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Dora-Suarez : L'actu littérature noire

Découvrez le meilleur de la littérature noire et des auteurs exceptionnels

Auteur

Ludovic Francioli

LE DIABLE SUR MON EPAULE – Gabino IGLESIAS

Au Texas, la frontière est un point de non-retour.
Austin, Texas. Lorsqu’on diagnostique une maladie grave à sa fille, le monde de Mario s’écroule. Il se met à négliger son travail, se fait virer sans ménagement, les factures d’hospitalisation s’accumulent et sa femme cède lentement au désespoir. Décidé à relever la tête, Mario contacte Brian, un ancien collègue devenu dealer de meth. Celui-ci lui propose un marché d’une effroyable simplicité : la vie d’un homme, contre 6 000 dollars. Sans une once d’hésitation, Mario accepte. Et découvre que la violence est un excellent remède à la colère qui l’habite. Mais La Huesuda, la déesse de la mort, plane sur son existence. Et la tragédie le frappe à nouveau. Lorsqu’il accepte une ultime mission pour un cartel de Juárez, la spirale de violence qui se déchaine alors achève de le convaincre qu’il n’aurait jamais dû ouvrir la porte au diable.

Vous ne connaissiez sans doute pas El Milagrito.

De précieux objets ou amulettes à très fortes connotations religieuses sensés apportés la protection lorsqu’on se lance dans une entreprise risquée, tous ces objets sont confectionnés par la main de l’homme
Et nous découvrons un autre El Milagrito, un enfant qui aurait du mourir à la naissance tant il était affligé de toutes les tares. L’enfant grandi dans un lit cage en état végétatif sous la surveillance de sa grand mère une sorcière très puissante et d’un garde du corps qui veille sur l’investissement de la vieille. En état végétatif, El Milagrito se fait découper le corps par petits bouts au gré de la demande de mafieux qui cherchent une protection divine, un Miracle.

Gabino IGLESIAS a inventé un style de polars ultra-violent à l’image de la vie à la frontière qui mêle une réalité sociale fondée sur l’injustice, mais aussi la corruption, le racisme, la drogue; à cette réalité on se doit de ne pas oublier les croyances ancestrales, l’hyper religiosité de la communauté hispanique et la magie noire qui en découle. Ce genre s’appelle désormais le « bario noir »

Extrêmement touchant le calvaire de Mario et Mélissa qui voient leur fille atteinte d’une leucémie dépérir sous leurs yeux alors que le sort s’acharne sur eux et que l’espérance de pouvoir financer un traitement s’amenuise de jour en jour Mario va ouvrir devant lui les portes de l’Enfer en acceptant un job de tueur à gage. La spirale l’entraine à travers le monde des cartels de la drogue, de la villa luxueuse où on sacrifie un homme, des tunnels sous le mur-frontière qui abritent des ombres menaçantes. Un monde de trahisons et de gunfights permanents.
Ce livre est une expérience qu’il ne faut pas bouder.

COMPLETEMENT FRAPPES – Jean-Luc MENET

Le jour de son anniversaire, Gôt’ché Maurel, vieil ours solitaire, pense passer une soirée tranquille seul chez lui, lorsqu’on frappe à sa porte. L’homme qui débarque chez lui est l’ancien propriétaire de sa maison et il est venu récupérer un trésor abandonné là de longues années auparavant. Cinq autres personnes vont se présenter chez Gôt’ché ce soir-là. Une équipe improbable se forme et ce sera le début d’une quête en forme de road trip déjanté, au cours de laquelle des liens vont se nouer, se dénouer et se renouer.

Jean-Paul, l’évadé et sa complice Cyrielle, les voisins de Gôt’ché, Odette et Armand, ainsi que sa fille Géraldine vont parcourir la France ensemble. Ce drôle d’équipage va régler des comptes, résoudre des affaires personnelles et avancer tant bien que mal vers un trésor qui n’est peut-être pas celui que l’on croit…

Un beau voyage initiatique dont ils ne reviendront pas indemnes.

Et moi complètement secoué par ce polar qui n’en est pas vraiment un, ce road movie à petite échelle, ces personnages totalement déjantés, ce trop plein d’humanité.

Montons dans l’ambulance préalablement volée dans un hôpital psychiatrique et la course aux trésors commence cat il y a bien deux trésors, plongeons alors dans les situations les plus frappadingues ponctuées par les multiples orgasmes de Cyrielle et les contrepèteries foireuses de Gôt’ché.

