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Dora-Suarez : L'actu littérature noire

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Littérature noire

Ludovic Francioli, créateur du site Dora-Suarez, nous présente ses coups de cœur littéraires tout au long de l’année.

LE DIABLE SUR MON EPAULE – Gabino IGLESIAS

Au Texas, la frontière est un point de non-retour.
Austin, Texas. Lorsqu’on diagnostique une maladie grave à sa fille, le monde de Mario s’écroule. Il se met à négliger son travail, se fait virer sans ménagement, les factures d’hospitalisation s’accumulent et sa femme cède lentement au désespoir. Décidé à relever la tête, Mario contacte Brian, un ancien collègue devenu dealer de meth. Celui-ci lui propose un marché d’une effroyable simplicité : la vie d’un homme, contre 6 000 dollars. Sans une once d’hésitation, Mario accepte. Et découvre que la violence est un excellent remède à la colère qui l’habite. Mais La Huesuda, la déesse de la mort, plane sur son existence. Et la tragédie le frappe à nouveau. Lorsqu’il accepte une ultime mission pour un cartel de Juárez, la spirale de violence qui se déchaine alors achève de le convaincre qu’il n’aurait jamais dû ouvrir la porte au diable.

Vous ne connaissiez sans doute pas El Milagrito.

De précieux objets ou amulettes à très fortes connotations religieuses sensés apportés la protection lorsqu’on se lance dans une entreprise risquée, tous ces objets sont confectionnés par la main de l’homme
Et nous découvrons un autre El Milagrito, un enfant qui aurait du mourir à la naissance tant il était affligé de toutes les tares. L’enfant grandi dans un lit cage en état végétatif sous la surveillance de sa grand mère une sorcière très puissante et d’un garde du corps qui veille sur l’investissement de la vieille. En état végétatif, El Milagrito se fait découper le corps par petits bouts au gré de la demande de mafieux qui cherchent une protection divine, un Miracle.

Gabino IGLESIAS a inventé un style de polars ultra-violent à l’image de la vie à la frontière qui mêle une réalité sociale fondée sur l’injustice, mais aussi la corruption, le racisme, la drogue; à cette réalité on se doit de ne pas oublier les croyances ancestrales, l’hyper religiosité de la communauté hispanique et la magie noire qui en découle. Ce genre s’appelle désormais le « bario noir »

Extrêmement touchant le calvaire de Mario et Mélissa qui voient leur fille atteinte d’une leucémie dépérir sous leurs yeux alors que le sort s’acharne sur eux et que l’espérance de pouvoir financer un traitement s’amenuise de jour en jour Mario va ouvrir devant lui les portes de l’Enfer en acceptant un job de tueur à gage. La spirale l’entraine à travers le monde des cartels de la drogue, de la villa luxueuse où on sacrifie un homme, des tunnels sous le mur-frontière qui abritent des ombres menaçantes. Un monde de trahisons et de gunfights permanents.
Ce livre est une expérience qu’il ne faut pas bouder.

COMPLETEMENT FRAPPES – Jean-Luc MENET

Le jour de son anniversaire, Gôt’ché Maurel, vieil ours solitaire, pense passer une soirée tranquille seul chez lui, lorsqu’on frappe à sa porte. L’homme qui débarque chez lui est l’ancien propriétaire de sa maison et il est venu récupérer un trésor abandonné là de longues années auparavant. Cinq autres personnes vont se présenter chez Gôt’ché ce soir-là. Une équipe improbable se forme et ce sera le début d’une quête en forme de road trip déjanté, au cours de laquelle des liens vont se nouer, se dénouer et se renouer.

Jean-Paul, l’évadé et sa complice Cyrielle, les voisins de Gôt’ché, Odette et Armand, ainsi que sa fille Géraldine vont parcourir la France ensemble. Ce drôle d’équipage va régler des comptes, résoudre des affaires personnelles et avancer tant bien que mal vers un trésor qui n’est peut-être pas celui que l’on croit…

Un beau voyage initiatique dont ils ne reviendront pas indemnes.

Et moi complètement secoué par ce polar qui n’en est pas vraiment un, ce road movie à petite échelle, ces personnages totalement déjantés, ce trop plein d’humanité.

Montons dans l’ambulance préalablement volée dans un hôpital psychiatrique et la course aux trésors commence cat il y a bien deux trésors, plongeons alors dans les situations les plus frappadingues ponctuées par les multiples orgasmes de Cyrielle et les contrepèteries foireuses de Gôt’ché.

Un bonheur de lecture, une aventure qui va à cent à l’heure malgré l’utilisation de véhicules qui ont beaucoup vécu. Des personnages hauts en couleurs que le style de l’auteur nous laisse tout loisir d’imaginer, c’est pourquoi je me suis fait mon casting cinématographique :

Gérard DEPARDIEU – Jean Paul
Sylvie TESTUD – Cyrielle
Catherine FROT – Odette
Dominique PINON – Armand
Didier BOURDON – Gôt’ché
Dominique LAVANANT – Patricia
Camille COTTIN – Géraldine
Vincent LACOSTE – Lucien

Ce livre est une potion magique dans laquelle personne n’est tombé étant petit mais dont les protagonistes vont s’imprégner tout au long des 468 pages nous en livrant les effets au fur et à mesure de la progression de l’histoire.
Un milieu rural, deux meurtres, deux trésors, une pincée de grand banditisme, une fuite en avant, une enquête de police complètement ratée, un vieux radin, un voisin paranoïaque, une voisine au bord de la dépression, deux fugitifs d’un asile psychiatrique, une montagne de graisse accompagnée d’une superbe nymphomaniaque, des retrouvailles inespérées et j’en passe…parsemez d’une bonne dose d’humour, agitez…c’est prêt.
Dégustez sans modération.

LA VALSE DES McKINLEYS – Richard CANAL

Ulysses, une petite ville sidérurgique du centre des États-Unis frappée de plein fouet par la récession, de ces steeltowns que chante Bruce Springsteen. Il est trois heures du matin. Ça fait plus d’une semaine que la pluie s’acharne sur la région. La rivière est en crue, les rues sont sous les eaux. Une voiture approche au ralenti des abords de la ville, s’écarte de la route et verse dans un fossé. Au volant, un homme inconscient, gravement blessé. Dans le coffre, une pelle tâchée de sang.

Un véritable casse-tête pour Wallace Ackerman, l’officier de police chargé de l’enquête

Le Polar/Western à la sauce Walter HILL.
Tous les ingrédients sont là, une ville presque fantôme, une femme fatale trop belle et trop ambitieuse pour ce trou paumé, un shérif et sont adjoint complètement pourris aux ordres d’un maire qui l’est encore plus, un beau gosse délinquant trafiquant de voitures de luxe, des tueurs mafieux venus récupérer un certain butin auprès d’un avocat corrompu grièvement blessé dans un accident de la route.
Tout ce petit monde s’affaire durant deux nuits à changer de destin pour s’achever dans un gunfight final apocalyptique.

L’écriture est fluide, élégante descriptive et aussi très suggestive.
Plus de 400 pages d’un plaisir de lecture comparable à la trilogie de Roy BRAVERMAN : Hunter, Crow et Freeman.

DOUBLE EXPOSITION – Paul F. HUSSON

Le commissaire Tourette s’ennuie à la retraite.
 Sur une brocante, il tombe sur un lot de vieux clichés de scènes de crimes. Faisant des recherches par curiosité, il découvre que les photos ne correspondent à aucune affaire classifiée. Ignorant s’il s’agit de meurtres factices ou s’il est réellement sur les traces de crimes impunis, il mène une enquête solitaire, personnelle, obsessionnelle.

133 pages alors vous imaginez bien que si l’auteur a vraiment quelque chose a raconter on a toutes les chances de ne pas s’égarer en circonvolutions parfois inutiles, mais aussi de finir en apnée…et c’est le cas.
Sur un rythme d’enfer ponctué par les envolées verbales plus grossières et imaginatives les unes que les autres du commissaire Tourette ainsi que par les apparitions d’un héron blanc qu’il considère comme la réincarnation de son père.
Vu sous cet angle on peut penser que l’auteur a un peu « charger la mule » de son personnage, et bien non il n’en est rien. Le commissaire à la retraite prend à travers ces caractéristiques une épaisseur, une vie que d’aucun aurait sans doute multiplié les paragraphes pour en arriver là. Rajoutez à cela la connivence qui s’installe avec sa femme de ménage madame Rybak.

C’est un roman tout en ambiance, en odeurs, en ressentis avec son lot de drame et de tristesse, de non-dits. Impossible à lâcher c’est une belle découverte que je recommande.

UNE DOUCE LUEUR DE MALVEILLANCE – Dan CHAON

« Nous n’arrêtons pas de nous raconter des histoires sur nous-mêmes. Mais nous ne pouvons maîtriser ces histoires. Les événements de notre vie ont une signification parce que nous choisissons de leur en donner une. »
Tel pourrait être le mantra de Dustin Tillman, psychologue dans la banlieue de Cleveland. Ce quadragénaire, marié et père de deux adolescents, mène une vie somme toute banale lorsqu’il apprend que son frère adoptif, Rusty, vient d’être libéré de prison. C’est sur son témoignage que, trente ans plus tôt, celui-ci a été condamné à perpétuité pour le meurtre de leurs parents et de deux proches. Maintenant que des tests ADN innocentent son frère, Dustin s’attend au pire.
Au même moment, l’un de ses patients, un policier en congé longue maladie,lui fait part de son obsession pour une étrange affaire :la disparition de plusieurs étudiants des environs retrouvés noyés, y voyant la marque d’un serial killer. Pour échapper à sa vie personnelle, Dustin se laisse peu à peu entraîner dans une enquête périlleuse, au risque de franchir les limites que lui impose son rôle de thérapeute

Plongée dans les ténèbres, celles d’un homme submergé par ses propres contradictions et les failles de sa mémoire, Une douce lueur de malveillance est un livre virtuose et vénéneux. Une écriture glaçante, une inventivité littéraire qui bouscule les structures du roman contemporain : rarement un écrivain aura su explorer le mystère de l’identité avec un réalisme aussi obsédant.

Habilement construite en flash-back récurrents, la narration progresse en fouillant la complexité toujours plus grande des personnages jusqu’à troubler les évidences
LE MONDE

Le romancier s’empare du texte, des mots, comme le plasticien s’empare de la matière. Le texte prend forme sous nos yeux, une forme qui serait ce que la communication non verbale est à la parole, comme si la forme du texte pouvait, au delà des mots, dire la vérité.
CULTURE BOX

Avec son troisième roman, Une douce lueur de malveillance, Chaon franchit encore un cap. Pas dans la noirceur, cela semble difficile d’aller plus loin sauf à verser dans le gore. Plutôt dans le style, la construction de son histoire
LeFIGARO

Naviguant dans les profondeurs inconfortables d’un Midwest sordide, Dan Chaon raconte la maltraitance, la perte, la lutte pour la survie psychique. Quelque part entre Edgar Allan Poe, Twin Peaks et Stranger Things, il déstabilise et inquiète
L’EXPRESS

LE TEOREM DES GRANDS HOMMES – Jean-Louis NOGARO

Lorsque les gendarmes de St Malo découvrent un cadavre dans le Combi Wolkswagen d’un marginal, ils ne se doutent pas qu’ils viennent de déclencher un road-trip qui les mènera jusqu’à la région d’Aix-en-Provence, en passant par le Diois et le Massif du Pilat. Le tout au grand dam d’une officine cherchant à instrumentaliser des thèses complotistes afin de renouveler le pouvoir en place…

Un polar prenant entre roman d’enquête policière et aventures périlleuses de détectives amateurs. Une sympathique galerie de héros qui font face à une sinistre bande de fous dangereux.


Vous prenez un marginal d’origine maghrébine, un journaliste au chômage, des barbouzes s’activant à discréditer le pouvoir en place, un groupe de punk-rock en tournée et la police et la gendarmerie complètement dépassées sans oublier un squelette de dinosaure et un cadavre dans un combi.
Secouez bien le tout et vous avez un road trip jubilatoire sur fond d’une trame politique pas très éloignée de ce que nous avons connu dans la vraie vie.
Un peu de documentation :

Les Teorem sont des téléphones ultrasécurisés conçus par Thales et destinés aux communications les plus sensibles des plus hauts représentants de l’Etat. Ce terminal austère, qui n’est pas vendu dans le commerce, est conçu pour chiffrer de manière robuste les communications vocales. La sécurité de la communication dépend des appareils utilisés par les deux correspondants : ils offrent une protection maximale lorsque les deux interlocuteurs utilisent ce terminal

Selon le rapport annuel de l’Anssi, l’agence chargée de la sécurité numérique de l’Etat, 3 325 Teorem étaient utilisés en France en 2017. Ils sont fournis au président de la République et à son entourage, aux ministres du gouvernement, ainsi qu’à certains très hauts fonctionnaires chargés de missions sensibles

Alexandre Benalla a négligé de rendre, après son départ de l’Elysée, son téléphone sécurisé Teorem. Un « oubli » qui s’ajoute à une série de révélations sur les passeports diplomatiques utilisés par l’ancien « monsieur sécurité » du président de la République, 

Revenons à nôtre roman.

Le rythme est soutenu, tous les événements s’imbriquent parfaitement malgré la multiplicité des personnages. L’écriture est fluide, le ton peut être grave le plus souvent (nous sommes dans un polar sur une trame politique) et parfois très humoristique.
Comme une marque de fabrique l’auteur nous invite à suivre des personnages « en marge » que l’injustice fait gronder au point de se jeter corps et âme dans la bataille au mépris de toute sécurité. Un peu fous, rebelles et aventuriers ils ne peuvent opposer aux stratégies des barbouzes que leur intelligence, leur ruse et leur bon sens.

Un polar comme j’aimerais en lire plus souvent.


LA DERNIERE VIE – Pierre GAULON

Trois destins Un vieil homme obsédé par les obus, dernier habitant d’un village abandonné. Un barman dans une ville sur le déclin qui se bat contre une curieuse infection. Et une journaliste, qui court, aussi loin qu’elle le peut, jusqu’à en perdre le souffle… Quelque chose les relie. Une simple échelle. Cette échelle qui s’enfonce dans le sol et qui pourrait être la clef de secrets enfouis, mais aussi de l’anéantissement de la dernière vie… celle de notre civilisation.

