Celles qui se taisent... par Rousset

Par une nuit de décembre, une macabre disparition est signalée à la maternité de l’hôpital. La direction demande à son personnel de ne rien dire : il en va de la réputation de l’établissement.
Les années passent, le secret est enterré.
Pourtant, dix-huit ans plus tard,
le destin s’en mêle quand, après une terrible découverte, Caroline fouille dans le passé… c’est incompréhensible…
ça ne « peut » pas être.

Caroline et Augusta, deux femmes que tout oppose. En apparence…
Que s’est-il passé qui disloque leur vie et ternisse leur bonheur ?
Jusqu’où peut-on aller dans le renoncement, par amour pour une mère, par amour pour un fils ?

Il est des rencontres qui bouleversent nos silences.
Peut-être courons-nous après l’amour sans en donner assez ?

Connaissez-vous Didier DECOIN ?
Sans doute, l’auteur de John l’Enfer Goncourt 1977. Mais le connaissez-vous comme l’auteur de La Femme de chambre du Titanic ou encore de La Promeneuse d’Oiseaux ?

Je vous parle de Didier DECOIN car j’ai trouvé une grande similitude d’écriture, de ton, de souplesse du langage avec Bénédicte ROUSSET.
Celles qui se taisent est un roman intemporel, pour tout dire, lors de ma lecture je me suis inventé un monde « début du siècle XX », j’ai plongé dans cette atmosphère et ne m’en suis pas séparé tout du long des 346 pages que compte ce roman.

Essayez d’entrer en guerre avec une femme qui a perdu un enfant, vous verrez : ce qui vous sépare est plus mince que ce qui vous rassemble.

A elle seule cette phrase pourrait à la fois résumer le livre et aussi bien illustrer le ton du récit qui est aussi cruel que doux.
On se laisse promener par Bénédicte ROUSSET avec ravissement grâce à sa délicatesse dans cette histoire de mensonges, de non-dits et d’amour impossible ni celui d’un fils pour sa mère ni celui d’une femme pour un homme.
Le silence fait parfois des ravages, mais après tout on peut s’interroger : toutes les vérités sont-elles bonnes à dire et un secret doit-il rester secret ?

Quid de Jean et d’Isaac, ces deux enfants nés le même jour, dans la même maternité de deux mères que tout oppose. Caroline abandonnée par son mari, réduite à faire des ménages et un peu dame de compagnie pour Augusta, femme aisée dont le luxe consiste à une oisiveté et un ennui chronique qui frôle la dépression.
La première est une femme dépassée par la vie, vouée aux gémonies du voisinage, la seconde, une femme autoritaire et une mère qui n’épargne rien à sa progéniture pour satisfaire ses propres désirs et nous le comprendrons plus tard, son besoin de rédemption.
Jean se devra de rentrer dans les ordres et Isaac mourra. Mais il est des secrets même les mieux enfouis qui peuvent resurgir.

C’est un roman très fort, parfaitement maitrisé sur la rencontre de l’amour, de la misère, du mystère et du mensonge.