La mémoire de l'oubli dora suarezEn 2019, le New York Time diffuse plus de 400 documents officiels chinois. Ils attestent de l’existence des camps de concentration modernes où sont détenus une partie de la communauté des Ouïghours. Ce non-respect des droits de l’homme est perçu, par certains chercheurs, comme un génocide.

Chine contemporaine La découverte d’un corps momifié dans un champ bouleverse la vie de l’inspecteur principal Tian Haifeng. Cette « femme de la tourbière » le fascine, le trouble, l’émeut. Il n’aura de cesse de résoudre l’énigme de sa présence et de sa disparition suspecte. Cette quête le mènera jusqu’au lointain territoire Ouïghour. Il y sera confronté au côté sombre d’un pays où personne ne doit jamais perdre la face y compris les instances dirigeantes. « Si nous mentons à propos de l’histoire nous contrôlons le présent », se justifient les hauts dignitaires. La fin justifiant les moyens (établir la suprématie Han), ils n’hésitent pas à humilier, terroriser et même tuer les Ouïghours. La ténacité de Tian Haifeng lui permettra, au péril de sa carrière et de sa vie, de découvrir une vérité extraordinairement dérangeante.

« Pendant que le garçon frappait aux portes, Haifeng examinait le cadavre. Même si le visage était gonflé, il reconnut sans peine l’assistant de la fouille archéologique, Hu Chang. Il l’avait vu sous la pluie avec un appareil photo numérique autour du cou ; le seul à avoir photographié la Femme de la tourbière. La tête du cadavre avait le même front haut, le nez tordu et de fines lèvres pincées, avec les mêmes touffes irrégulières de cheveux mal coupés. Un œil était fermé et l’autre encore ouvert comme s’il partageait une dernière plaisanterie grotesque… »

Ce roman, au dénouement magnifique, est comme les précédents livres de Martin Long l’opportunité magique d’un voyage mouvementé en Chine mais ô combien attachant. Avec la rencontre de belles personnes sensibles, généreuses et courageuses qui n’acceptent pas que la vérité soit bafouée.

Un grand moment de lecture, une belle découverte d’un auteur visiblement très impliqué dans son sujet.

En écrivant, je cherche ce qui est caché, ce qui me déroute, et ce qui me fascine, et chacun de mes livres est un fruit de la passion.    Martin Long

Ce roman nous enseigne, si nous ne le savions déjà, que sous certains cieux le mensonge se doit d’être érigé en vérité, que même l’Histoire se doit d’être falsifiée pour correspondre à la Vérité de l’état, quelques soient les moyens employés pour y parvenir sans même se soucier véritablement de la vraisemblance des moyens employés, puisqu’en exergue il est dit que le peuple est aveugle et qu’un seul regard qui s’égare hors des lignes de conduite est un aveu de trahison.

Si nous nous mentons sur le passé, nous mentons sur nous-mêmes.     Martin LONG

C’est à travers un périple digne d’Indiana Jones que l’auteur nous emmène à travers la Chine pour rejoindre la Région autonome ouïgoure du Xinjiang à travers le désert du Taklamatan. Non seulement nous traversons des paysages accablés par une chaleur écrasante mais percés ça et là d’oasis verdoyantes, mais nous sommes les témoins privilégiés du fonctionnement de la société chinoise, de l’emprise de l’Etat sur la moindre parcelle de vie, de la culture du mensonge ou du non-dit, de la peur d’être “écarté”,banni, déporté ou tué.
Mais comme le dit cette maxime : di shui chuan shi – la persévérance est la clef du succès.

Un roman très remarqué par Dora-Suarez qui lui vaut d’être sélectionné pour le Prix DORA-SUAREZ 2021.

Vous trouverez à la suite quelques adresses de documentation sur l’histoire des Ouïgours.

https://www.herodote.net/Des_Chinois_pas_comme_les_autres-synthese-2470-370.php

https://theconversation.com/terreur-chinoise-contre-les-ou-gours-quand-lhistoire-se-repete-140456

https://www.lexilogos.com/xinjiang.htm