Ce roman est tout à fait remarquable de par la diversité des thèmes et la diversité des tonalités d’écritures.
Est-ce un thriller ? Oui mais pas seulement.
Un manifeste écolo ? sans doute mais pas que.
Une ode à l’humanité ? sans aucun doute.
Un roman de science-fiction ? Pourquoi pas.
Un roman fantastique ? Assurément.

C’est en tous les cas un ouvrage captivant que j’ai dévoré d’une traite.
Tout tourne autour de cinq personnages amenés à se rencontrer au coeur d’un désert rural, chacun pour des raisons qui lui sont propres
Chaque trait de caractère est dépeint avec efficacité, les mots justes dans un minimum de phrases comme pour accentuer ce caractère d’urgence face à une menace qui pèse dans l’ombre sur ou dans les tréfonds de la terre et de notre passé.

Je crois qu’en réponse à l’illustration musicale, non ! La mort ne peut pas danser !

LES MALFAISANTS – Daniel MARTINANGE

Une jeune femme au comportement aussi étrange que son accoutrement, une veuve passant ses soirées à se flageller, un ex-mercenaire reconverti dans la sécurité, un adepte du clonage humain amateur de chair fraîche… Autant de curieux personnages que va devoir rencontrer le commandant Tréboul, pour élucider le mystère de l’assassinat d’un industriel cocaïnomane. Accompagné de sa pétulante adjointe et de son second, plus pantouflard, le policier, venu de Paris, toujours vêtu de son inénarrable chemise à jabot, découvre enfin, dans cette deuxième enquête, le charme gorgé de mystères des monts du Forez.
Une intrigue astucieuse, des acteurs atypiques, des policiers qui ne le sont pas moins : Daniel Martinange réussit avec Les malfaisants un roman noir, haletant et original. L’humour de son trio d’enquêteurs ajoute une sacrée saveur à cette aventure aussi rustique que dépaysante

Nouvel instant de plaisir : ouvrir le nouveau roman de Daniel MARTINANGE et se plonger à nouveau après C’est moi qu’ils veulent dans l’univers parfaitement déjanté de l’auteur, peuplé de personnages atypiques plongés dans des situations rocambolesques.
C’est bien sûr un roman noir, un roman sous influence des caractéristiques du roman-feuilleton, savants fous, gourou sadique et polymorphe, aristocrate folle à lier au passé trouble et j’en passe pour en venir à un enquêteur au style vestimentaire désuet, aux méthodes particulières mais qui a durci le ton depuis notre dernière rencontre tout comme son assistante gentiment fofolle dans le précédent opus transformé en bombe sexuelle rageuse.
Le lecteur navigue à vue dans cette mer houleuse et dont les vagues sont imprévisibles.

On lit ce roman avec délectation et contrairement au roman-feuilleton dont je parlais plus haut où les pauses sont obligatoires c’est d’une traite que j’ai achevé cette lecture et c’est avec impatience que j’attends le suivant… si suivant il y a.

L’ETE OU TOUT A FONDU- Tiffany McDANIEL

Été 1984 à Breathed, Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local : il invite le diable à venir lui rendre visite. Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d’un vert intense, planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l’âme meurtrie, heureux d’être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l’incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d’une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors des événements étranges qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu’une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.
Porté par une écriture incandescente, L’Été où tout a fondu raconte la quête d’une innocence perdue et vient confirmer le talent exceptionnel d’une romancière à l’imaginaire flamboyant

Une fois n’est pas coutume, je cède ma place pour cette chronique à Mr Brad PAT.

Après le roman de monsieur Dan Chaon, c’est une femme qui vient de mettre KO !
Après une PLS me voilà suffisamment en forme pour vous parler de ma dernière lecture !
Les thématiques sont ici nombreuses. C’est la force des livres qui ont encore de vraies choses à raconter !
Ici, on vous parlera sans trop faire de racisme, des différences, d’homosexualité, de sida, de la famille, de Dieu et du diable nien sûr mais aussi d’amitié, de la rumeur, du respect, de l’amour, de la haine et j’en passe.
Vaste programme me direz-vous?
Oui, mais que cela ne vous effraie pas.
Le voyage sera prodigieux !
L’ETE OU TOUT A FONDU raconte l’arrivée du diable sous la forme d’un petit garçon de couleur noire. Cet été de 1984 sera le plus chaud jamais enregistré à Breathed. D’autant que les esprits vont très vite s’échauffer dans cette petite ville de l’Ohio.
Non, ce roman n’est pas un roman de genre fantastique. Il est au contraire très humain.
Humain dans le sens… pour le meilleur et surtout pour le pire !
Face à certaines vérités, face à l’inconnu, face à l’incompréhension… croyez-vous que le diable a encore des choses à apprendre aux animaux que nous sommes parfois ?
Tiffany McDANIEL possède un don pour le décalage et les mises en situation où la beauté et l’insupportable s’entrechoquent pour mieux pousser le lecteur dans ses retranchements.
C’est avec une subtilité rare mais aussi une vraie poésie des mots, des phrases… qu’elle s’introduit dans votre esprit afin d’offrir des émotions si fortes que cette puissance poétique résonne longtemps après. Un peu comme certaines scènes marquantes d’un film.
Alors j’ai du mal à vous parler des émotions ressenties durant cette lecture, je ne vais pas le cacher. J’ai pleuré et j’ai dû faire des pauses pour trouver un peu de décence.
A présent j’ai retrouvé ma sérénité et tant pis si cet été là… fut pour moi aussi fort, aussi triste et éprouvant.
Tirer ce diable par la queue en valait vraiment le feu d’une chandelle ou ce beau séjour en Enfer !


Tiffany McDANIEL

Tiffany McDaniel vit dans l’Ohio, où elle est née. Son écriture se nourrit des paysages de collines ondulantes et de forêts luxuriantes de la terre qu’elle connaît. Elle est également poète et plasticienne.
En 2002, elle a dix-sept ans et la découverte de secrets de famille déclenche son envie d’écrire. En 2003, elle achève une première version de Betty, qu’elle envoie à des agents littéraires. Mais c’est seulement en 2017 que le prestigieux éditeur américain Knopf, maison littéraire du groupe Penguin, s’intéresse au roman. Les droits de publication à l’étranger sont cédés dans plusieurs pays, dont la France et l’Angleterre. Betty paraît en 2020. Le livre est un immense succès et remporte de nombreux prix littéraires : Prix du Roman Fnac 2020, Prix America du meilleur roman étranger 2020, Roman étranger préféré des libraires du Palmarès Livres Hebdo 2020, Prix des libraires du Québec 2021, Prix Libr’à Nous 2021 du meilleur roman étranger, Prix 2022 du club des irrésistibles des bibliothèques de Montréal.

L’été où tout a fondu, écrit quelques années après Betty, trouvera un éditeur en moins d’un mois : il s’agit donc du premier roman publié de Tiffany McDaniel, même si c’est le 5e ou 6e dans l’ordre d’écriture.
Tiffany McDaniel a obtenu le titre de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en juillet 2021.


LE SILENCE – Dennis LEHANE

En cet été de 1974, dans la banlieue irlandaise de South Boston, Mary Pat Fennessey mène une existence routinière. Un soir, Jules, sa fille de dix-sept ans, ne rentre pas à la maison, et sa trace disparaît dans la chaleur moite de la ville. La même nuit, un jeune Noir se fait mortellement percuter par un train dans des circonstances suspectes. Ces deux événements sans lien apparent plongent les habitants de Southie dans le trouble.
D’autant que la récente politique de déségrégation mise en oeuvre par la ville provoque des tensions raciales et qu’une grande manifestation se prépare. Dans sa recherche effrénée de sa fille, Mary Pat, qui croyait appartenir à une communauté unie, voit les portes se fermer devant elle. Face à ce mur de silence, cette femme en colère devra lutter seule pour faire éclater la vérité, si dévastatrice soit-elle.
Grand roman américain, Le Silence met à nu le coeur sombre d’un pays en plein désarroi à travers le portrait d’une mère au coeur brisé.

Après six ans d’absence, Le silence signe le retour de l’auteur à son meilleur niveau.

Toutes les grandes choses que seule une mère peut accomplir se trouvent dans ces 400 pages de bruit et de fureur.
Un contexte politique marquant : la période du « busing » à Boston. En juin 1974, pour enrayer la ségrégation raciale, il fut décidé que des enfants des quartiers noirs seraient menés en bus à l’école d’un quartier blanc et vice versa.

L’histoire débute quelques jours avant la rentrée 1974.
La fille de Mary Pat, 17 ans, disparaît une nuit pendant laquelle un jeune adolescent noir est tué.
Mary se lance à sa recherche à travers les trafiquants et autres racketteurs dirigés par Marty Butler.
Cette quête lui révelera une autre facette de la ville, de la politique et de sa propre vie, on comprend alors pourquoi la recherche de sa fille se mue en croisade vengeresse.

Dialogues sublimes, sens de la formule, équilibre de l’action, puissance tragique, tout l’art de Dennis LEHANE dans cette formule : Boston et la violence faite aux enfants.

Mes remerciements à Hubert Artus

BREVE HISTOIRE DE SEPT MEURTRES – Marlon JAMES

Kingston, 3 décembre 1976. Deux jours avant un concert en faveur de la paix organisé par le parti au pouvoir, dans un climat d’extrême tension politique, sept hommes armés font irruption au domicile de Bob Marley. Le chanteur est touché à la poitrine et au bras, sa femme et son manager grièvement blessés. Pourtant, le 5 décembre, Bob Marley réunit 80 000 personnes lors d’un concert historique au National Heroes Park.
Si ce roman s’ouvre sur la figure du musicien reggae, il est peuplé d’hommes politiques, agents de la CIA, barons de la drogue, prostituées ou membres de gangs. En somme, un livre monumental qui abrite plusieurs voix, déroulant les années 70 à nos jours, en Jamaïque et aux États-Unis. Brève histoire de sept meurtres n’est pas seulement un livre sur l’histoire de la Jamaïque mais surtout une interrogation percutante sur le pouvoir, l’argent, la politique et la violence. Un tour de force audacieux, inventif et exigeant.

Brève histoire de sept meurtres c’est quand même 800 pages et 70 personnages. C’est la Jamaïque en plein chaos politique manigancé par la CIA, c’est la pègre qui tente de se donner une place primordiale dans cette société gangrenée par les malversations des élus. Et au milieu de toute cette agitation où s’entassent les morts…le rasta ultime, un presque-dieu vivant qui chante la paix et la liberté.

Le 3 Septembre 1976 Bob Marley est victime d’une tentative d’assassinat, un électrochoc à Kingstown déjà en proie à une violence exacerbée.

Un roman dense, ultra-dense, difficile, un roman qui se mérite (j’en connais qui n’ont même pas osé l’ouvrir ou l’ont abandonné en chemin car submergés).
Ce n’est pas une nouveauté (2015) mais il reste dans ma tète comme une actualité parce que franchement de vous à moi Kingstown, Le Cap, Rio, Marseille… faites glisser n’importe quelle date sur ces villes et tant d’autres… l’histoire se répète et les sociétés sont toujours aux mains des malfaisants en quête de profits.

BROUILLARDS – Victor GUILBERT

Marcel Marchand, excentrique espion des services secrets français, est assassiné par des agents de la CIA dans l’immense réserve d’accessoires d’un célèbre théâtre de New York : le Edmond Theater.

Avant de mourir, il a eu le temps de dissimuler, dans le fatras de décors et accessoires de scène, un mystérieux objet que la CIA comme la DGSE veulent récupérer.

Suspectant que l’identité de nombre de leurs agents est tombée entre les mains des renseignements américains à cause de cet espion décédé soupçonné de trahison, les services secrets français veulent envoyer un inconnu hors du circuit pour récupérer l’objet caché. Or, Marchand a eu le temps de griffonner un nom avant de pousser son dernier soupir : « Boloren ». Comme le nom de cet ancien flic, Hugo Boloren, qui s’ennuie dans sa formation de zythologue (« c’est comme œnologue mais pour la bière ») dans un petit village de montagne.

Le colonel Grosset, haut gradé de la DGSE et cousin de l’ancien commissaire d’Hugo Boloren, va donc le convaincre de partir à New York, de s’infiltrer dans le Edmond Theater, d’identifier et de récupérer l’objet caché. Et même si le colonel Grosset lui rappelle que sa mission se limite à retrouver l’objet caché et le rapporter en France, la petite bille qu’Hugo a dans la tête lui souffle de regarder plus loin. Alors qu’au milieu de ces brouillards, la tragédie rôde, prête à frapper Hugo Boloren de plein fouet.

Poets of the Fall – Carnival of Rust (Official Video w/ Lyrics)

Encore une fois un indispensable de cette nouvelle génération d’auteur(e)s hexagonaux, après “DOUVE” “TERRA NULLIUS”, voici “BROUILLARDS”.
Mais pourquoi cette obsession ? Recouvrir ses personnages d’une chape, dans “Douve” le village est un cul-de-sac recouvert par des nuages, “Terra nullius” est un labyrinthe plongeant dans une décharge géante, et c’est la ville de New York qui est empaquetée dans un brouillard insondable et les souterrains d’un théâtre de Broadway qui abritent la plus gigantesque réserve de décors connue.
Quand j’ai rencontré Victor j’aurais pu lui poser la question mais ni “Douve” ni “Brouillards” ne faisaient partie de mes lectures, alors je m’interroge.
J’oserai une option : à l’instar d’Agatha Christie qui mettait en place ses récits en lieu-clos, une maison, une île, un village, Victor enferme ses personnages et tel l’entomologiste les regardent se croiser, se bousculer, se mentir.
Et quels personnages !
Le récurrent Hugo Boloren qui n’est jamais mieux que confronté à l’inexplicable, incapable d’une vie privée car trop d’affects mais trop de parasite, soyons clair : il est completement barré et si Hercule Poirot avait ses petites cellules grises, lui a la bille, inexplicable bille qui se met en branle dans une métaphore de son psychisme.

Ce livre est une pépite.
Et nous n’avons pas parlé- entre autres- du décorateur de théâtre dandy trisomique, de l’éclairagiste aveugle, du directeur exhibitionniste etc…une revue de “freaks”.