Un bonheur de lecture, une aventure qui va à cent à l’heure malgré l’utilisation de véhicules qui ont beaucoup vécu. Des personnages hauts en couleurs que le style de l’auteur nous laisse tout loisir d’imaginer, c’est pourquoi je me suis fait mon casting cinématographique :

Gérard DEPARDIEU – Jean Paul
Sylvie TESTUD – Cyrielle
Catherine FROT – Odette
Dominique PINON – Armand
Didier BOURDON – Gôt’ché
Dominique LAVANANT – Patricia
Camille COTTIN – Géraldine
Vincent LACOSTE – Lucien

Ce livre est une potion magique dans laquelle personne n’est tombé étant petit mais dont les protagonistes vont s’imprégner tout au long des 468 pages nous en livrant les effets au fur et à mesure de la progression de l’histoire.
Un milieu rural, deux meurtres, deux trésors, une pincée de grand banditisme, une fuite en avant, une enquête de police complètement ratée, un vieux radin, un voisin paranoïaque, une voisine au bord de la dépression, deux fugitifs d’un asile psychiatrique, une montagne de graisse accompagnée d’une superbe nymphomaniaque, des retrouvailles inespérées et j’en passe…parsemez d’une bonne dose d’humour, agitez…c’est prêt.
Dégustez sans modération.

LA VALSE DES McKINLEYS – Richard CANAL

Ulysses, une petite ville sidérurgique du centre des États-Unis frappée de plein fouet par la récession, de ces steeltowns que chante Bruce Springsteen. Il est trois heures du matin. Ça fait plus d’une semaine que la pluie s’acharne sur la région. La rivière est en crue, les rues sont sous les eaux. Une voiture approche au ralenti des abords de la ville, s’écarte de la route et verse dans un fossé. Au volant, un homme inconscient, gravement blessé. Dans le coffre, une pelle tâchée de sang.

Un véritable casse-tête pour Wallace Ackerman, l’officier de police chargé de l’enquête

Le Polar/Western à la sauce Walter HILL.
Tous les ingrédients sont là, une ville presque fantôme, une femme fatale trop belle et trop ambitieuse pour ce trou paumé, un shérif et sont adjoint complètement pourris aux ordres d’un maire qui l’est encore plus, un beau gosse délinquant trafiquant de voitures de luxe, des tueurs mafieux venus récupérer un certain butin auprès d’un avocat corrompu grièvement blessé dans un accident de la route.
Tout ce petit monde s’affaire durant deux nuits à changer de destin pour s’achever dans un gunfight final apocalyptique.

L’écriture est fluide, élégante descriptive et aussi très suggestive.
Plus de 400 pages d’un plaisir de lecture comparable à la trilogie de Roy BRAVERMAN : Hunter, Crow et Freeman.

FAIM DE PARCOURS – Alain BRON

Pierre, 92 ans, vit en EHPAD. Toujours alerte, respectable et respecté, il poursuit un but secret : venger sa mère morte de faim à l’hôpital psychiatrique de Clermont-de-l’Oise sous l’occupation allemande.
Dans le même temps, l’équipe du commissaire Berthier se voit confier une enquête sur un meurtre étrange. Aucune trace, une arme datant de la Deuxième Guerre mondiale…
Existerait-il un lien entre ces deux drames ?
Une fois encore, Alain Bron parvient à nous entraîner dans un roman policier bouleversant où se côtoient la tragédie et l’humour. Pour notre plus grand plaisir

Un roman tout en rondeur dans lequel les personnages nous entrainent sans que nous soyons à même de résister tant l’atmosphère parfois si douce et parfois si cruelle nous enveloppe à travers un style qui n’a rien de trépidant et qui s’attarde volontiers sur des moments de grâce.
 » Denise resta longtemps sur le fauteuil club…..Pierre soupçonnait qu’une partie de l
ui-même s‘était nichée sur l’épaule de Denise et que rien ne pouvait arriver à la vieille dame…..« 

Une composition à moultes facettes tout comme le sont les différents protagonistes.
Pierre, nonagénaire régnant sans partage sur l’étage « des valides » de l’ EHPAD avec dévouement, dérision aussi et cet acharnement à maintenir en vie ses congénères.
Berthier, commissaire de son état fin limier du 36 en proie au chagrin sentimental qui voit sa vie s’enfuir avec l’âge.

Ces deux là évoluent au centre de leurs satellites gravitationnels dans leur univers propre sans jamais partagé la souffrance qui les ronge.

En toile de fond, l’horreur historique et les meurtres sauvages qui se déroulent au plus près d’eux.

Des milliers de personnes internées en établissements psychiatriques ont péri de la faim et d’absence de soins pendant l’occupation allemande, affamés sciemment sous le prétexte de l’effort de guerre. Ces établissements fournissaient leurs propres denrées équipés qu’ils étaient de structures agricoles où travaillaient gratuitement les « fous ».
J’ai moi-même travaillé de puis la fin des années 70 dans deux grandes structures de Lyon où le passé était encore bien présent.

Le Vinatier et St Jean de DIEU gardaient en leur sein les vestiges de cette époque. La Ferme de Vinatier est devenu un musée de la psychiatrie et un témoignage artistique qui a su mettre en valeur ce que l’on appellera « l’ART BRUT » notamment avec Sylvain FUSCO.

Ce sujet est particulièrement difficile à traiter car il fait s’entremêler la politique de Vichy, la collaboration avec l’occupant ennemi, le désintérêt global de la population pour la souffrance psychique, le marché noir et le mensonge ainsi que le silence. A cette époque on mourrait derrière de hauts murs et pas seulement à LYON.

Un grand merci à Alain BRON.

