sur la grâce du condamné numéro 0451.

Il ne leur reste que quatre heures pour faire revivre les souvenirs de McCoy avant l’injection létale.

Quatre heures dans l’isolement de la prison de Walls.

Quatre heures pour cinq crimes qui déchaînent les passions.

Quatre heures pour jouer le sort d’un homme.

Quatre heures c’est approximativement le temps que vous mettrez à lire cet ouvrage, si vous vous accordez les moments de réflexion nécessaires, vous savez ces instants où votre regard s’échappe de la page, où le livre vient se loger, ouvert ou fermé, sur votre torse pas si loin que ça de votre cœur et vos pensées s’envolent sans savoir si c’est pour vous éloigner du récit ou pour vous donner le courage de poursuivre votre lecture.

Vous savez que plus vous avancerez au fil de ces quatre heures l’attente sera insupportable et pas seulement en raison du dénouement mais aussi parce qu’il vous faudra endurer le récit de Mc Coy, ses souvenirs personnels et professionnels, ainsi que la présence muette du détenu et condamné à mort numéro 0451.

Vous serez donc soumis à emprunter la place du Gouverneur Thompson, celui qui écoute et qui doit absolument se “faire une idée” du bien fondé ou non de cette condamnation et à travers elle de l’utilisation de la peine de mort.
Le prix à payer pour le lecteur est d’être obligé de participer, de partager les doutes et les colères, de s’indigner devant l’injustice et la barbarie, parfois aussi de se priver de toute compassion car certains n’ont-ils pas mérité ce qui doit leur arriver.

Et alors il vous faudra “juger”, tenter de retrouver votre âme et votre conscience, votre discernement pour connaître qui de Ed 0451 et de Ed Mc Coy est le bourreau de l’autre. Un superbe roman qui n’est pas prêt de vous lâcher, un véritable événement qui lui vaut d’être nominé pour le Prix Dora-Suarez 2021.

Ludovic Francioli