Victor GUILBERT a été récompensé par le Prix DORA-SUAREZ 2022 pour TERRA NULLIUS chez HUGO Thriller.

LE PRODIGIEUX DETECTIVE – C. H. DE BURGH

Le Prodigieux détective, c’est l’histoire de Virgil Lennox, jeune homme frondeur vivant avec son père au fin fond du Nevada, dans la mal nommée bourgade de Perfection.
La vie s’y écoule classiquement, c’est-à-dire assez rudement – nous sommes à la fin du XIXe siècle -, jusqu’à un soir d’orage durant lequel Virgil est foudroyé. À son réveil, il se découvre un don pour l’investigation et se lance dans une succession d’enquêtes qu’il résout avec brio. Fort de ses succès, il part pour la Californie se confronter à d’autres énigmes..

Ce roman est comme un « best-off » de ce que le roman policier et particulièrement le roman à énigme a engendré de ses meilleurs détectives, c’est aussi un roman hommage à toutes ces personnalités du monde des arts ou du spectacle qui ont façonné ce « Nouveau Monde » entre le crépuscule du XIXe et l’aube du XXe siècle.

Ce roman est lui-même une énigme en soi dont je ne dévoilerai bien sûr pas le dénouement qui ne manquera d’en étonner plus d’un.

Alors, roman policier ? roman à énigme ? roman d’aventures ? roman historique ?
Et bien, tout ça à la fois raconté avec une écriture brillante et un extraordinaire sens de la manipulation qui s’installe dès les premières lignes de l’avant propos.

Ce roman a été sélectionné pour le Prix DORA-SUREZ 2023.

AIMEZ-VOUS LES UNS LES AUTRES – James HOLIN

Il est six heures du matin quand la police défonce la porte du jeune Nolan Dardanus à Bobigny. Les policiers cherchent son frère impliqué dans un trafic de stups. Si le frangin a échappé au commissariat, il reste en mauvaise posture, séquestré par Nacer à qui il doit 100 000 euros. Nolan affranchi par le caïd a jusqu’à 22 heures pour apporter l’argent. Heureusement, il reçoit une lettre d’un notaire de Laon, l’invitant le jour même aux obsèques et à la succession d’un oncle inconnu.
L’occasion de récupérer de l’argent. Le jeune homme fonce en Picardie. Là-bas, l’oncle d’Amérique se révèle être son père. Les présentations avec ses frères et soeurs sont courtes, car le testament les somme de s’entendre sur la succession dans la journée. S’ils n’y parviennent pas, un seul héritera de tout.

James Holin nous prouve une fois de plus que les codes inhérents au genre n’ont aucune prise sur lui. Et là il excelle dans un récit iconoclaste sur une trame très classique -la course à l’héritage dans un temps donné- qui met en scène une galerie de personnages bien déjantés aux motivations plurielles.
Se glisse à l’intérieur de cette famille hétéroclite celui que personne n’attendait : le demi-frère d’origine antillaise qui pour le coup a une motivation vitale puisqu’ il doit payer une rançon à un caïd de la pègre pour négocier la libération de son frère.
Tout ceci donne droit à une succession de situations plus cocasses les unes que les autres entre l’agitation hystérique des uns faisant basculer tout ce petit monde dans une course poursuite tourbillonnante et le calcul froid de certains autres qui atteindra son apogée quand une partie de l’héritage disparait.
Les dialogues sont succulents, les réunions de la famille -notamment chez le notaire- engendrent un chassé-croisé de répliques cinglantes et d’humour ravageur.
Vous l’aurez compris c’est un chef-d’oeuvre d’humour noir qui doit autant à Audiard qu’aux Monthy Python.

Ce polar qui n’en est presque pas un mais pourrait à tous moments le devenir est un régal doublé d’un livre qui fait du bien. C’est bon de rire.

DANS LEUR OMBRE (Une enquête de Wilkes et Bennett)

Le retour tant attendu des deux enquêteurs Wilkes et Bennett. Pour un crime ? Non ! Pour un mariage, celui de Bennett. Mais cet heureux événement dans leur belle Londres victorienne va virer au cauchemar lorsqu’un cadavre s’invite à la fête. Wilkes et Bennett ne sont pas sur l’affaire. Ils devront naviguer entre trahison, mystère et part d’ombre. Dans leur ombre.

Une enquête palpitante de Gaëlle Perrin-Guillet, qui clôture avec brio sa trilogie aux personnages attachants et dont l’écriture nous plonge avec fascination au coeur d’une époque qui marque un tournant majeur pour la police

Cette chronique aurait pu ne jamais voir le jour enfouie qu’elle était dans mes brouillons et je m’en excuse.

Un cadavre découvert sur le lieu même du mariage de Bennett cela veut dire fin de la noce et pour corser le tout l’affaire ne sera pas confiée à notre duo d’enquêteurs mais à l’infâme commissaire Burnett de la division S. Mais cela n’est pas du goût de Henry et Billy qui se lancent malgré tout dans l’élucidation d’une affaire bien plus complexe qu’il n’y parait.
Ce que nous propose l’auteure n’est pas seulement une plongée dans le crime mais bien dans l’exploration de cette fin du XIXe riche en progrès scientifiques et en pleine mutation de la réflexion sur la police, ses méthodes, ses résultats.
Si ce siècle et sa société victorienne n’aura pas été des plus tendres pour la population anglaise – Jack l’Eventreur, la prostitution, les tripots, les bandits à la petite semaine prêts à dégainer le surin, les pick-pockets, la misère – particulièrement en milieu d’urbanisation galopante telle Londres et ses mystères, l’auteure ne nous assène pas une dimension sanglante dans le récit, pas de complaisance.

C’est avec regret que l’on quitte notre duo, pour les laisser sans doute savourer une vie plus paisible. Et je ne doute pas que Gaëlle PERRIN-GUILLET ai encore quelques romans dans sa besace à nous faire partager.

DRAUGEN – Sébastien BOUCHERY

Katy Larson, romancière à succès, revient à Honey Falls, sa ville natale. Son retour va faire ressurgir d’anciens cauchemars, notamment la disparition de l’un de ses amis d’enfance, enlevé par Candel Wax. Ne pouvant résister à la tentation de régler ses comptes avec son passé, Katy Larson décide de retrouver l’homme acquitté au moment des faits et d’en finir avec lui. Mais son chemin est jalonné de pièges et de dangers, car Candel Wax reste l’assassin machiavélique qu’il a toujours été. Une curieuse alliance va alors devoir se former et un duel à mort s’engager.

Un roman qui en 540 pages emmène le lecteur à travers tous les aspects du roman noir.
On y retrouve la sensibilité et la fluidité du récit d’un Stephen KING, la présence du croque-mitaine aussi angoissante que la façade de sa demeure, les magouilles politicardes, l’ultra-violence d’un hard-boiled.
Sébastien BOUCHERY serait-il le maître du cliffhanger ?
Jusqu’à la page 470, impossible de deviner le tournant que peut prendre cette histoire dense, sans concessions dans laquelle nous sommes entrainés depuis les premières lignes du récit.
C’est un livre qui compte dans le paysage du polar et qui devra compter encore longtemps tant je pense qu’il n’a pas effectué le voyage littéraire qu’il mérite.

C’EST TON NOM – Laurent RIVIERE

Franck Bostik, l’ancien flic de Nevers, vient d’apprendre qu’il avait eu un fils douze ans plus tôt. La mère cherche à le mettre devant ses responsabilités, alors que l’adolescent devient compliqué à gérer.
Ayant hérité d’une parcelle de bois dans le Morvan, Bostik décide de s’y réfugier pour réfléchir à cette soudaine paternité.

Dans ce Morvan profond, il apprécie la compagnie de Thibaud, un jeune bucheron aussi doué que taiseux dont les silences cachent peut-être bien des choses.
Là-bas, Franck renoue avec son amie Livia, une archéologue rencontrée lors de fouilles sur le site de Bibracte. Elle lui demande de l’aide pour identifier des ossements mystérieusement retrouvés dans la cave d’une vieille maison au pied du lac de Pannecière. Ceux-ci correspondent au squelette d’un enfant d’une douzaine d’années, qui a manifestement été maltraité.
Douze ans, l’âge du fils de Franck.
Enquête policière et quête intérieure se mêlent. Franck va-t-il réussir à rencontrer son fils, à assumer un rôle de père ? Et qui est cet « enfant du Lac » ? Que lui est-il arrivé ?

En ouvrant un livre de Laurent RIVIERE je me laisse accompagner au fil des quelques premières lignes dans ce monde qui le caractérise si bien, un monde d’humanité et d’une certaine nostalgie de cette société pas si ancienne que ça qui s’entretenait à travers le travail, les liens familiaux, l’amicalité et les travers de tous en chacun exprimant avec plus ou moins de violence la souffrance d’un peuple, de ces « gens de peu » comme il est dit au début du roman.
Le voyage aux multiples étapes et multiples rencontres ne se teinte qu’à peine d’un sourire face aux déboires affectifs de Bostik avant de retomber dans ces méandres cruels de l’Histoire à travers l’Odyssée des enfants déplacés les « Petits Paris ».

Avec « Le dernier Sycomore » Laurent Rivière faisait revivre cette époque des cités ouvrières, des engagements politiques, des engagements sportifs. Tout un monde renaissait à mes yeux.
Les « Petits Paris » est sans doute une histoire que d’aucuns d’entre nous auront oublié tel une décision politico-sociale sensée prouver la bonne volonté d’un gouvernement se préoccupant de la population et particulièrement des moins bien nantis pour les jeter dans un monde d’esclavage, de souffrance avec la bénédiction de Dieu et du gouvernement.

ENVOLE-MOI – Valérie ALLAM

Valérie Allam signe avec « Envole-moi » un grand roman, très noir et très poétique.

Une symbolique, les oiseaux. Corbeaux, corneilles, oiseaux noirs, qui traverseront l’ensemble du récit et dont la mission sacrée, depuis la nuit des temps, est d’accompagner les morts dans l’au-delà.

Et des histoires croisées. Celles de deux rescapés d’un internat pour enfants en difficulté. Mick le bagarreur, devenu garagiste, Lily qui se peint des plumes sur le corps en attendant de s’envoler. Celle de Jésus, au passé trouble, qui n’arrive plus à s’exprimer et note tout ce qu’il ressent dans son calepin. Celle d’une dame qui apprend le piano avec un professeur qui semble lui redonner goût à la vie, jusqu’à ce que son épouse disparaisse. Et la mère de Jésus, dont le principal souci est le déménagement d’un cimetière.

Et puis, il y a Aernoult, un maffieux belge qui tire beaucoup de ficelles et, de par son réseau de prostitution et le trafic de voiture qu’il organise, régit la vie de tout ce petit monde. Et puis, et puis…

D’abord il y a celui qui ne parle pas, il s’appellerait Jésus, il ne parle pas ou seulement à un oiseau sinon il écrit dans des carnets. et puis il y a Duncan le moineau qui écoute Jésus, qui parle à Jésus et qui lui offre une bande son correspondant à ses humeurs, Duncan il ou elle est dedans comme dehors.
Il y a Mick, de la graine de « marlou », du pas fréquentable, violent, délinquant mais éperdument amoureux à sa manière de Lilly la femme-oiseau qu’il détient prisonnière dans une casse automobile le temps de lui confectionner des ailes dessinées sur tout le corps pour qu’elle puisse s’envoler.

Ce rêve en demi-cauchemar va être décimé par la réalité, tout ne peut pas être aussi poétique, il y a des cadavres à déterrer et particulièrement celui de Clara, personnage qui hante le récit en recherchant une fenêtre qui n’a jamais existée à travers la musique classique qu’elle interprète au piano jusqu’à quelle découvre qu’elle est faite pour jouer un requiem comme Claire, la mère de Jésus qui ne joue plus à rien sauf peut-être mourir pour de vrai, mais est-ce un jeu que de finir dans une fosse commune.
Et Stella déjà morte qui habite ce récit comme les oiseaux virevoltent, elle s’épanche auprès des carrosseries qu’elle caresse comme pour mieux succomber au hasard de son envol à la chaleur de Mick.

Je savais qu’en lisant les cent premières pages du manuscrit de Valérie ALLAM j’allais droit dans un roman très noir et surtout dans un roman complexe, comme un roman de perdition et j’étais partagé entre l’envie de m’y jeter et une crainte de m’y perdre.
L’ouvrage publié m’a donné raison, je souhaitais mettre des mots et une musique, cela m’a pris beaucoup de temps pour ne pas coller à l »évidence » et j’espère que les lectrices et lecteurs de ces lignes pourront rejoindre cette émotion qui m’étreint à chaque lecture de Valérie ALLAM.

LE FRIC OU L’ETERNITE – Paul CHAZEN

« Finalement, la seule chose qui ne changera jamais, c’est que tout change tout le temps… »
Ici, la Famille avait toujours régné en maître absolu. Socrate, lui n’en savait rien et n’en soupçonnait même pas l’existence. Mais comme au flipper, parfois il y a des rencontres qui bouleversent les destins ! Pour Socrate, ce sera Nino. Et avec lui son cortège de tsunamis. Parce que, il faut bien le dire, tueur, ce n’est quand même pas un métier comme les autres ! Gratifiant ? Oui, bien sûr. Mais pas facile tous les jours de tenir sans arrière-pensée la balance du jugement dernier ! Parfois, il suffit d’un rien…

D’abord c’est l’enfance, puis l’adolescence baignée dans la misère, la vie en taudis avec un père alcoolique, les dimanches au bidonville où vit la grand-mère qui sent le saucisson à l’ail et prépare un bortsch qui semble bien peu appétissant mais aussi un makowiec succulent gâteau aux graines de pavot avec des fruits secs, le cauchemar des chiottes empuantis et le tintement de la musique du rideau de la grand-mère entièrement fait en capsule de bière.

Et puis la rencontre tardive dans un rade avec un mec bourré qui lui propose un job vraiment pas comme les autres.
Alors le gamin des friches et des bidonvilles devient Socrate le tueur à gage, sans plus d’états d’âme que ça il prend le taf, l’exécute et touche l’argent : 50 briques pour s’acheter un bateau, rester à quai et ne pas vivre comme tout le monde.