Sylvain FUSCO fut la première des 15000 victimes de la faim dans les hopitaux psychiatriques français.

DOUBLE EXPOSITION – Paul F. HUSSON

Le commissaire Tourette s’ennuie à la retraite.
 Sur une brocante, il tombe sur un lot de vieux clichés de scènes de crimes. Faisant des recherches par curiosité, il découvre que les photos ne correspondent à aucune affaire classifiée. Ignorant s’il s’agit de meurtres factices ou s’il est réellement sur les traces de crimes impunis, il mène une enquête solitaire, personnelle, obsessionnelle.

133 pages alors vous imaginez bien que si l’auteur a vraiment quelque chose a raconter on a toutes les chances de ne pas s’égarer en circonvolutions parfois inutiles, mais aussi de finir en apnée…et c’est le cas.
Sur un rythme d’enfer ponctué par les envolées verbales plus grossières et imaginatives les unes que les autres du commissaire Tourette ainsi que par les apparitions d’un héron blanc qu’il considère comme la réincarnation de son père.
Vu sous cet angle on peut penser que l’auteur a un peu « charger la mule » de son personnage, et bien non il n’en est rien. Le commissaire à la retraite prend à travers ces caractéristiques une épaisseur, une vie que d’aucun aurait sans doute multiplié les paragraphes pour en arriver là. Rajoutez à cela la connivence qui s’installe avec sa femme de ménage madame Rybak.

C’est un roman tout en ambiance, en odeurs, en ressentis avec son lot de drame et de tristesse, de non-dits. Impossible à lâcher c’est une belle découverte que je recommande.

PRIX DU CERCLE DU SABLIER 2023

PRIX DORA-SUAREZ 2023

UNE DOUCE LUEUR DE MALVEILLANCE – Dan CHAON

« Nous n’arrêtons pas de nous raconter des histoires sur nous-mêmes. Mais nous ne pouvons maîtriser ces histoires. Les événements de notre vie ont une signification parce que nous choisissons de leur en donner une. »
Tel pourrait être le mantra de Dustin Tillman, psychologue dans la banlieue de Cleveland. Ce quadragénaire, marié et père de deux adolescents, mène une vie somme toute banale lorsqu’il apprend que son frère adoptif, Rusty, vient d’être libéré de prison. C’est sur son témoignage que, trente ans plus tôt, celui-ci a été condamné à perpétuité pour le meurtre de leurs parents et de deux proches. Maintenant que des tests ADN innocentent son frère, Dustin s’attend au pire.
Au même moment, l’un de ses patients, un policier en congé longue maladie,lui fait part de son obsession pour une étrange affaire :la disparition de plusieurs étudiants des environs retrouvés noyés, y voyant la marque d’un serial killer. Pour échapper à sa vie personnelle, Dustin se laisse peu à peu entraîner dans une enquête périlleuse, au risque de franchir les limites que lui impose son rôle de thérapeute

Plongée dans les ténèbres, celles d’un homme submergé par ses propres contradictions et les failles de sa mémoire, Une douce lueur de malveillance est un livre virtuose et vénéneux. Une écriture glaçante, une inventivité littéraire qui bouscule les structures du roman contemporain : rarement un écrivain aura su explorer le mystère de l’identité avec un réalisme aussi obsédant.

Habilement construite en flash-back récurrents, la narration progresse en fouillant la complexité toujours plus grande des personnages jusqu’à troubler les évidences
LE MONDE

Le romancier s’empare du texte, des mots, comme le plasticien s’empare de la matière. Le texte prend forme sous nos yeux, une forme qui serait ce que la communication non verbale est à la parole, comme si la forme du texte pouvait, au delà des mots, dire la vérité.
CULTURE BOX

Avec son troisième roman, Une douce lueur de malveillance, Chaon franchit encore un cap. Pas dans la noirceur, cela semble difficile d’aller plus loin sauf à verser dans le gore. Plutôt dans le style, la construction de son histoire
LeFIGARO

Naviguant dans les profondeurs inconfortables d’un Midwest sordide, Dan Chaon raconte la maltraitance, la perte, la lutte pour la survie psychique. Quelque part entre Edgar Allan Poe, Twin Peaks et Stranger Things, il déstabilise et inquiète
L’EXPRESS

LE TEOREM DES GRANDS HOMMES – Jean-Louis NOGARO

Lorsque les gendarmes de St Malo découvrent un cadavre dans le Combi Wolkswagen d’un marginal, ils ne se doutent pas qu’ils viennent de déclencher un road-trip qui les mènera jusqu’à la région d’Aix-en-Provence, en passant par le Diois et le Massif du Pilat. Le tout au grand dam d’une officine cherchant à instrumentaliser des thèses complotistes afin de renouveler le pouvoir en place…

Un polar prenant entre roman d’enquête policière et aventures périlleuses de détectives amateurs. Une sympathique galerie de héros qui font face à une sinistre bande de fous dangereux.


