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Dora-Suarez : L'actu littérature noire

Découvrez le meilleur de la littérature noire et des auteurs exceptionnels

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2016

COMPLETEMENT FRAPPES – Jean-Luc MENET

Le jour de son anniversaire, Gôt’ché Maurel, vieil ours solitaire, pense passer une soirée tranquille seul chez lui, lorsqu’on frappe à sa porte. L’homme qui débarque chez lui est l’ancien propriétaire de sa maison et il est venu récupérer un trésor abandonné là de longues années auparavant. Cinq autres personnes vont se présenter chez Gôt’ché ce soir-là. Une équipe improbable se forme et ce sera le début d’une quête en forme de road trip déjanté, au cours de laquelle des liens vont se nouer, se dénouer et se renouer.

Jean-Paul, l’évadé et sa complice Cyrielle, les voisins de Gôt’ché, Odette et Armand, ainsi que sa fille Géraldine vont parcourir la France ensemble. Ce drôle d’équipage va régler des comptes, résoudre des affaires personnelles et avancer tant bien que mal vers un trésor qui n’est peut-être pas celui que l’on croit…

Un beau voyage initiatique dont ils ne reviendront pas indemnes.

Et moi complètement secoué par ce polar qui n’en est pas vraiment un, ce road movie à petite échelle, ces personnages totalement déjantés, ce trop plein d’humanité.

Montons dans l’ambulance préalablement volée dans un hôpital psychiatrique et la course aux trésors commence cat il y a bien deux trésors, plongeons alors dans les situations les plus frappadingues ponctuées par les multiples orgasmes de Cyrielle et les contrepèteries foireuses de Gôt’ché.

Un bonheur de lecture, une aventure qui va à cent à l’heure malgré l’utilisation de véhicules qui ont beaucoup vécu. Des personnages hauts en couleurs que le style de l’auteur nous laisse tout loisir d’imaginer, c’est pourquoi je me suis fait mon casting cinématographique :

Gérard DEPARDIEU – Jean Paul
Sylvie TESTUD – Cyrielle
Catherine FROT – Odette
Dominique PINON – Armand
Didier BOURDON – Gôt’ché
Dominique LAVANANT – Patricia
Camille COTTIN – Géraldine
Vincent LACOSTE – Lucien

Ce livre est une potion magique dans laquelle personne n’est tombé étant petit mais dont les protagonistes vont s’imprégner tout au long des 468 pages nous en livrant les effets au fur et à mesure de la progression de l’histoire.
Un milieu rural, deux meurtres, deux trésors, une pincée de grand banditisme, une fuite en avant, une enquête de police complètement ratée, un vieux radin, un voisin paranoïaque, une voisine au bord de la dépression, deux fugitifs d’un asile psychiatrique, une montagne de graisse accompagnée d’une superbe nymphomaniaque, des retrouvailles inespérées et j’en passe…parsemez d’une bonne dose d’humour, agitez…c’est prêt.
Dégustez sans modération.

L’ETE OU TOUT A FONDU- Tiffany McDANIEL

Été 1984 à Breathed, Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local : il invite le diable à venir lui rendre visite. Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d’un vert intense, planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l’âme meurtrie, heureux d’être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l’incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d’une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors des événements étranges qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu’une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.
Porté par une écriture incandescente, L’Été où tout a fondu raconte la quête d’une innocence perdue et vient confirmer le talent exceptionnel d’une romancière à l’imaginaire flamboyant

Une fois n’est pas coutume, je cède ma place pour cette chronique à Mr Brad PAT.

Après le roman de monsieur Dan Chaon, c’est une femme qui vient de mettre KO !
Après une PLS me voilà suffisamment en forme pour vous parler de ma dernière lecture !
Les thématiques sont ici nombreuses. C’est la force des livres qui ont encore de vraies choses à raconter !
Ici, on vous parlera sans trop faire de racisme, des différences, d’homosexualité, de sida, de la famille, de Dieu et du diable nien sûr mais aussi d’amitié, de la rumeur, du respect, de l’amour, de la haine et j’en passe.
Vaste programme me direz-vous?
Oui, mais que cela ne vous effraie pas.
Le voyage sera prodigieux !
L’ETE OU TOUT A FONDU raconte l’arrivée du diable sous la forme d’un petit garçon de couleur noire. Cet été de 1984 sera le plus chaud jamais enregistré à Breathed. D’autant que les esprits vont très vite s’échauffer dans cette petite ville de l’Ohio.
Non, ce roman n’est pas un roman de genre fantastique. Il est au contraire très humain.
Humain dans le sens… pour le meilleur et surtout pour le pire !
Face à certaines vérités, face à l’inconnu, face à l’incompréhension… croyez-vous que le diable a encore des choses à apprendre aux animaux que nous sommes parfois ?
Tiffany McDANIEL possède un don pour le décalage et les mises en situation où la beauté et l’insupportable s’entrechoquent pour mieux pousser le lecteur dans ses retranchements.
C’est avec une subtilité rare mais aussi une vraie poésie des mots, des phrases… qu’elle s’introduit dans votre esprit afin d’offrir des émotions si fortes que cette puissance poétique résonne longtemps après. Un peu comme certaines scènes marquantes d’un film.
Alors j’ai du mal à vous parler des émotions ressenties durant cette lecture, je ne vais pas le cacher. J’ai pleuré et j’ai dû faire des pauses pour trouver un peu de décence.
A présent j’ai retrouvé ma sérénité et tant pis si cet été là… fut pour moi aussi fort, aussi triste et éprouvant.
Tirer ce diable par la queue en valait vraiment le feu d’une chandelle ou ce beau séjour en Enfer !