Témoin d’un tabassage en règle sur un bas-port Socrate sans hésitation dégaine son Glock et abat les deux brutes avant de s’enfuir avec la victime et la ramener sur son bateau.
Troisième étape dans sa vie : la rencontre avec Nino.

Nous pourrions dire que Socrate se sédentarise, voire se fonctionnarise auprès de son nouvel employeur qui n’est autre que la mafia, tout roule entrecoupé de mini festins de « pasta » et rosé exceptionnel. Les contrats s’enchainent, les morts s’accumulent mais les emmerdes aussi et il faudra bien prendre une décision : pourquoi pas foutre le bordel et que les autres s’entretuent, tous seuls.
Alors comme Socrate n’a toujours pas adhéré à des états d’âmes ou encore à une morale, comme vous le souhaitez, il déclenche l’enfer avec un détachement jouissif.
Peut-être est-ce l’effet de cette nouvelle rencontre avec Mr Wu maître en sagesse…mais laquelle ?

Remarquable roman, direct, brutal avec son personnage qui en a déjà assez vu pour se lancer dans une aventure inouïe, tout ça avec un détachement qui caractérise ceux qui savent déjà qu’ils vont réussir.

LA MECANIQUE DU PIRE – Marco PIANELLI

« Pour combattre des démons, on gagne à faire appel au Diable, lui avait dit un jour un chef de clan en Afghanistan. »
Lander doit se rendre à Paris pour accomplir sa dernière mission. Un objectif très à risques, véritable raison de son retour en France et de son changement d’identité. Pour lui, le compte à rebours est déjà lancé. Mais en chemin, il croise la route de Marie. Une jeune veuve dont l’époux policier s’est « suicidé » il y a quelques années, la laissant seule avec leurs deux enfants et beaucoup trop de questions… Lander a un doute, une intuition… Derrière ce geste désespéré, n’y aurait-il pas la marque du Mal ? Comme les ténébreux agissements de la BAC 96 qui semble avoir mis la ville sous sa coupe ! Implacable et plus enragé qu’un fauve, Lander se lance à corps perdu dans ce combat, bien décidé à faire place nette et à rétablir la vérité !

Lander est une bête de guerre, une machine à tuer pour faire régner « sa » justice » et par la même occasion solder l’addition qui traîne depuis trop longtemps sur les bureaux de la BAC.
Lander c’est Charles Bronson ou Clint Eastwood s’il avait existé il y a maintenant de nombreuses années, maintenant c’est plus Vin Diesel mais il n’en reste pas moins ce héros que parfois nous avions un peu honte d’aimer, ce « vigilante » sans pitié qui nous envahissait de questions « avons nous le droit de faire justice? », « quelle est la limite du meurtre ? ».
Lander balaie toutes ces interrogations les reléguant même au rang de « pudeur de jeunes filles ».
Qu’importe, le train est lancé et personne ne peut l’arrêter. Implacable du début à la fin et comme Lander la lecture est inarrêtable.

COMME UNE IMAGE – Magali COLLET

Lalie a 9 ans, un teint de pêche et des joues roses. Elle a aussi deux frères et des chatons, une belle-mère et deux maisons.
C’est une enfant intelligente et vive, une grande sœur attentionnée et une amie fidèle.
C’est la petite fille que chacun aimerait avoir.
D’ailleurs, tout le monde aime Lalie.
Tout le monde doit aimer Lalie.
C’est une évidence.
Il le faut.

L’auteure Magali COLLET pose les bonnes questions concernant une enfance (toutes les enfances ne se ressemblent pas et n’induisent pas les mèmes effets). Effectivement selon la classification officielle des troubles de l’enfant on ne peut pas parler de psychopathologie, terme déjà énormément galvaudé, particulièrement chez nos confrères écrivains mais totalement inadapté à la structure psychologique de l’enfant, nous parlerons donc d’une structure adulte déviante.

En l’occurence je pense (et cela n’engage que moi) la « douce » Lalie souffre d’un syndrome de perversion narcissique que je me garderai bien d’expliquer.

Ceci étant dit le roman est parfaitement maitrisé, sans temps morts, un « page-turner » implacable, une plongée dans l’inexorable, un appel au gouffre des émotions, qui s’y frotte s’y perd au gré des émotions de rejets, parfois de haine. Nul n’en ressort béni dans ses actions et réactions, tous fautifs. Mais comment s’en sortir devant une telle complexité qui est le propre de la perversion.
C’est un roman noir, très noir qui m’a fait ressurgir des événements (nullement aussi dramatiques) de ma carrière professionnelle.
Quarante années de psychiatrie m’ont amené à rencontrer la « perversion infantile » et heureusement je n’ai jamais été confronté au crime.

https://www.la-clinique-e-sante.com/blog/relations-toxiques/reconnaitre-pervers-narcissique#:~:text=Le%20pervers%20narcissique%20se%20consid%C3%A8re,valoriser%20aupr%C3%A8s%20de%20son%20entourage

SKAER – Philippe SETBON

Pays Basque. Dans une grande maison de maître, Harriet, la gouvernante, s’active. « Monsieur » doit bientôt arriver de Suède, ainsi qu’un mystérieux « colis ».
Non loin de là, mais ignorant tout de cette demeure, Skaer vit seul, en ermite. Mais un drôle d’ermite. Un baroudeur, plutôt, passant son temps à maintenir sa condition physique, à s’entraîner. Mais à quoi ?
On comprend rapidement qu’il s’agit d’un ancien militaire. A-t-il déserté ? Lui a-t-on confié une mission ? Il est là, et se tient prêt à passer à l’action.
Mais son plan semble chamboulé quand un soir, dans la seule habitation proche de chez lui, habituellement vide, une mère et sa fille décident de poser leurs valises. Elles semblent fuir quelque chose… ou quelqu’un.

…Dans un mouvement aussi naturel qu’imprévisible, il lui saisit le visage de sa grosse main et lui aplatit le crâne contre le tronc. Un seul coup suffit. La cervelle éclatée, les os broyés, l’homme s’affaissa sans un bruit sur le sol moussu.
– Risque zéro camarade…

Tous les lecteurs de Skaer s’accordent à dire que le personnage qui illumine ce roman est Celestia la petite ado plus futée qu’un renard, plus courageuse qu’une louve protégeant ses petits et plus rayonnante que mille soleil.
Skaer lui, porte en lui et sur toute la surface de son corps les stigmates de sa formation dans les commandos d’élite. Skaer ou Aaron bouillonne de rage alors il s’active pour contenir ce volcan mais quand survient une violence qu’il juge intolérable il rentre dans l’arène. Utilisant tout ce qu’il a appris, tout ce pourquoi il a été entraîné il se lance aux trousses de prédateurs sexuels qui enlèvent des enfants et les torturent pendant des jours.
Pour Skaer, accompagné du capitaine Paul Burgonges grand flic déguingandé, il n’y aura nul pardon. Si le diable s’en mêle il devra compter les morts dans ses rangs.

On le sait, Philippe SETBON est auteur, scénariste, metteur en scène, photographe et c’est dans un style très visuel qu’il nous conte ce récit de fureur et de sang. Je me suis pris à rêver d’une adaptation cinématographique avec ce décor sauvage de la campagne basque, avec ces personnages parfaitement définis dans leurs rôles, les dialogues ciselés et les réparties qui claquent. C’est déjà un excellent roman, ce pourrait faire un très bon film réalisé par l’auteur himself, on a déjà vu de quoi il était capable dans le genre avec son film CROSS.

VOS ENTRAILLES A NOS CHIENS – Pascal THIRIET

Lydia de retour au village est accueillie par le maire, son oncle Bartolomé, qui s’est porté garant suite à la condamnation dont elle a fait l’objet. Zia, sa tante, soigne et propose ici des remèdes pour conjurer le mauvais sort… Andréa, un gamin mazzéru, s’endort, rêve qu’il part à la chasse et qu’au matin il ramène une bête dont la tête est celle de quelqu’un du village qui mourra dans l’année… Depuis que Lydia est de retour, quelques corps de touristes ont été retrouvés éviscérés et suspendus dans les arbres de la forêt proche. Só le merle impérial voit et entend tout mais pas la peine de lui demander quoi que ce soit, il ne parle qu’en songe ou à Lydia. Le juge du parquet de Marseille, nommé sur l’île pour la circonstance, va avoir du fil à retordre pour démêler l’écheveau…

Ce roman nous emmène dans un magnifique écheveau mêlant polar, ruralité, écologie, mythes et légendes.
En effet il y est question de meurtres sanglants et rituels, de la vie au quotidien dans un village de montagne corse, d’un jeune garçon qui reçoit des messages funestes en rêve, d’une jeune femme qui pourrait être porteuse du « don », de sangliers pareils aux hommes.
Tout cela savamment construit pour en faire un magistral récit de sang et d’amour, amour entre les humains, entre les humains et la nature, quelque chose de féerique car les légendes protègent celles et ceux qui y croient même si parfois l’homme vient à forcer le destin.

LA BELLE DE CAUX – Ludovic MISEROLE


https://www.youtube.com/watch?v=jN7j8KdaJ4U
https://www.youtube.com/watch?v=aJZ6itRZbWo

Elle se sait condamnée, victime, comme tant d’autres, de la cruauté des hommes. Ce soir, la belle d’antan vit ses dernières heures. Incapable de bouger, et encore moins d’appeler à l’aide, elle les entend, à la porte, discuter de la façon dont ils vont se débarrasser d’elle. Résignée, elle n’a d’autre choix que de se préparer à l’inévitable en se remémorant les jours heureux partagés avec Maupassant, Massenet, Hugo et tant d’autres, ces fantômes d’une gloire révolue. Et si de son histoire dépendait justement son Salut. Et si… Depuis des années, Ludovic Miserole prend plaisir à raconter le destin de gens ordinaires ayant vécu des choses extraordinaires. Avec La Belle de Caux, l’auteur ne déroge pas à cette règle qu’il s’est fixée. Embarquez dans cette nouvelle histoire dans laquelle le devoir de mémoire se fait ressentir à chaque page.

N’hésitez pas à ouvrir les deux liens indiqués un peu plus haut, ce sont des témoignages audio-visuels des archives de la télévision française concernant l’Hostellerie des vieux plats.

Le prologue nous entraîne dans une vague d’émotions, j’ai su dès cet instant que je n’avais d’autre choix que me précipiter dans la lecture de ce roman étourdissant.
L’auteur nous cache toutes représentations de la narratrice, les deux personnages qui rodent autour d’elle ne sont pas ce qu’ils semblent être et il y a la famille Aubourg resplendissante et courageuse, parfois maltraitée par la vie mais toujours unie avec une détermination sans failles.

Ce récit tout autant historique que romancé nous est conté par l’auteur qui sait ce que chaque mot veut dire. Point de bavardages inutiles pour nous emmener à travers cette fresque artistique
(nous croisons Alexandre Dumas, Guy de Maupassant, Courbet et Monet …), culinaire, les revers dus à la guerre et à l’occupation allemande. Toujours dignes face à l’adversité. La vieille dame qui nous conte ses souvenirs en est la preuve vivante face à la mort qui s’approche.
Ce roman est d’une beauté rare, je crois que je ne pourrai jamais l’oublier et ainsi satisfaire le dernier voeux de La Vieille Dame.

INSTANTS SAUVAGES – Noël SISINNI

Quelque part dans les Pyrénées, Richard Butel, romancier, la cinquantaine, ne parvient pas à surmonter la disparition brutale et inexpliquée de sa femme, Leslie.
Héroïnomane depuis des années, totalement isolé dans son monde, loin des hommes, il vit dans le déni le plus total lorsqu’il fait une singulière rencontre: une très belle louve qui rode autours de chez lui.
Richard décide alors d’apprendre à communiquer avec elle, de devenir sauvage à ses côtés… Il est persuadé que cela lui permettra de renouer avec Leslie…
Cependant, quand le cadavre d’une femme est découvert, dans la montagne, à moitié déchiqueté par les bêtes sauvages, Richard est immédiatement soupçonné d’avoir assassiné son épouse.
Qui, des autorités, de la nature humaine ou de l’instinct sauvage, sera capable de démêler cet étrange écheveau ?

Un roman sur l’absence, la séparation, l’insupportable manque.

Je suis un homme vidé de sa substance depuis la disparition de Leslie, j’ai perdu tout ce que j’avais, j’ai renoncé à écrire, renoncé à vivre. Mon existence psychique est aussi fragile que la structure de ma cabane dans les bois, elle subit les intempéries, les aléas, moi, je m’inflige une perdition à base d’alcool, de tabac, d’héroïne, j’essaie de me fondre dans la terre, les feuilles, les odeurs d’humus, de m’y perdre comme dans une tombe grattée à s’arracher les neurones sans jamais avoir pensé que c’est de là que pourrait venir ma rédemption.
Elle ne s’y est pas trompé la louve blessée, elle est venue se réfugier auprès de celui qui avait autant besoin d’elle que elle de lui.
Richard devra se reconnecter à l’existence, se débarrasser de ses addictions, confondre parfois Leslie absente et la louve toujours en quête d’amour.

Cet insupportable manque !

C’est un des rares roman noir que j’ai lu qui se termine sur une note, que dis-je une symphonie d’espoir,
merci à Noël SISINNI pour ce remarquable roman.

LE MANOIR HANTE – Salvatore MINNI


Lisa et Luca sont deux frère et soeur qui vivent une vie tranquille avec leurs parents à Bruxelles. Jusqu’au jour où Lisa aperçoit une lumière à la fenêtre du vieux manoir Horta en face de chez eux. Or, le manoir est en ruine et inhabité depuis des dizaines d’années… Décidés à élucider ce mystère, les deux enfants ne reculeront devant rien… ou presque!

Dans la collection MYSTERE EN BELGIQUE.
A partir de 7 ans.

LE DERNIER SYCOMORE – Laurent RIVIERE

Le dernier sycomore par Rivière

Radié du commissariat de Nevers en raison de litiges avec sa hiérarchie, l’ex-lieutenant de Police Franck Bostik s’est réfugié à Vauzelles, la Cité-Jardin cheminote de son enfance. Retrouvant là-bas son cousin, un militant collectionneur de tracts syndicaux et dernier mohican à n’avoir pas vendu la peau de l’URSS, Bostik tente de se refaire le moral dans un décor ouvrier qui lui est familier : quatre-cents pavillons identiques au coeur de rues tracées à l’équerre et bordées d’arbres aux essences rares.