Vous prenez un marginal d’origine maghrébine, un journaliste au chômage, des barbouzes s’activant à discréditer le pouvoir en place, un groupe de punk-rock en tournée et la police et la gendarmerie complètement dépassées sans oublier un squelette de dinosaure et un cadavre dans un combi.
Secouez bien le tout et vous avez un road trip jubilatoire sur fond d’une trame politique pas très éloignée de ce que nous avons connu dans la vraie vie.
Un peu de documentation :

Les Teorem sont des téléphones ultrasécurisés conçus par Thales et destinés aux communications les plus sensibles des plus hauts représentants de l’Etat. Ce terminal austère, qui n’est pas vendu dans le commerce, est conçu pour chiffrer de manière robuste les communications vocales. La sécurité de la communication dépend des appareils utilisés par les deux correspondants : ils offrent une protection maximale lorsque les deux interlocuteurs utilisent ce terminal

Selon le rapport annuel de l’Anssi, l’agence chargée de la sécurité numérique de l’Etat, 3 325 Teorem étaient utilisés en France en 2017. Ils sont fournis au président de la République et à son entourage, aux ministres du gouvernement, ainsi qu’à certains très hauts fonctionnaires chargés de missions sensibles

Alexandre Benalla a négligé de rendre, après son départ de l’Elysée, son téléphone sécurisé Teorem. Un « oubli » qui s’ajoute à une série de révélations sur les passeports diplomatiques utilisés par l’ancien « monsieur sécurité » du président de la République, 

Revenons à nôtre roman.

Le rythme est soutenu, tous les événements s’imbriquent parfaitement malgré la multiplicité des personnages. L’écriture est fluide, le ton peut être grave le plus souvent (nous sommes dans un polar sur une trame politique) et parfois très humoristique.
Comme une marque de fabrique l’auteur nous invite à suivre des personnages « en marge » que l’injustice fait gronder au point de se jeter corps et âme dans la bataille au mépris de toute sécurité. Un peu fous, rebelles et aventuriers ils ne peuvent opposer aux stratégies des barbouzes que leur intelligence, leur ruse et leur bon sens.

Un polar comme j’aimerais en lire plus souvent.


LA DERNIERE VIE – Pierre GAULON

Trois destins Un vieil homme obsédé par les obus, dernier habitant d’un village abandonné. Un barman dans une ville sur le déclin qui se bat contre une curieuse infection. Et une journaliste, qui court, aussi loin qu’elle le peut, jusqu’à en perdre le souffle… Quelque chose les relie. Une simple échelle. Cette échelle qui s’enfonce dans le sol et qui pourrait être la clef de secrets enfouis, mais aussi de l’anéantissement de la dernière vie… celle de notre civilisation.

Ce roman est tout à fait remarquable de par la diversité des thèmes et la diversité des tonalités d’écritures.
Est-ce un thriller ? Oui mais pas seulement.
Un manifeste écolo ? sans doute mais pas que.
Une ode à l’humanité ? sans aucun doute.
Un roman de science-fiction ? Pourquoi pas.
Un roman fantastique ? Assurément.

C’est en tous les cas un ouvrage captivant que j’ai dévoré d’une traite.
Tout tourne autour de cinq personnages amenés à se rencontrer au coeur d’un désert rural, chacun pour des raisons qui lui sont propres
Chaque trait de caractère est dépeint avec efficacité, les mots justes dans un minimum de phrases comme pour accentuer ce caractère d’urgence face à une menace qui pèse dans l’ombre sur ou dans les tréfonds de la terre et de notre passé.

Je crois qu’en réponse à l’illustration musicale, non ! La mort ne peut pas danser !

LES MALFAISANTS – Daniel MARTINANGE

Une jeune femme au comportement aussi étrange que son accoutrement, une veuve passant ses soirées à se flageller, un ex-mercenaire reconverti dans la sécurité, un adepte du clonage humain amateur de chair fraîche… Autant de curieux personnages que va devoir rencontrer le commandant Tréboul, pour élucider le mystère de l’assassinat d’un industriel cocaïnomane. Accompagné de sa pétulante adjointe et de son second, plus pantouflard, le policier, venu de Paris, toujours vêtu de son inénarrable chemise à jabot, découvre enfin, dans cette deuxième enquête, le charme gorgé de mystères des monts du Forez.
Une intrigue astucieuse, des acteurs atypiques, des policiers qui ne le sont pas moins : Daniel Martinange réussit avec Les malfaisants un roman noir, haletant et original. L’humour de son trio d’enquêteurs ajoute une sacrée saveur à cette aventure aussi rustique que dépaysante

Nouvel instant de plaisir : ouvrir le nouveau roman de Daniel MARTINANGE et se plonger à nouveau après C’est moi qu’ils veulent dans l’univers parfaitement déjanté de l’auteur, peuplé de personnages atypiques plongés dans des situations rocambolesques.
C’est bien sûr un roman noir, un roman sous influence des caractéristiques du roman-feuilleton, savants fous, gourou sadique et polymorphe, aristocrate folle à lier au passé trouble et j’en passe pour en venir à un enquêteur au style vestimentaire désuet, aux méthodes particulières mais qui a durci le ton depuis notre dernière rencontre tout comme son assistante gentiment fofolle dans le précédent opus transformé en bombe sexuelle rageuse.
Le lecteur navigue à vue dans cette mer houleuse et dont les vagues sont imprévisibles.

On lit ce roman avec délectation et contrairement au roman-feuilleton dont je parlais plus haut où les pauses sont obligatoires c’est d’une traite que j’ai achevé cette lecture et c’est avec impatience que j’attends le suivant… si suivant il y a.

L’ETE OU TOUT A FONDU- Tiffany McDANIEL

Été 1984 à Breathed, Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local : il invite le diable à venir lui rendre visite. Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d’un vert intense, planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l’âme meurtrie, heureux d’être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l’incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d’une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors des événements étranges qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu’une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.
Porté par une écriture incandescente, L’Été où tout a fondu raconte la quête d’une innocence perdue et vient confirmer le talent exceptionnel d’une romancière à l’imaginaire flamboyant

Une fois n’est pas coutume, je cède ma place pour cette chronique à Mr Brad PAT.

Après le roman de monsieur Dan Chaon, c’est une femme qui vient de mettre KO !
Après une PLS me voilà suffisamment en forme pour vous parler de ma dernière lecture !
Les thématiques sont ici nombreuses. C’est la force des livres qui ont encore de vraies choses à raconter !
Ici, on vous parlera sans trop faire de racisme, des différences, d’homosexualité, de sida, de la famille, de Dieu et du diable nien sûr mais aussi d’amitié, de la rumeur, du respect, de l’amour, de la haine et j’en passe.
Vaste programme me direz-vous?
Oui, mais que cela ne vous effraie pas.
Le voyage sera prodigieux !
L’ETE OU TOUT A FONDU raconte l’arrivée du diable sous la forme d’un petit garçon de couleur noire. Cet été de 1984 sera le plus chaud jamais enregistré à Breathed. D’autant que les esprits vont très vite s’échauffer dans cette petite ville de l’Ohio.
Non, ce roman n’est pas un roman de genre fantastique. Il est au contraire très humain.
Humain dans le sens… pour le meilleur et surtout pour le pire !
Face à certaines vérités, face à l’inconnu, face à l’incompréhension… croyez-vous que le diable a encore des choses à apprendre aux animaux que nous sommes parfois ?
Tiffany McDANIEL possède un don pour le décalage et les mises en situation où la beauté et l’insupportable s’entrechoquent pour mieux pousser le lecteur dans ses retranchements.
C’est avec une subtilité rare mais aussi une vraie poésie des mots, des phrases… qu’elle s’introduit dans votre esprit afin d’offrir des émotions si fortes que cette puissance poétique résonne longtemps après. Un peu comme certaines scènes marquantes d’un film.
Alors j’ai du mal à vous parler des émotions ressenties durant cette lecture, je ne vais pas le cacher. J’ai pleuré et j’ai dû faire des pauses pour trouver un peu de décence.
A présent j’ai retrouvé ma sérénité et tant pis si cet été là… fut pour moi aussi fort, aussi triste et éprouvant.
Tirer ce diable par la queue en valait vraiment le feu d’une chandelle ou ce beau séjour en Enfer !


Tiffany McDANIEL

Tiffany McDaniel vit dans l’Ohio, où elle est née. Son écriture se nourrit des paysages de collines ondulantes et de forêts luxuriantes de la terre qu’elle connaît. Elle est également poète et plasticienne.
En 2002, elle a dix-sept ans et la découverte de secrets de famille déclenche son envie d’écrire. En 2003, elle achève une première version de Betty, qu’elle envoie à des agents littéraires. Mais c’est seulement en 2017 que le prestigieux éditeur américain Knopf, maison littéraire du groupe Penguin, s’intéresse au roman. Les droits de publication à l’étranger sont cédés dans plusieurs pays, dont la France et l’Angleterre. Betty paraît en 2020. Le livre est un immense succès et remporte de nombreux prix littéraires : Prix du Roman Fnac 2020, Prix America du meilleur roman étranger 2020, Roman étranger préféré des libraires du Palmarès Livres Hebdo 2020, Prix des libraires du Québec 2021, Prix Libr’à Nous 2021 du meilleur roman étranger, Prix 2022 du club des irrésistibles des bibliothèques de Montréal.

L’été où tout a fondu, écrit quelques années après Betty, trouvera un éditeur en moins d’un mois : il s’agit donc du premier roman publié de Tiffany McDaniel, même si c’est le 5e ou 6e dans l’ordre d’écriture.
Tiffany McDaniel a obtenu le titre de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en juillet 2021.


LA ROUTE DU LAC – Xavier MASSE

Blaches est un charmant village réputé pour sa tranquillité… Jusqu’au jour où, au lendemain d’une soirée, trois étudiants sont portés disparus.
Que s’est-il passé cette nuit-là ?
Que s’est-il passé sur l’unique route qui mène au lac ?
Amis, voisins, connaissances… pour les enquêteurs, tous sont suspects.
Bienvenue à Blaches.