Pour passer le temps, Bostik et le Couz’ se sont mis au défi de résoudre une énigme locale : retrouver les individus qui dérobent la tête de la statue de l’Aviatrice, un monument mystérieusement saccagé depuis 1943. Mais Bostik devra vite changer de braquet le jour où la mort surgit brutalement dans sa petite enquête, en apparence anodine.

Quels secrets de famille lui a-t-on caché au cours de ces quinze dernières années ? Le crime a-t-il un lien avec la statue décapitée ? Dans la cité-jardin, les avenues de sycomores lui paraissent tout à coup bien plus inquiétantes que dans son enfance.

Depuis 100 ans la Cité Jardin est un repère, certains vous diront que l’on s’y perd, que les maisons sont toutes les mêmes, c’est bien mal la connaître ! A elle seule, elle inscrit l’histoire de la ville dans l’évolution industrielle de notre pays et de notre territoire. Ce document est une invitation à découvrir les détails et les anecdotes qui font des maisons de la Cité des éléments de mémoire urbaine et ouvrière.

Historiquement au cœur de la vie cheminote au côté des ateliers des chemins de fer, la Cité Jardin a su évoluer au fil du temps : les rues ont pris les noms des Résistants, une piscine s’est installée en son centre, des maisons modernes voisinent avec les maisons ouvrières, les avenues se sont adaptées aux modes de déplacements.

Son implantation au lieu dit Vauzelles et le développement de notre ville autour de ce quartier sont à l’origine du changement de nom de la commune en 1969 : Varennes-Les-Nevers devient Varennes-Vauzelles.

Ils sont fragiles les personnages de Laurent Rivière, un peu de bric et de broc, mal ajustés à la vie mais avec un coeur « gros comme ça » ancrés encore dans l’enfance passée dans ce décor de la Cité-Jardin au plus profond de la « vraie vie », celle qu’on gagne à la sueur de son front avec la peine qui va avec. Alors les ados puis les jeunes adultes enquêtent sur une mystérieuse statue d’aviatrice décapitée une fois l’an, entre les parties de baby-foot et les revendications sociales.
Les jeunes gens vieillissent, Bostik devient flic et le Couz’ un branleur patenté.
Mais quand la mort s’invite le jeu doit cesser, les secrets refont surface, les parties de baby-foot ne sont plus exactement celles que l’on croit connaitre et la statue de l’aviatrice renferme plus de peine et de douleur qu’il n’y parait.

Il n’y a pas de héros dans cette histoire ou alors peut-être la Cité elle-même détentrice de tant d’histoires.

HELOÏSE – Ophélie COHEN

« Toutes les femmes ont une histoire. La mienne est plutôt moche. » À la veille de ses trente ans, au cours d’une nuit entourée des fantômes de son passé, Héloïse va se raconter. Portée par les souvenirs et les remords, elle ouvre la boîte de Pandore. Noir, intime et dérangeant, un roman à la fois sombre et lumineux dans lequel les émotions sont à fleur de mots

Dès le prologue on sait qu’on va plonger dans une histoire noire, glauque, un testament.
Mais le pire reste à venir.

Le mot-clé de ce roman est  » abandon « . L’empreinte de l’abandon originel va façonner la vie d’Héloïse, d’échecs en maltraitances, de violences en blessures dans le cops et à l’âme. De bien trop fugaces éclaircies tentent d’illuminer un peu ce récit sans jamais y parvenir au point tel que le lecteur y prête peu d’attention.
Il s’agit bien d’un récit, nulle intrigue ne vient se prêter à une divergence. Le récit d’une vie perdue, le récit du désespoir, le bilan d’années de souffrance jusqu’à la dernière page et comme pour tout bilan il faut bien en tirer les conclusions qui s’imposent, la sentence sera irrévocable.

Héloïse victime oui, mais aussi bourreau et le statut de l’une ou de l’autre n’est pas plus facile a porté et ne peut que l’enfoncer un peu plus dans les ténèbres de l’Ombre qui l’entoure et la maintient figée dans cette inexorable perte.

C’est un récit poignant, dérangeant et tellement emprunt de vérité.
Ce roman est sélectionné pour le Prix DORA-SUAREZ 2022.

SOUVIENS-TOI DE SARAH – Page COMANN

Diane, éditrice chez Sandwood Publishing à Londres, reçoit un manuscrit anonyme.Une jeune adolescente, Sarah, y confie sa vie de misère dans les années sombres de l’Angleterre des années 60. Elle y avoue aussi les crimes qu’elle a dû commettre pour échapper à son destin. Vraie confession ou habile fiction d’un auteur contemporain?
Bouleversée par ce manuscrit, Diane cherche à en retrouver l’auteur et part sur les lieux où Sarah dit avoir vécu et souffert, quête qui lui fait traverser les paysages époustouflants d’Irlande et d’Écosse.

Comme je l’ai dit précédemment Souviens-toi de Sarah est sans aucun doute le meilleur roman de l’année et j’insiste sur l’appellation « roman » car c’est un ouvrage qui transcende tous les genres.
Même si je connaissais les auteurs en lisant le manuscrit j’ai opéré une forme d’arrêt sur image…
Curieux mais pas impossible, la preuve : j’ai perdu les auteurs de vue et je me suis persuadé que Page Comann était une femme, j’ai mis de côté l’époque pour le vivre dans un monde victorien.
J’avais installé Dickens dans le récit.

Il y a chez Page Comann ce romantisme des faubourgs, de la tristesse et de la souffrance si chère à Dickens. Ce qui nous prouve après réflexion que le monde change très peu, la société évolue peu voire pas surtout quand il s’agit d’exploiter et maltraiter les plus faibles. Quand je parle de société il est évidemment question du clergé et de la bourgeoisie, des institutions en général peu enclintes à renoncer à leurs privilèges.
Dans tous les grands romans victoriens la recherche des origines est au centre de l’intrigue, je pense à Le Quinconce de Charles Pallisser ou aux Illusions perdues.
Ce roman est déjà un « classique » avec son histoire de quête plongeant le lecteur dans l’infamie, son écriture ciselé, pas un mot de trop ni en moins, la fluidité du texte (pas simple dans ce genre d’exercice à quatre mains).
Je réitère : sans doute le meilleur roman de cette année.

NUITS BLANCHES EN NORMANDIE- Jérôme SUBLON

Mort (prononcer « Morte », comme Mort Shuman), est un ancien « enfant-placard ». Il a réussi à sortir de cette enfance tragique en mettant au point une stratégie imparable pour se venger des multiples humiliations dont il a été victime. Le problème, c’est que devenu adulte… il continue. Il transforme la ville de Rouen en terrain de guerre et ce sont sept meurtres inexpliqués que le commissaire Kerny doit résoudre. Mais Kerny, à quelques jours de la retraite, n’a pas envie de se compliquer la vie et traite les dossiers par-dessous la jambe. Le massacre peut continuer…

Une énorme surprise !
En effet croiser Jérôme SUBLON sur la route de cette poursuite infernale ultra-violente n’est pas rien, il ne nous avait pas habituer à ça et il s’en sort très bien.

C’est le récit de l’enfance outragée, sacrifiée.
Mort et Malvina sont tout d’abord des victimes, lui Mort est un enfant du placard dont le seul espace vital est une soupente aveugle sous l’escalier pendant que sa mère se prostitue, elle Malvina prostituée très jeune par sa mère qu’elle finira par tuer en incendiant la maison.
Mort est difforme, bossu, Malvina est belle. Quasimodo et Esmeralda, la Belle et la Bête.
Ils s’unissent dans des noces de sang et de sexe, chevauchant un monstre mécanique, la fameuse Triumph Thruxton 1200, à la recherche des blessures du passé pour faire payer le monde qui les entoure. A chaque nouvelle blessure infligée, une insulte, une moquerie, Mort le
condamne, non pas à mourir mais à devenir un meurtrier.
C’est brutal, rapeux comme de la toile émeri, ça fait mal et ça tache.
Pas un instant de répit dans la lecture car Mort ne s’octroie aucun répit, il persiste, il n’a jamais pu quitter son placard et Malvina l’y a rejoint, il est passé de la masturbation solitaire forcenée à la découverte d’un échange sexuelle même si ses mots traitent l’affaire avec un mélange de vulgarité et de banalité. Mais comment peut-on parler d’amour avec ce fardeau de sa vie, il en est ainsi pour Malvina aussi.

A lire absolument car si on parle de roman noir je crois que là il est difficile de faire plus sombre.

DIEU EST UN VOLEUR QUI MARCHE DANS LA NUIT – Quentin BRUET-FERREOL

https://www.youtube.com/watch?v=vzVKLGLYENU
https://www.youtube.com/watch?v=uo6Su-ywzK0
https://www.youtube.com/watch?v=vBhcGH7s9Ac

Entre roman noir et récit d’initiation, Dieu est un voleur qui marche dans la nuit est le fruit de sept années d’enquête sur la secte Heaven’s Gate, rendue célèbre par le suicide collectif de ses trente-neuf adeptes en mars 1997
Californie, 1997. Trente-neuf corps retrouvés dans une villa. Uniformes noirs. Draps mauves sur le visage. La mort semble être venue à eux paisiblement. Et pourtant, un signal clignote sur tous les ordinateurs : « Alerte rouge ».

Vingt ans plus tôt, Barthélemy, jeune hippie au bout du rouleau, rencontre Dieu lui-même dans un motel miteux. Pour devenir l’un des disciples de ce quadragénaire charismatique, il doit renoncer à l’amour, à sa famille et jusqu’à sa propre humanité. S’il y parvient, son maître lui a promis, il lui ouvrira les portes du paradis.
Pour l’auteur, tout commence le jour où il découvre le site Internet de la secte Heaven’s Gate. Comment peut-il être encore actif, alors que tous ses membres sont morts lors du suicide collectif ?

Première secte de l’ère Internet, Heaven’s Gate annonçait les tensions qui agitent nos sociétés contemporaines. Inspiré de faits réels, ce roman est une plongée vertigineuse dans le fait divers le plus étrange du XXe siècle et dans l’âme de ses adeptes en quête d’absolu, qui nous ressemblent bien plus qu’on ne peut l’imaginer.

passez la première minute, c’est une pub.

Une immersion totale dans un monde qu’à priori mon bon sens aurait renié sans toutefois fait taire ma curiosité.
Deux individus, un homme et une femme surnommés d’une manière ridicule un peu à la façon des télétubbies s’en viennent dans des petites villes prêcher une connexion extra-terrestre qui peut nous emmener directement vers Dieu, à condition de devenir « parfait » et « éligible » au voyage.

Nous sommes en 1977, les citoyens américains se cherchent une voie, qu’elle soit spirituelle ou sociale, ce qui pèse des années précédentes reste un fardeau lourd à porter.
Et comble de la manipulation il n’est demandé à personne de transmettre ses biens et avoirs à la secte, au contraire il faut en faire don à qui on veut et abandonner toute sexualité.
Vingt ans après le désir de règne sans partage viendra à bout de Marshall professeur de chant, homosexuel convaincu et illuminé adorateur de Star Trek c’est la trahison de Bonnie qui contre toute doctrine aura des relations sexuelles et mourra, il entrainera alors avec lui trente huit adeptes dans ce qui devait être l’aboutissement, l’ultime voyage, provoquant parfois la colère de ceux qui ne furent pas invités.

Heaven’s Gate est un regroupement atypique dans le sens où il n’y a pas ou peu de contraintes pour les adeptes, une option « new age » en quelque sorte et surtout basé sur une idée saugrenue: un vaisseau extra-terrestre viendra nous chercher, tenons nous prêts pour ce rendez-vous et nous rencontrerons Dieu
Cela en dit long sur la misère intellectuelle et affective que supporte l’Amérique à cette période de l’Histoire, particulièrement dans l’Ouest du pays.

Ce livre est non seulement passionnant mais aussi très bien composé, argumenté à souhaits, impossible de le laisser, c’est un événement.

 » Deux personnes ont révélé qu’elles venaient du Niveau Supérieur Au-Dessus de l’Humain et qu’elles allaient y retourner à bord d’un vaisseau spatial (ovni) d’ici quelques mois. Cet homme et cette femme expliqueront comment faire la transition du niveau humain jusqu’au Niveau Supérieur, et quand cela peut arriver »

LA TERRE EN COLERE – Nils BARRELLON

Un corps pendu au-dessus du périphérique parisien. Une vidéo revendiquant l’assassinat au nom d’un surprenant Djihad Vert. Le commissaire Bonfils et le groupe Da Silva, de la brigade criminelle de Paris, sont saisis. Très vite, la liste des prochaines victimes est communiquée au grand public. La panique gagne les dirigeants des entreprises les plus polluantes de la planète. Qui sont ces curieux activistes, prêts à toutes les horreurs pour faire entendre leur cause au plus haut niveau de l’État ? Qui tire les ficelles de ces soldats de la Terre jusqu’au-boutistes légitimant leurs actions par l’urgence écologique ? Julien Bonfils va devoir s’employer à faire la lumière sur ces meurtres et découvrir que les grandes causes ne servent pas toujours les grands sentiments.

On est projeté dans une actualité brûlante, que ce soit au niveau de l’urgence écologique que de la manipulation politicienne et mafieuse.
Le roman tient un rythme grâce à des chapitres courts qui font s’enchainer les événements et surtout les cadavres tant derrière une façade de bons sentiments se cachent les bouchers de notre société et les profiteurs de toutes espèces.

Bref, on suit une enquête policière mené de main de maître par Julien Bonfils et orchestrée par Niels Barrellon au mieux de sa forme, encore que ce ne soit pas mon préferé de l’auteur, mais il n’est jamais décevant et j’attendrai comme à chaque fois son prochain ouvrage avec impatience.