Wicked Game trad. Jeu pervers

Xavier Massé semble attiré par les petites communautés, ces groupes qui partagent tout ou presque de la vie sociale, les non-dits, les interrogations ou les soupçons, les adultères et pourquoi pas les crimes ?
Un si joli petit village qui quand on s’en retourne se couvre d’une chape de silence, un brouillard pénétrant, suffoquant au point d’annihiler toutes paroles.
Surgissant de ces ombres, comme un elfe, Rémi le simplet que tous aiment, qui chante et danse au coin des rues négociant des câlins.
Comme dans un conte de fées, comme dans le joueur de flûte de Hamelin il va entraîner ce « beau » monde à sa suite…mais chutttt !

Bien vu de revenir sur tous les événements avec un point de vue particulier car bien sûr il n’y a qu’une seule route pour le lac et pour obtenir une vision globale quoi de mieux que de saisir les différents angles de champ.
Un oeil cinématographique et une écriture scénaristique.

LOIN EN AMONT DU CIEL – Pierre PELOT

Depuis la mort de ses parents et de sa petite soeur, sauvagement assassinés par des pillards, Enea McEwen n’a plus qu’une idée en tête, les retrouver pour se venger.
Avec ses soeurs jumelles, Aileen et Erin, elle forme une bande de femmes hors-la-loi qui traque sans relâche les meurtriers
.

Quel plaisir de retrouver Pierre PELOT avec ce roman sauvage et intense comme l’avait été « Est-ce ainsi que les hommes vivent », et bien sûr de retrouver en fil conducteur le personnage de DYLAN STARK héros d’une saga-western de dix romans.
A ce propos l’auteur écrivait en avant propos du premier volume « La couleur de Dieu » ce qui suit :

Quand je pense à l’Ouest, quand me viennent aux yeux des images de roches et d’arbres, quand me coule aux oreilles la chanson des cours d’eau, alors je vois un homme.
Cet homme-là, c’est l’Ouest.
Je ne décrirai pas. Je ne dirai pas non plus : « il était courageux, c’était un héros, etc », car j’ai en horreur ce terme idiot. Le courage, je crois, est une chose qui va et vient au hasard des situations : à certains moments il est là, à d’autres c’est la peur.
L’homme dont je parle eut peur, et il lui arriva également d’être courageux.
Je vais raconter la vie de cet homme parce que je la trouve belle, et grande.
Cet homme avait pour nom Dylan Stark.

A travers le récit du massacre de la famille Mc Ewen, de la traque sanglante des trois soeurs survivantes l’auteur nous délivre quelques bribes de ce que fut la vie de Stark jusqu’au point final du roman qui nous laisse groggy de douceur après autant de violence.
Mais c’est aussi une traversée du sud des Etats Unis qui tente de se reconstruire après une guerre de sécession qui à laissé le pays exsangue, en proie à des bandes de guérilléros pilleurs et meurtriers emmené par des illuminé(e)s tels Sangre de Cristo ou la sorcière Mother.

Impossible à lâcher, ce roman s’imprime en nous pour longtemps.

LE SILENCE – Dennis LEHANE

En cet été de 1974, dans la banlieue irlandaise de South Boston, Mary Pat Fennessey mène une existence routinière. Un soir, Jules, sa fille de dix-sept ans, ne rentre pas à la maison, et sa trace disparaît dans la chaleur moite de la ville. La même nuit, un jeune Noir se fait mortellement percuter par un train dans des circonstances suspectes. Ces deux événements sans lien apparent plongent les habitants de Southie dans le trouble.
D’autant que la récente politique de déségrégation mise en oeuvre par la ville provoque des tensions raciales et qu’une grande manifestation se prépare. Dans sa recherche effrénée de sa fille, Mary Pat, qui croyait appartenir à une communauté unie, voit les portes se fermer devant elle. Face à ce mur de silence, cette femme en colère devra lutter seule pour faire éclater la vérité, si dévastatrice soit-elle.
Grand roman américain, Le Silence met à nu le coeur sombre d’un pays en plein désarroi à travers le portrait d’une mère au coeur brisé.

Après six ans d’absence, Le silence signe le retour de l’auteur à son meilleur niveau.

Toutes les grandes choses que seule une mère peut accomplir se trouvent dans ces 400 pages de bruit et de fureur.
Un contexte politique marquant : la période du « busing » à Boston. En juin 1974, pour enrayer la ségrégation raciale, il fut décidé que des enfants des quartiers noirs seraient menés en bus à l’école d’un quartier blanc et vice versa.

L’histoire débute quelques jours avant la rentrée 1974.
La fille de Mary Pat, 17 ans, disparaît une nuit pendant laquelle un jeune adolescent noir est tué.
Mary se lance à sa recherche à travers les trafiquants et autres racketteurs dirigés par Marty Butler.
Cette quête lui révelera une autre facette de la ville, de la politique et de sa propre vie, on comprend alors pourquoi la recherche de sa fille se mue en croisade vengeresse.

Dialogues sublimes, sens de la formule, équilibre de l’action, puissance tragique, tout l’art de Dennis LEHANE dans cette formule : Boston et la violence faite aux enfants.

Mes remerciements à Hubert Artus

BREVE HISTOIRE DE SEPT MEURTRES – Marlon JAMES

Kingston, 3 décembre 1976. Deux jours avant un concert en faveur de la paix organisé par le parti au pouvoir, dans un climat d’extrême tension politique, sept hommes armés font irruption au domicile de Bob Marley. Le chanteur est touché à la poitrine et au bras, sa femme et son manager grièvement blessés. Pourtant, le 5 décembre, Bob Marley réunit 80 000 personnes lors d’un concert historique au National Heroes Park.
Si ce roman s’ouvre sur la figure du musicien reggae, il est peuplé d’hommes politiques, agents de la CIA, barons de la drogue, prostituées ou membres de gangs. En somme, un livre monumental qui abrite plusieurs voix, déroulant les années 70 à nos jours, en Jamaïque et aux États-Unis. Brève histoire de sept meurtres n’est pas seulement un livre sur l’histoire de la Jamaïque mais surtout une interrogation percutante sur le pouvoir, l’argent, la politique et la violence. Un tour de force audacieux, inventif et exigeant.

Brève histoire de sept meurtres c’est quand même 800 pages et 70 personnages. C’est la Jamaïque en plein chaos politique manigancé par la CIA, c’est la pègre qui tente de se donner une place primordiale dans cette société gangrenée par les malversations des élus. Et au milieu de toute cette agitation où s’entassent les morts…le rasta ultime, un presque-dieu vivant qui chante la paix et la liberté.

Le 3 Septembre 1976 Bob Marley est victime d’une tentative d’assassinat, un électrochoc à Kingstown déjà en proie à une violence exacerbée.

Un roman dense, ultra-dense, difficile, un roman qui se mérite (j’en connais qui n’ont même pas osé l’ouvrir ou l’ont abandonné en chemin car submergés).
Ce n’est pas une nouveauté (2015) mais il reste dans ma tète comme une actualité parce que franchement de vous à moi Kingstown, Le Cap, Rio, Marseille… faites glisser n’importe quelle date sur ces villes et tant d’autres… l’histoire se répète et les sociétés sont toujours aux mains des malfaisants en quête de profits.

BROUILLARDS – Victor GUILBERT

Marcel Marchand, excentrique espion des services secrets français, est assassiné par des agents de la CIA dans l’immense réserve d’accessoires d’un célèbre théâtre de New York : le Edmond Theater.

Avant de mourir, il a eu le temps de dissimuler, dans le fatras de décors et accessoires de scène, un mystérieux objet que la CIA comme la DGSE veulent récupérer.

Suspectant que l’identité de nombre de leurs agents est tombée entre les mains des renseignements américains à cause de cet espion décédé soupçonné de trahison, les services secrets français veulent envoyer un inconnu hors du circuit pour récupérer l’objet caché. Or, Marchand a eu le temps de griffonner un nom avant de pousser son dernier soupir : « Boloren ». Comme le nom de cet ancien flic, Hugo Boloren, qui s’ennuie dans sa formation de zythologue (« c’est comme œnologue mais pour la bière ») dans un petit village de montagne.

Le colonel Grosset, haut gradé de la DGSE et cousin de l’ancien commissaire d’Hugo Boloren, va donc le convaincre de partir à New York, de s’infiltrer dans le Edmond Theater, d’identifier et de récupérer l’objet caché. Et même si le colonel Grosset lui rappelle que sa mission se limite à retrouver l’objet caché et le rapporter en France, la petite bille qu’Hugo a dans la tête lui souffle de regarder plus loin. Alors qu’au milieu de ces brouillards, la tragédie rôde, prête à frapper Hugo Boloren de plein fouet.

Poets of the Fall – Carnival of Rust (Official Video w/ Lyrics)

Encore une fois un indispensable de cette nouvelle génération d’auteur(e)s hexagonaux, après “DOUVE” “TERRA NULLIUS”, voici “BROUILLARDS”.
Mais pourquoi cette obsession ? Recouvrir ses personnages d’une chape, dans “Douve” le village est un cul-de-sac recouvert par des nuages, “Terra nullius” est un labyrinthe plongeant dans une décharge géante, et c’est la ville de New York qui est empaquetée dans un brouillard insondable et les souterrains d’un théâtre de Broadway qui abritent la plus gigantesque réserve de décors connue.
Quand j’ai rencontré Victor j’aurais pu lui poser la question mais ni “Douve” ni “Brouillards” ne faisaient partie de mes lectures, alors je m’interroge.
J’oserai une option : à l’instar d’Agatha Christie qui mettait en place ses récits en lieu-clos, une maison, une île, un village, Victor enferme ses personnages et tel l’entomologiste les regardent se croiser, se bousculer, se mentir.
Et quels personnages !
Le récurrent Hugo Boloren qui n’est jamais mieux que confronté à l’inexplicable, incapable d’une vie privée car trop d’affects mais trop de parasite, soyons clair : il est completement barré et si Hercule Poirot avait ses petites cellules grises, lui a la bille, inexplicable bille qui se met en branle dans une métaphore de son psychisme.