LA CHIMERE DE LA DOMBES – Frédéric SOMON

Un matin brumeux dans la Dombes, sept ans après les premiers assassinats d’adolescentes, la découverte d’un nouveau meurtre avec un modus operandi identique, est un choc pour les gendarmes de la section de recherches de Lyon. Ces derniers étaient convaincus d’avoir mis hors état de nuire celui que la presse avait surnommé « Le tueur de la Dombes ». Si le chef Deschamps est chargé de cette nouvelle enquête, il en sera très vite dessaisi lorsque son épouse sera abordée par un inconnu qui s’avèrera être le serial-killer. Se moquant des gendarmes, ce dernier n’hésitera pas à les provoquer, jusqu’à kidnapper, à quelques centaines de mètres de leur caserne, une autre adolescente.
Ces deux affaires entraînent de nouvelles tensions entre la gendarmerie en charge du meurtre et le SRPJ enquêtant dans la disparition d’Alys Valemberg. Une enquête sous haute tension qui mettra tout le monde sur les nerfs de Lyon jusqu’à Genève.

Il faut saluer Frédéric SOMON qui vient de recevoir un Prix à Nîmes ce week end et je l’en félicite.
Pour ma part je suis passé d’emblée au deuxième roman, une « suite » qui s’avère magistrale.
Une connaissance bien sûr approfondie du milieu de la Police Judiciaire, de par le fait et une connaissance de l’être humain dans son milieu personnel ou professionnel qui fait de ce roman un véritable document doublé d’un récit passionnant qui parfois touche au mystique, ménage le lecteur à travers des moments de reflexions, d’accalmies pour mieux le plonger dans l’univers cruel de cette traque qui peut ruiner la vie de tous les protagonistes, laissant planer la figure dantesque du tueur, un peu comme un personnage de John CONNOLLY.

LE REVE D’HABIB – Jean-Michel LEBOULANGER

Deauville, ses belles demeures, sa plage aux parasols multicolores, tel un fragment de paradis.
Et soudain, sur le sable blond d’un matin calme, un cadavre atrocement mutilé.
Règlement de compte, trafic humain ?
Fraîchement promue capitaine et mutée sur la côte normande, Hadija Mounier va devoir prendre en charge cette affaire sensible.
Secondée par un jeune OPJ au tempérament atypique, elle va être confrontée aux profiteurs sans scrupules mais également aux bonnes âmes locales. Une plongée éprouvante au sein de la noirceur humaine qui fera remonter à la surface des épisodes enfouis de son propre passé..

J’ai apprécié ce roman en deux blocs, la première moitié stupéfiante d’une vérité qui nous blesse par sa violence descriptive de ce monde de misère aux mains de mafias et d’organisations terroristes qui agissent sous le couvert d’une « organisation humanitaire » sans réels contrôles, comme sas bourré de trous laissant apparaître le crime par désespoir de plans économiques, de budgets et surtout de projets viables.
C’est une vision dans cette partie de l’ouvrage qui effraie, même si nous sommes des spectateurs lointains à travers les médias, cette première partie est un témoignage.
La deuxième partie, ou second bloc nous entraine dans le roman policier, avec malheureusement ses tics : prêter au personnage féminin des affres affectifs (ce qui ne m’a pas du tout interessé) à travers une relation tumultueuse avec un de ses collaborateurs.
Ce sont des disgressions qui ont fait baisser mon attention, et de ce qui présageait un livre engagé, un livre témoignage devient un scénario de téléfilm.
Jean-Michel j’ai vraiment été capté par la moitié de ton livre, ce qui justifie ta nomination au Prix Dora-Suarez 2022, mais je n’ai pas adhéré à la seconde partie. Peut-être parce que c’est le seul que j’ai lu de ta trilogie.

Mon illustration musicale réside dans le titre « raison de se battre ».

AFFAIRES INTERNES – Didier FOSSEY

Août 2015 – Autoroute A 10.
Deux hommes au volant de leur berline roulent à vive allure et provoquent un accident d’une violence inouïe : une femme est tuée sur le coup, sa fille de 5 ans est grièvement blessée.
Lorsqu’il apprend le drame, Yann Rocher – officier de police, et père de l’enfant – est en service ; il est dévasté.
Les conducteurs s’en sortent avec quelques blessures…
3 ans plus tard… Février 2018 – Lyon
Des braqueurs attaquent une bijouterie du centre-ville; la police judiciaire est saisie. Durant l’enquête, la capitaine Poirier remarque des similitudes avec d’autres braquages commis dernièrement en France.
L’organisation sans failles des malfaiteurs ressemble à celle des militaires ou… des policiers, ce qui attire l’attention de l’Inspection générale de la Police nationale.
De son côté, Yann Rocher, désormais chef de la BAC Nuit, à Colombes, a toujours la même idée en tête : venger sa fille, Mia.
Et pour cela, il est prêt à tous les compromis..

Un mot d’explication sur le choix de mon illustration musicale de cette chronique.
Ce titre me semble tenir en son sein tout l’amour et tous les regrets de Yann Rocher, comme une litanie obsédante, qui tourne, tourne et tourne encore…

La vengeance comme un rachat, une expiation sur un thème polar extrêmement classique, je pourrais même dire archi vu, les flics ripoux, les casses de plus en plus risqués, l’IGPN au bord de la crise de nerf, la tension en crescendo.
Tous les personnages ont leurs particularités même si on est globalement dans le brutal, seul Yann Rocher vient capter toute mon attention, je m’identifie à lui alors je souffre avec lui, tout cela par le talent d’écriture de Didier FOSSEY, fluide, par moments presque journalistique pour mieux laisser ces moments de fulgurance apparaîtrent et nous aveugler.

Merci à toi de m’avoir dédicacé ton ouvrage qui, vois-tu tient sa place dans la liste des nominés 2022 pour le Prix Dora-Suarez.

A SANG ET A MORT – Sandrine DUROCHAT

Une violente attaque de fourgon blindé qui tourne mal. Un convoyeur au tapis et neuf millions envolés… Entre Grenoble et Échirolles, deux clans se sont alliés pour tenter un gros coup. Mais rien ne s’est passé comme prévu… Au milieu de cette faune qui s’entretue pour l’argent et le pouvoir, Nina, Audrey, Karen et Samia vont tenter d’en réchapper… Et puis il y a Hirsch, dit Le Mur, commandant de police pourri jusqu’à la moelle, Precious, le caïd, Malik, le boss. Tous aussi malsains les uns que les autres… Et Gabriel, le flic en pleine dépression depuis la mort d’un jeune manifestant, qui, en quête de rédemption, semble vouloir remettre les choses à leur juste place…

Tétanisé !
Comment resté intact face à ce déferlement de violence ?

Suis-je dans un film qui a grands renforts de morts violentes comme on en trouve trop souvent, c’est mon point de vue, nous accroche les yeux fixés à l’écran, la sauvagerie qui crée le besoin d’encore plus, il y a de ça dans ce roman.
Mais ce ne pouvait pas se résumer à un artifice, connaissant Sandrine DUROCHAT elle ne pouvait pas nous trahir avec « à la manière de… ».
Alors je lui ai fais confiance pour nous raconter une réalité, bien sûre romancée (quoique) nous accroche à une sauvagerie inéluctable et bien réelle. Là ça fait peur et on peut croiser ce qui alimente les faits divers de nos quotidiens régionaux avec son récit parfois caricatural.

Ca pète, ça roule à mille à l’heure. Ce qui pouvait être réjouissant dans sa série de nouvelles devient un étranglement au bord de la perte de connaissance, je l’ai lu d’une traite mais je n’ai pas dormi d’une traite, hanté j’étais, et tout particulièrement par Précious, une victime-monstre à fleure de chair.

Comme j’écris cette chronique d’un seul jet sans aucune intention de correction (à part l’orthographe), je reviens sur le mot « caricatural », il n’est absolument pas péjoratif mais il m’est venu par le surnom du commandant « Le Mur », je ne sais pourquoi, c’était trop…
C’est une bombe dans la narration et j’attends de Sandrine son prochain roman…?

SARAH JANE – James SALLIS

Surnommée « Mignonne », ce qui ne lui va pas comme un gant, Sarah Jane Pullman a déjà trop vécu pour son jeune âge : famille dysfonctionnelle, fugue à l’adolescence, crimes, petits boulots dans des fast-food… on se demande comment elle parvient à redresser la barre. Elle y arrive et, à sa grande surprise, est engagée comme agent au poste de police de la petite ville de Farr. Lorsque le shérif titulaire disparaît, c’est elle qui prend sa place. Mais Sarah Jane ne se satisfait pas de la situation. Cet homme, Cal, était son mentor, son appui, et elle ne peut accepter qu’il se soit évanoui dans la nature. Elle va découvrir des choses qu’elle ne soupçonnait pas…

Comme l’avait titré un article de presse, ce roman est le puzzle d’une vie dévastée, mais pas seulement celle de Sarah Jane mais celles aussi des vétérans de guerre et des habitants de ces trous du sud de Etats Unis dont la vie est rythmée pour les premiers pas les suicides et pour les seconds par les malveillances de la vie, les accidents de voiture, les meurtres crapuleux, l’alcoolisme.
James SALLIS, outre être un digne représentant de la littérature noire américaine fut aussi traducteur de Blaise Cendrars ou encore Raymond Queneau et surtout le spécialiste du roman élliptique, comme son héroïne qui passera son temps à s’éclipser et à raser les murs passant de combattante dans les déserts orientaux à ajointe de police dans une petite ville d’où le shérif disparaît sans laisser de trace.
Sallis nous dit : « Toutes les histoires sont des histoires de fantômes, qui parlent de choses perdues, bataillant pour être vues, pour être acceptées par les vivants »

A nous de combler les trous dans l’énigme de cette vie.

# JE SUIS LILLY – Vincent VILLA

Lilly est morte, massacrée à la hache par son ex-compagnon, depuis disparu. Pour beaucoup, un malheureux fait divers. Pour Nina, sa petite sœur, le pire des crimes. La jeune boxeuse ne rêve que de vengeance…
Alors que Lilly devient le symbole de la lutte contre les féminicides à travers le hashtag #JesuisLilly, l’affaire prend une tournure plus dramatique encore : quelques heures après une manifestation, une militante est brûlée vive…
Sur un sujet tragiquement d’actualité, un thriller fort, pertinent et palpitant.

Ce roman est un engagement contre les violences faites aux femmes et on ne peut qu’en remercier Vincent VILLA, et c’est aussi un excellent polar, actuel et urbain, violent et parfois cruel.
Une histoire de vengeance et de traque, Nina poursuit l’assassin de sa soeur, Paolo le flic poursuit un ou plusieurs assassins de femmes qui agissent selon un rite médiéval religieux, tout en essayant de ne pas perdre la trace de Nina.

Des rencontres parfois très belles avec de beaux portraits de femmes engagées dans une lutte qui peut leur faire perdre la vie, des rencontres moins belles et plus sulfureuses en la personne d’un vengeur masqué éliminant les hommes violents, et des rencontres immondes avec ce club de la suprématie mâle et leurs actes violents oscillant entre le KKK et l’Inquisition religieuse dont le leader, un dégénéré se verrait bien finir son oeuvre en se transformant en mass-murderer.
Vous l’aurez compris, ça bouscule mais ça éblouit aussi sur un sujet trop souvent traité par des
femmes comme si la souffrance endurée en tant que telle ne pouvait s’exprimer que par leurs bouches. Vincent VILLA nous prouve avec ce roman que les hommes peuvent avoir leur mot à dire et peuvent s’ériger en témoin, en défenseur, en juge.

NAIJA – Thierry BERLANDA





Un industriel de l’agroalimentaire a été retrouvé affreusement blessé dans une bétaillère bondée de génisses. Que cache ce crime d’une cruauté inédite ? Qui l’a commandité et pourquoi ? Jacques Salmon et Justine Barcella, qui forment l’unité spéciale Titan, sont mobilisés. Leur enquête les met sur la piste de trois tueuses, de Paris jusqu’au Nigeria, à Lagos, cité tentaculaire surpeuplée où règne la loi du plus fort.
Que dissimulent les tours de verre High Tech du géant Histal, mystérieux groupe scientifique et industriel international ? Quelles sont ces « Tenues jaunes » au physique parfait qui accueillent les visiteurs ? Trafic d’organes, manipulations génétiques, hybridations monstrueuses, nanotechnologies ultraperformantes… les deux agents vont de surprise en découverte. Confrontés à ce « nouveau monde », à la fois repoussant et plein d’attraits, quel sera leur choix ? Le combattront-ils à tout prix ou se laisseront-ils séduire ?
Thriller saisissant, Naija éclaire sans concession, par une plongée dans un monde où la morale s’inverse, l’enjeu crucial de notre époque : la valeur et le sens même de la vie

Naija c’est un peu comme Mission Impossible qui aurait rencontré les Avengers sans l’humour.
Les liquidateurs Jacques Salmon et Justine Barcella prennent directement leurs ordres à l’Elysée.
Aucuns moyens, tout pouvoir.
Salmon est un ancien des Services Spéciaux recruté pour créer l’unité Titan. Une unité qui se compose de deux personnes : Lui et sa coéquipière, la précédente ayant eu la fâcheuse idée de se faire tuer il doit « former » Justine. Quelque peu misogyne, misanthrope, il est un exécuteur froid – « quand tu es payé pour fumer des mecs, la compassion est une maladie mortelle »– convaincu d’être le meilleur dans sa catégorie il ne prête aucune attention à ce qui pourrait être une vie privé, sapé comme un clochard il vit dans un cagibi au milieu de ses détritus, râleur, vicieux, il aime qu’on le déteste.
Si ce personnage devait apparaître au cinéma c’est assurément Jean Réno qui tiendrait ce rôle.

Le roman est construit en deux parties, la première permet au lecteur de se familiariser avec TITAN et de suivre la relation qui se construit entre le maître et l’élève, les méthodes d’investigations le plus souvent musclées, les dommages collatéraux et les tenants de cette enquête.
La seconde partie nous emmène au Nigéria, pays ravagé par la corruption et le crime, vendu aux multinationales qui peuvent s’enrichir sans que quiconque y regarde de trop près et dont la sécurité est assurée par une armée privée recrutée sur place.
Ainsi en est-il du groupe pharmaceutique HISTAL dont le vice- président Seymour Silverstone a mis en place une organisation criminelle que Salmon et Barcella doivent démanteler.
La cible est Silverstone qui doit être éliminé.

Thierry BERLANDA n’en est pas à son coup d’essai et nous promets encore de longues heures de lecture puisque NAIJA est le premier volume d’une trilogie qui comprendra : JURONG-ISLAND et CERRO RICO.
C’est très bien fait, haletant, violent, épique et malgré quelques invraisemblances fort utiles à la qualité du récit, on est scotché.
Quand tu parles, je t’entends. Quand tu ne parles pas, je t’entends quand même.
Mais sans doute les personnages ne sont-ils pas toujours tels que nous croyons les voir.

30 SECONDES – Xavier MASSE

30 secondes par Massé

30 secondes…
Les 30 dernières secondes les plus importantes de sa vie.
Les 30 dernières secondes de leur vie.
Les 30 dernières secondes dont il arrive à se souvenir.
30 secondes… c’est le laps de temps qu’il leur a fallu pour avoir cet accident.
30 secondes, c’est le temps dont dispose Billy pour retrouver la femme de sa vie… disparue…

Xavier Massé sème les fausses pistes comme le Petit Poucet ses cailloux pour ne pas se perdre, pour le premier c’est très clairement pour nous perdre et nous entraîner dans la complexité de son récit.
Billy est un jeune joueur très prometteur de football américain à Charlotte – USA, mais Billy est aussi un inconscient qui use et abuse d’alcool et de substances illicites, en compagnie de ses congénères il se comporte comme un enfant gâté à qui on ne peut rien refuser, une star du sport à l’américaine, avec magouilles, grosses sommes d’argent et matchs truqués.
En même temps Billy tue un vagabond sur une route de campagne et devient complice du meurtre d’un policier, il sera victime de deux accidents : l’un sur le terrain avec un clash ultra-violent sur un autre joueur qui le laissera inconscient, l’autre en voiture avec sa compagne au volant qui disparaîtra après l’impact, évaporée, envolée…

Vous suivez toujours ?

Nous voilà donc au chevet de Billy sur son lit d’hôpital entreprenant des séances d’hypnose pour tenter de faire remonter ses souvenirs à la surface, aidé en cela par un neurologue bienveillant sous la surveillance d’un policier taiseux.
La vraisemblance se doit de plier devant le récit.
Alors les séances deviennent un jeu de cache-cache dans un décor imaginaire en trois dimensions et surtout une sorte de salle de cinéma refuge pour Billy dans son inconscient où il peut visionner ses souvenirs.

Ca va toujours ?

C’est sans doute parce que Xavier Massé est à l’écriture ce que Billy est au football, un fougueux qui coure vite avec le talent qu’il faut pour se faire remarquer qu’il parvient à entrainer ses lecteurs dans son imagination débridée, et nous on suit derrière ce joueur de flûte (encore une métaphore pour finir) tel ce troupeau de rat quittant Hamelin.

LE SECRET DES MAGES DU TRIDENT ROUGE – Maurice DACCORD



Qui sont les Mages du Trident Rouge ?

Une secte, une association de disciples un peu fêlés, dont la particularité est de terminer leurs réunions en chantant et dansant sur l’air de La Belle Hélène d’Offenbach… Tous adorateurs de Satan !

Comme ce tueur en série qui signe ses crimes d’une citation latine : Demon est deus inversus, le diable est dieu sens dessus dessous.

Crimes particulièrement odieux et tellement sordides que la presse le surnomme l’Equarrisseur.

Dans une nouvelle enquête, le Commandant Léon Crevette, aidé de son ami Eddy Baccardi, explore l’univers de Mages du Trident Rouge et va traquer l’Equarrisseur.

C’est cruel et drôle à la fois, les personnages sont truculents, c’est bourré de références au cinéma de genre des années 40 ou 50, ou encore aux prémices des séries télé policières qu’on appelait encore feuilletons comme les feuilletons qui paraissaient dans la presse quotidienne, héritage d’un passé littéraire du siècle d’avant et du début de ce XXe.
Mais l’auteur est un contemporain, il n’a pas à composer avec la morale d’outre siècle, de nos jours aucune crainte de finir au piloris si on se hasarde à faire mourir six fillettes de la manière la plus horrible qui soit, le tout baigné dans une ambiance qui bien sûr est tendue mais navigue au sein de copinages francs et émouvants, de décors surranés comme les intérieurs familiaux, les troquets et les convenances qui font que nos personnages sont bien ancrés dans leur monde et leur époque.
Alors ! Pensez ! si le surnaturel vient s’inviter dans la tête de veau ou le boeuf carottes, en plus avec des manières aussi sordides, autant se lancer alors à l’assaut des ventres de Paris pour aller chercher la bête.
C’est un roman parfaitement jouissif, à consommer sans aucune modération.


VA MANGER TES MORTS – Pascal MARTIN

Va manger tes morts par Martin


Elle s’appelle Romane, elle est Gitane. Dans cette brasserie parisienne, elle vient de flinguer un sale type d’une balle en pleine tête. Lui, c’est Rio, il venait juste de prendre sa défense face aux gifles de ce mec. C’est là qu’elle l’a pris en otage, enfin presque… Et que tout a commencé ! Il est enquêteur pour les assurances. Elle, elle se débrouille comme elle peut… Et plutôt bien. Mais quand le temps vire à l’orage, ils décident ensemble de décamper au plus vite… Elle est jeune, belle, insouciante. Elle a la rage de vivre, là, tout de suite… Lui, pour la première fois de sa vie, il n’a plus qu’une envie, exister et la suivre…

Le polar que je mourrais d’envie de lire depuis très longtemps, comme le dit le bandeau de couverture c’est une immense bouffée d’oxygène, simplement parce que c’est un polar qui est écrit avec le coeur et c’est à ça qu’il se remarque et s’apprécie.
Une folle histoire d’amour à travers la violence, le sang et la souffrance mais toujours le sourire lumineux de Romane en avant, son discours tout d’abord incompréhensible qui devient au fil des pages un compagnon dont on ne discerne pas obligatoirement toutes les subtilités mais prend une résonnance musicale indispensable à ce récit.
C’est parfois cruel et parfois drôle.
VA CRIAVE TES MOULOS !

Et oui, on ne peut rien contre le coeur qui bat pour continuer à exister et sans doute se construire une vie différente…avec un tikno par exemple.

Pascal Martin est né en 1952 dans la banlieue sud de Paris. Après une formation en œnologie, il devient journaliste, fonde sa boîte de production et parcourt le monde comme grand reporter. Ses reportages, très remarqués, sont alors diffusés sur toutes les chaînes de TV.n 1984, il réalise un court métrage de fiction, « L’intruse » diffusé par Antenne 2 qui, dès 1986, lui demande l’exclusivité de ses enquêtes pour ses magazines d’actualité : « Le Magazine », « Edition spéciale », « Place publique ». En 1989, il se spécialise dans l’investigation pour une collaboration exclusive de dix ans avec « Envoyé Spécial ». Ses reportages font référence et lui valent de nombreuses récompenses comme le Grand prix des télévisions francophones pour son film sur la révolution roumaine et, en 1992, et le Sept d’or du meilleur reportage pour son enquête sur le Front National : « Front National, la nébuleuse ».En 1995 il crée les « Pisteurs », des personnages de fiction qui reposent sur son expérience de journaliste d’investigation, pour une série de films diffusés sur France 2. Après avoir enseigné quelques années au Centre de formation des journalistes, il développe avec Jacques Cotta une série de documentaires « Dans le secret de… » qui compte aujourd’hui plus de 40 numéros. Il réalise à cette occasion Dans le secret de la prison de Fleury-Mérogis et Dans le secret de la spéculation financière. C’est sur la base de ces deux enquêtes qu’il crée le personnage de Victor Cobus, jeune trader cousu d’or qui se retrouve du jour au lendemain dans l’enfer d’une prison. Pascal Martin s’est toujours inspiré de ses enquêtes journalistiques pour nourrir ses personnages de fiction en les inscrivant dans une dimension sociale et environnementale.(Sources : JigalPresses de la Cité)
Pascal MARTIN - (Credit photo - © Pascal Martin © Stephane Olivier) RIP Monsieur

LA FILLE QUI VOYAIT LE MAL – Ludovic BOUQUIN

La fille qui voyait le mal par Bouquin

Sa capacité à distinguer, malgré elle, la nature profonde des gens qui l’entourent fait d’elle l’arme secrète des différents souverains pontifes depuis 20 ans. Alors que sa sécurité est menacée, une vague de crimes aussi violents qu’inexplicables frappe les grandes villes françaises.
Un tandem composé d’un commandant de la police judiciaire et d’un psychiatre mène l’enquête. De leur rencontre avec la fille qui voyait le mal va naître un improbable trio qui, enrichi de leurs différences et de leur complémentarité, va être mis à rude épreuve pour rester en vie et déjouer le complot fomenté par un ennemi puissant.
Un récit ou l’occultisme s’associe au Vatican pour déjouer le mal et qui va cette fois-ci se mettre au service de la police pour stopper le mal qui se répand partout sur le territoire. Un thriller trépident, un page turner qui ne pourra qu’entraîner le lecteur dans une course contre la montre.

Manifestement Ludovic BOUQUIN aime raconter des histoires, il aime les inventer pour ensuite les « passer » comme dans la tradition orale avec cet aspect jubilatoire de tenir son lecteur en haleine, il a gardé au fond de lui l’enfant qu’il était qui peut encore croire à ces aventures extravagantes au fil conducteur qu’est l’Afrique et sa magie.
Sous couvert d’une appellation douteuse de « thriller ésotérique » nous avons en fait un formidable roman d’aventure – et oui, ce n’est pas un gros mot – comme les aventures de Bob Morane ou de Doc Savage tout comme ses précédents romans. Je pense à « Rémission Spontanée » où la magie africaine pouvait renfermer une révolution scientifique, ici les sortilèges vaudous peuvent sauver le monde d’une apocalypse planifiée par des cerveaux dérangés et cupides. Tout comme Bob Morane affrontait l’Ombre Jaune maître du Mal projetant de régner sur le monde les héros de Ludovic BOUQUIN surfent sur des événements endiablés les entrainant aux quatre coins du monde.
Sauf pour l’ouvrage « Sauce de Pire » où on est plongé dans la marmite d’un polar-culinaire des plus excitant.

Tout ça pour dire qu’il faut avoir garder son âme d’enfant pour pouvoir se plonger dans ce grand bain d’aventure.

POUR SEUL PARDON-Thierry BRUN

Pour seul pardon par Brun

Thomas Asano a trouvé refuge dans une petite ville nichée au pied des Vosges. Ici, la vie y est âpre. Homme à tout faire, il a la réputation d’être travailleur et bon chasseur. Il est surtout décidé à se faire oublier : il a connu Sarajevo et la prison. En liberté conditionnelle, c’est un homme brisé par la culpabilité qui tente de se reconstruire. Son seul souhait, ne plus laisser la violence le submerger. Une vie simple au plus près des forêts, en harmonie avec la nature, traquer le sanglier, faire l’amour à Élise, la fille du patron. Mais, chaque jour il envoie des messages à la femme qui l’a quitté. Celle qui le visite dans ses rêves, celle à qui il parle encore quand les nuits sont trop longues. Pourtant quand le père d’Élise se retrouve en possession d’une livraison de cocaïne qui ne lui est pas destinée, le passé d’Asano le rattrape. Cet homme simple et discret n’a désormais plus le choix. Il redevient ce qu’il n’a cessé d’être : un homme de guerre. C’est le prix à payer pour protéger Élise

Un roman noir ancré dans une ruralité brutale, un coin perdu dans les Vosges quoi de mieux pour vivre une conditionnelle en se faisant oublier. Mais c’est sans compter sur l’appat du gain des petits notables de la ville, entrepreneurs croulant sous les dettes, bouffés de tous côtés par l’inexorable avancé du gros entreprenariat, par l’urbanisme ravageur qui se profile entrainant avec lui la délinquance la plus violente et ce n’est pas ce qu’il fallait à Thomas Asano ployant sous la charge de son passé de guerrier, animé toujours par son instinct de chasseur.

Je me suis retrouvé dans le monde cinématographique de Robert ENRICO, tout particulièrement le film « Les Grandes Gueules », ce que les critiques de l’époque qualifiait de « film d’hommes » avec les quelques poncifs du genre comme le code d’honneur et sa trahison, la parole donnée, la rugosité de ces hommes car n’en déplaise aux gauchos-féminos-genrés ou pas, ce cinéma était un style à part entière, on allait voir un film de Robert Enrico pour assister au combat de personnages masculins dans la sueur et le sang au sein d’une société en pleine transformation.

Polar noir et social le livre de Thierry BRUN est un hommage à ce style qui a fait les beaux jours du cinéma et qui continuera à faire les beaux jours de la littérature avec des auteurs aussi talentueux.

LA MEDEE – Benoît CHAVANEAU

La Médée par Chavaneau

… Madame Lucienne remplit son cahier et la Médée s’ébranla.
La péniche franchirait plusieurs centaines d’écluses entre les Flandres et le Canal du Midi et, à chaque fois, de façon rituelle, l’homme cacherait l’enfant. Du moins sur le trajet aller.
Car, au retour, l’enfant ne serait plus là …
Nous sommes dans les années 60.

De nombreuses disparitions d’enfants non élucidées ont lieu dans les Flandres mais aussi en Belgique et au Pays-Bas.
Deux corps sont découverts dans des sacs jetés dans un canal.
Maurice Morge, inspecteur austère et solitaire de la P.J. de Lille, débarque alors dans le petit village de Wailly afin d’y mener des investigations après une enquête malheureusement bâclée par les gendarmes.
Aidé par George Bellamy, un journaliste dandy et fantasque, va-t-il pouvoir retrou­ver l’assassin ?

Une enquête riche en rebondissements commence.
Nous baignons, ici, dans le monde des mariniers, sur les canaux du Nord, de l’Est de la France, de la Belgique et puis il y a Vermeer et la Médée !
Benoît Chavaneau est né à Roubaix en 1958 et d’emblée il s’imprègne de cette terre noire des
Flandres, de ses carillons et de ses canaux brumeux. Très tôt, il conçoit l’écriture comme un ouvrage de den­telle entre silences et mots.
C’est en écoutant « La Chanson de l’éclusier» de Brel, chez une amie, que naît l’idée de « La Médée », une histoire de marinier, d’enfants perdus et de canaux brumeux.