Ce livre est une pépite.
Et nous n’avons pas parlé- entre autres- du décorateur de théâtre dandy trisomique, de l’éclairagiste aveugle, du directeur exhibitionniste etc…une revue de “freaks”.

Victor GUILBERT a été récompensé par le Prix DORA-SUAREZ 2022 pour TERRA NULLIUS chez HUGO Thriller.

La solitude des Bois noirs – Maria P. MISCHITELLI

Que se passe-t-il dans ce coin du Livradois-Forez pouvant justifier une telle série d’assassinats ? Le lieutenant Louatah est dépêché de St-Étienne pour tenter de percer des secrets bien gardés… pas seulement par la population locale. Quel est le rôle joué par Ganymède, un enfant de huit ans et demi venu de Guinée, adopté par une famille aisée ? Un enfant qui passe ses journées en forêt à parler aux arbres, il doit en savoir, des choses…

“ à votre tête on avait bien vu que vous n’étiez pas du coin “

et si toute l’histoire reposait dans cette courte phrase ?

Qui inquiète le plus les autochtones ?
L’enfant au prénom improbable ? Le flic berbère au comportement imprévisible ?
Tous les deux n’ont pas la tête du coin et ça fâche, ça inquiète, ça fait parler ou se taire.

Ganymède est un jeune homme de la mythologie grecque qui fut enlevé par Zeus en raison de sa grande beauté et amené sur le mont Olympe pour servir d’échanson. L’histoire apparaît pour la première fois dans l’Iliade d’Homère sans aucune suggestion d’un lien sexuel, mais Ganymède fut ensuite associé aux relations homosexuelles masculines et à la passion homoérotique.

Le mythe tel qu’il est raconté par Homère (8e siècle av. JC) raconte simplement comment les dieux reconnurent la beauté de Ganymède et l’amenèrent à l’Olympe pour être l’échanson de Zeus. Au 6e siècle av. JC, cependant, l’histoire fut présentée comme celle d’un Zeus tombant amoureux de Ganymède et le prenant pour amant. Le dramaturge de la tragédie grecque Sophocle (l. c. 496 – c. 406 av. JC), parmi d’autres dramaturges et poètes du Ve siècle, mentionna Ganymède et Zeus en tant qu’amants et développa l’élément romantique-érotique déjà établi, ce qui conduisit finalement le couple à devenir l’archétype de la relation amant-aimé de même sexe représentée sur les tasses, les assiettes et les cratères (cruches à vin) dans la Grèce antique et, plus tard, à Rome.

Ganymède est resté un sujet populaire dans les arts et est associé à la constellation du Verseau car il aurait renoncé à sa position privilégiée d’échanson pour donner les eaux des dieux à l’humanité, devenant ainsi le porteur d’eau et le bienfaiteur des mortels. À différentes époques de l’histoire, il en est venu à représenter différentes valeurs reflétant celles de la majorité dans une société donnée, mais de nos jours, il est plus étroitement identifié à la communauté LGBTQ+, qui se concentre sur l’amour exprimé par le couple et le sacrifice par Ganymède de sa position privilégiée pour bénéficier aux autres et maintenir la paix entre les dieux.

Ce jeune homme à l’instar de son illustre homonyme à été dérobé à sa famille et tel un demi-dieu il garde le contact avec la nature.

Une nouvelle question se pose : peut-on agir pour satisfaire un désir, nous les hommes puissants économiquement pouvons nous transgresser les lois naturelles pour un “besoin” ?
Quelle réponse apporter au trafic d’enfants ?
Une épreuve pour Walid Louatah, enquêteur bien plombé par le questionnement de ses origines.

C’est magnifique, il y a du Chabrol là dedans, dans les mises en situations des différents personnages secondaires, le pointage du doigt de cette bourgeoisie installée dans une ruralité confortable, et un petit quelque chose de Lavardin chez Louatah.

Ce roman a été sélectionné pour le Prix DORA-SUAREZ 2023.

Fatum – Sylvie CALLET

Trois adolescents issus des quartiers cherchent leur voie. Samia rêve de devenir écrivaine tandis que son frère Sohan est attiré par l’extrémisme religieux. Leur amie Abby préfère se la jouer racaille.
Lorsque la mystérieuse inconnue qui vient d’emménager dans leur immeuble est victime d’une agression, leur destin bascule.

C’est un putain de roman noir, celui de votre voisinage, celui de vos angoisses au quotidien, ce qui vous dérange ou vous inquiète et pourtant c’est notre réalité, une misère sociale et intellectuelle.
Elle voudrait écrire, il voudrait se battre, à chacun ses armes mais encore faut-il savoir avec quelles armes et quand souffre une habitante du quartier c’est tout qui bascule.

Une tristesse immense nous envahit, l’insondable et on touche le fond.
Y a t-il une solution ?

Et bien ce roman nous dit que sans doute il n’y a que des bribes pour ces personnes habituées à se contenter de miettes.
Décidément la vie n’est pas belle.
Bon courage.

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