« Dans ce roman, j’étais obsédé par le rythme, par le style, par cette ambiance flamande, mouillée de brume et de pluie froide. Un bon roman, c’est moins une histoire que la manière de la raconter, enfin je crois. »
La Médée est finaliste du Prix du Sablier d’Or du meilleur manuscrit.

Complexe de Médée: (Psychanalyse) Complexe se manifestant chez les femmes/les hommes qui cherchent à punir leur mari/épouse en s’en prenant à leurs enfants
L’appelation trouve ses origines dans le nom du personnage mythologique de Médée, qui selon une version répandue du mythe aurait tué ses enfants par vengeance envers son mari, Jason, qui l’a répudiée en faveur d’une autre femme.

Le sacrifice des enfants est au centre de ce roman, non seulement La Médée charrie son lot de cadavres à travers les canaux mais l’inspecteur Morge, austère personnage sacrifie lui aussi sa vie de famille et son rôle de père pour cette enquête.
La question se pause : la péniche se nourrit-elle des enfants, Vermeer le batelier est-il un ogre dévoreur d’enfants ?
Bien sûr l’atmosphère ambiante nous emmène directement du côté de Simenon, le cadre géographique, la grisaille, les personnages taiseux ou encore extravagant comme le journaliste Bellamy. Mais bien au- delà du roman policier, j’ai lu un roman frôlant le fantastique et flirtant avec Jean RAY, apologie du sacrifice et de l’inexorable conduisant à une rencontre « amoureuse » habitée de non-dits et d’acceptation d’une règle érigée comme un aveu de monstruosité, un lien indéfectible.

Superbe roman noir, magnifiquement écrit par un auteur qui sait plus que quiconque marier les mots et leur donner cette musicalité que l’on retrouve dans d’autres de ses romans.

Cet ouvrage est sélectionné pour le Prix Dora-Suarez 2022.

TRANSACTION – Christian GUILLERME

Transaction par Guillerme

Un site de petites annonces en ligne comme il en existe des dizaines.
L’arnaque de trois amis, noyée parmi des milliers de bonnes affaires.
Un individu dangereux qui sommeille au milieu des acheteurs potentiels.
Quelle était la probabilité qu’ils se croisent ?
Transaction… l’engrenage fatal est enclenché 

On commence le roman par la fin et c’est une stratégie de construction à haut risque, avec un prologue lourd de menaces, nous voilà plongé dans une poursuite anxiogène où la vie perd son sens.
En effet, qu’est-ce qu’une petite arnaque dans le système d’achats et ventes en ligne avec même pas une grosse somme à la clef, refiler du matériel défectueux, une caméra, à un pigeon comme soi-même déjà pigeonner en amont.
Sauf que c’est sans compter sur le fait que le monde n’est pas peuplé que de gogos. Il peut aussi cacher en son sein des individus en rage permanente tels des bêtes sauvages.
Et c’est à l’un d’eux que les trois petits arnaqueurs devront faire face, ou plutôt devant qui ils devront fuir car il est certain que la dette se paiera dans le sang et un maximum de souffrances.

Les chapitres sont très courts, ce qui contribue à accentuer le rythme des événements sans pour autant omettre de s’attarder sur la psychologie de chacun des personnages, leur intimité y compris « l’acheteur » terrifiant à souhait englué dans une solitude impénétrable et un narcissisme surdimensionné.
Autant dire que c’est un livre qu’on lit d’une traite et qui est sacrément bien ficelé.

UN AUTEL RUE DE LA PAIX – Florence RHODES

Un autel rue de la Paix par Rhodes

Pas de congé paternité pour le commandant Hamelin: Au cours d´un été caniculaire, il se lance aux trousses d´un tueur en série qui sévit aux adresses du plateau du jeu de Monopoly. Rue de Vaugirard, boulevard de la Villette, avenue Mozart, le compteur tourne, les cadavres s´empilent, et Abel Hamelin a la sensation oppressante que ce meurtrier, qui conserve toujours quelques cases d´avance, connaît tout de son passé, de ses fêlures et du secret familial qui le ronge. Dès lors, identifier l´assassin avant la rue de la Paix, en évitant lui-même la case prison, devient l´enjeu d´une partie où Hamelin a plus encore à perdre que la liberté, la vie ou la raison.

Nous avions remarqué avec beaucoup d’attention le premier roman de Florence RHODES : La Confrérie des Louves Prix DORA-SUAREZ du Premier roman, c’est donc avec beaucoup d’impatience que j’attendais de lire son nouvel opus et je n’ai pas été déçu.
Hamelin revient avec son équipe pour notre plus grand plaisir, Hamelin avec son intransigeance syntaxique qui le caractérise, ses zones d’ombre et là, peut-être plus encore que dans le précédent roman, ses failles, ses blessures jamais cicatrisées. Sans doute celles-ci apparaissent plus flagrantes car il doit affronter un assassin qui connaît tout de lui, capable d’endosser plusieurs personnalités et dont le seul but est d’atteindre Hamelin au plus profond de sa chair.
Nous assistons à une partie de Monopoly « in vivo » dont chaque étape est une mort assurée, sans pour autant savoir comment l’assassin déplace « son pion ».

Connaissant les références de Florence RHODES parmi les classiques du roman policier je n’ai pu m’empêcher d’épingler ABC MURDER d’Agatha CHRISTIE, roman dans lequel Hercule Poirot affronte un assassin dont le jeu macabre consiste à tuer par ordre alphabétique, laissant derrière lui un indicateur de chemin de fer ouvert à la page de la ville où sera commis son prochain meurtre.

Le récit est parfaitement orchestré, l’intrigue et son dénouement sont surprenants à souhaits, ce qui comble nos espérances. La toute dernière partie très justement intitulé coup de sang achève de nous mettre KO.

UNE HEROÏNE STUPEFIANTE – Didier ESPOSITO

« Il y a des jours comme cela, où dès les premiers instants, les éléments vous font comprendre que la journée sera différente. Des petits riens dès le matin. » C’est ce que se dit David Cartier en prenant son poste, aux « stups » de Saint-Étienne. Et en effet, une sale affaire attend son équipe ce jour-là : de l’héroïne en ville, ce n’est pas nouveau. Mais une héroïne qui sème la mort, plus que d’habitude pour ainsi dire, c’est nouveau. Il va falloir aller vite, très vite pour stopper l’hémorragie. D’autant plus que les dealers eux-mêmes semblent ne pas maîtriser la situation ni comprendre ce qui se passe.

Il n’y a jamais de différence fondamentale entre l’histoire ancienne et l’actualité. Il n’y a que des variations sur un même thème. Hubert SELBY Jr

« Son périmètre de vie s’étirait finalement de la place Jean Moulin à la place de l’Hôtel de ville, de la rue Salengro au Crêt de Roc. Quelques centaines de mètres carrés dont la couleur des trottoirs n avait plus de secret pour elle. Depuis deux ans déjà ses yeux balayaient le sol plutôt que l’horizon. Préférant les égouts aux gargouilles des cimes, les bas-fonds aux sommets, les secrets que dévoilaient les façades des vieux immeubles du centre-ville lui étaient inconnus. Toute sa vie depuis deux ans. » Didier ESPOSITO

Un étrange roman à deux faces.
L’enquête de la Brigade des stups avec son lot de paperasseries, autorisations diverses et variées du Parquet, planques interminables, auditions souvent stériles un oeil sur la montre et l’autre cherchant à capter le regard toujours fuyant du gardé à vue, les convocations chez le juge d’instruction, l’attente de l’avocat commis d’office pour entamer l’interrogatoire, la gestion de la stagiaire gardien de la paix qui disparaît à tous moments sans crier gare.

La vie au quotidien de bandes de junkies et SDF, démolis à l’alcool et à l’héroïne, sans autres espérances le matin que de rester en vie un jour de plus et trouver les doses nécessaires pour y arriver quoi qu’il en coûte, dénoncer les compagnons de galère, voler, mentir, se battre, s’avachir pour ne se relever que pour mendier ou aller se « faire une trace » sous une porte cochère à l’abri des regards, surtout ceux des autres junkies qui pourraient tout aussi bien te détrousser avec violence de ton précieux sésame pour quelques instants de répits artificiels, tel une meute se convoitant une charogne.
Au milieu de ce petit monde naviguent les dealers, particulièrement un : Mourad dont toutes les combines reposent sur sa relation internet avec la mystérieuse JustMoney42, adresse ultra sécurisée qui lui prodigue les conseils utiles pour échapper à la Police.
Et tout autour, comme une danse macabre, les victimes d’une drogue ultrapure tombent comme des mouches.
C’est donc cette deuxième face qui m’a expédié dans un voyage dans le temps à la recherche de la « Last Exit to Brooklyn » de Hubert SELBY Jr.

À sa sortie, Allen Ginsberg prédit que l’ouvrage allait « exploser sur l’Amérique comme une bombe infernale qu’on lirait encore cent ans après. »

Le livre remporte un succès immédiat puisqu’il se vend à près de deux millions d’exemplaires, mais il vaut à son auteur un procès pour obscénité.

Il comporte six parties distinctes témoignant du désœuvrement dans l’arrondissement de Brooklyn à New York , alcool, sexe et violence sont omniprésents. On suit tour à tour un groupe de gros durs qui aiment frapper les marins et les homosexuels, un travesti amoureux et ses amis, la vie d’une prostituée aux seins hors du commun, etc.

L’auteur le résume ainsi : « Quand j’ai publié Last Exit to Brooklyn, on m’a demandé de le décrire. Je n’avais pas réfléchi à la question et les mots qui me sont venus sont : « les horreurs d’une vie sans amour ». »
Paru en 1964 ce roman sera adapté au cinéma en 1989 par Uli EDEL avec Jennifer Jason LEIGH et une apparition de Hubert SELBY lui même.

Si ce livre fut un choc, un séisme d’écriture pour moi et je pense des milliers d’autres lecteurs, Une Héroïne stupéfiante est ce qui s’en rapproche le plus hors le langage obscène et le cutting de l’écriture propre à cette génération des années 60 qui mettait l’expérimentation avant tout.


L’OMBRE DE LA NUIT – Marco PIANELLI

L’ombre de la nuit par Pianelli

Il fait nuit. Paco Sabian marche sur une route d’Ardèche. Il pleut, le froid s’immisce et glace ses os, la lune n’est pas prête à céder sa place. Une voiture s’arrête à cette heure incongrue. Une femme seule au volant. Une mère qui retrace le chemin sur lequel son fils a disparu il y a tout juste cinq ans. Depuis, plus rien. Paco, est un ténébreux, un taiseux qui traîne la fatalité, comme d’autres leur ombre. Qui est-il ? Pourquoi est-il là ? Dans son costume de vagabond, il semble poursuivre un but connu de lui seul. Et quand sur son parcours, il croise le Mal, il ne se détourne pas, il ne ferme pas les yeux. Il fait face et l’affronte. Finalement peu importe son nom et pourquoi il passait par là. Paco prend la forme du destin, le dernier recours de ceux qui, sans lui, n’avaient aucune chance d’obtenir justice.

Ceci n’est pas un polar.
Ceci n’est pas un western.

Et pourtant tous les codes des genres précités sont bien au RV : le héros solitaire marchant dans la nuit vers une destination inconnue, la rencontre avec une jolie femme à la recherche de son fils disparu, la confrontation musclé avec des malfrats du coin, le bled paumé et se dessine à grand renfort de castagne le personnage de Paco Sabian, venu de nulle part, expert en combat rapproché, dur à la douleur, un sens de l’observation des hommes et de leur environnement qui lui donne presque à chaque fois un coup anticipé contre un gang sur-armé de mercenaires.
Il est tout sauf un loser, mais il est qui ? A part un justicier qui passait par là sur une route fouettée
par les vents et la pluie.

Paco Sabian c’est Clint Eastwood croisé avec Jean-Claude Van Dame.
Mathis est le shérif et les méchants sont la Horde sauvage.

Beaucoup de second degré dans ce roman, de clins d’oeil, des allusions non dissimulées à certains films, comme celle de l’homme à l’harmonica.
Une violence en tension comme si elle était filmé par un John Woo ou Sergio Leone.
Un livre à dévorer d’une traite, sans entr’acte ni pause esquimaux, plutôt les bières dans la glacière posée à côté de soi.


Des profondeurs, je crie vers toi – Sébastien JULLIAN

Des profondeurs je crie vers toi par Jullian

Andy, un jeune garçon de dix ans, tente de tracer son chemin aux côtés de sa mère Sarah, et Mouchy, voisine complice qui veille sagement sur eux. Un beau tableau de famille, s’il n’y avait la présence de Fred, un beau-père alcoolique, drogué et narcissique, qui leur fait vivre un enfer. Un matin d’hiver, un drame se produit et Andy plonge dans un coma indécis.
C’est là que tout débute…
Y a-t-il un lien avec les affaires de Patrice et Esther, deux enfants qui ont vécu des expériences similaires il y a presque cinquante ans ? Qui est ce mystérieux voisin qui emménage dans une propriété énigmatique peu après cet accident ?

Si Dieu peut entendre nos prières, le Diable peut-il y répondre ?

Beaucoup de violence dans ce roman. D’abord la violence d’un homme vis à vis de sa famille, la brutalité d’un père, d’un mari, l’alcool, les coups, les viols, les insultes, bienvenu en enfer, l’enfer conjugal d’une petite vie étriquée faite de répétitions quotidiennes, comme un mécanisme pesant qu’on arrive pas à enrayer…mais d’un coup la machine se casse : tentative de meurtre, violence exacerbée, disparition…
C’est le moment que choisit l’auteur pour distiller lentement sa touche de fantastique, en faisant appel au passé et en croisant celui-ci avec le présent, un voisin qui emménage et toujours les aboiements des chiens, les apparitions de Gruber, de Mouchy avec son fusil, Patrice toujours là où on ne l’attend pas ou plutôt au moment où…sur le pas de sa porte ne cessant de donner du « voisin » tel un leitmotiv à Fred.
Cette incursion dans des faits inexpliqués est comme un poison qui ne fait qu’accentuer la démence haineuse de Fred, comme dans « Le Locataire » de Polanski ou « Le Tour d’Ecrou » de Henry James : fantômes, hallucinations, délire…

Cet ouvrage est sélectionné pour le Prix DORA-SUAREZ 2022

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