Tiffany McDANIEL

Tiffany McDaniel vit dans l’Ohio, où elle est née. Son écriture se nourrit des paysages de collines ondulantes et de forêts luxuriantes de la terre qu’elle connaît. Elle est également poète et plasticienne.
En 2002, elle a dix-sept ans et la découverte de secrets de famille déclenche son envie d’écrire. En 2003, elle achève une première version de Betty, qu’elle envoie à des agents littéraires. Mais c’est seulement en 2017 que le prestigieux éditeur américain Knopf, maison littéraire du groupe Penguin, s’intéresse au roman. Les droits de publication à l’étranger sont cédés dans plusieurs pays, dont la France et l’Angleterre. Betty paraît en 2020. Le livre est un immense succès et remporte de nombreux prix littéraires : Prix du Roman Fnac 2020, Prix America du meilleur roman étranger 2020, Roman étranger préféré des libraires du Palmarès Livres Hebdo 2020, Prix des libraires du Québec 2021, Prix Libr’à Nous 2021 du meilleur roman étranger, Prix 2022 du club des irrésistibles des bibliothèques de Montréal.

L’été où tout a fondu, écrit quelques années après Betty, trouvera un éditeur en moins d’un mois : il s’agit donc du premier roman publié de Tiffany McDaniel, même si c’est le 5e ou 6e dans l’ordre d’écriture.
Tiffany McDaniel a obtenu le titre de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en juillet 2021.


ENVOLE-MOI – Valérie ALLAM

Valérie Allam signe avec « Envole-moi » un grand roman, très noir et très poétique.

Une symbolique, les oiseaux. Corbeaux, corneilles, oiseaux noirs, qui traverseront l’ensemble du récit et dont la mission sacrée, depuis la nuit des temps, est d’accompagner les morts dans l’au-delà.

Et des histoires croisées. Celles de deux rescapés d’un internat pour enfants en difficulté. Mick le bagarreur, devenu garagiste, Lily qui se peint des plumes sur le corps en attendant de s’envoler. Celle de Jésus, au passé trouble, qui n’arrive plus à s’exprimer et note tout ce qu’il ressent dans son calepin. Celle d’une dame qui apprend le piano avec un professeur qui semble lui redonner goût à la vie, jusqu’à ce que son épouse disparaisse. Et la mère de Jésus, dont le principal souci est le déménagement d’un cimetière.

Et puis, il y a Aernoult, un maffieux belge qui tire beaucoup de ficelles et, de par son réseau de prostitution et le trafic de voiture qu’il organise, régit la vie de tout ce petit monde. Et puis, et puis…

D’abord il y a celui qui ne parle pas, il s’appellerait Jésus, il ne parle pas ou seulement à un oiseau sinon il écrit dans des carnets. et puis il y a Duncan le moineau qui écoute Jésus, qui parle à Jésus et qui lui offre une bande son correspondant à ses humeurs, Duncan il ou elle est dedans comme dehors.
Il y a Mick, de la graine de « marlou », du pas fréquentable, violent, délinquant mais éperdument amoureux à sa manière de Lilly la femme-oiseau qu’il détient prisonnière dans une casse automobile le temps de lui confectionner des ailes dessinées sur tout le corps pour qu’elle puisse s’envoler.

Ce rêve en demi-cauchemar va être décimé par la réalité, tout ne peut pas être aussi poétique, il y a des cadavres à déterrer et particulièrement celui de Clara, personnage qui hante le récit en recherchant une fenêtre qui n’a jamais existée à travers la musique classique qu’elle interprète au piano jusqu’à quelle découvre qu’elle est faite pour jouer un requiem comme Claire, la mère de Jésus qui ne joue plus à rien sauf peut-être mourir pour de vrai, mais est-ce un jeu que de finir dans une fosse commune.
Et Stella déjà morte qui habite ce récit comme les oiseaux virevoltent, elle s’épanche auprès des carrosseries qu’elle caresse comme pour mieux succomber au hasard de son envol à la chaleur de Mick.

Je savais qu’en lisant les cent premières pages du manuscrit de Valérie ALLAM j’allais droit dans un roman très noir et surtout dans un roman complexe, comme un roman de perdition et j’étais partagé entre l’envie de m’y jeter et une crainte de m’y perdre.
L’ouvrage publié m’a donné raison, je souhaitais mettre des mots et une musique, cela m’a pris beaucoup de temps pour ne pas coller à l »évidence » et j’espère que les lectrices et lecteurs de ces lignes pourront rejoindre cette émotion qui m’étreint à chaque lecture de Valérie ALLAM.

COMME UNE IMAGE – Magali COLLET

Lalie a 9 ans, un teint de pêche et des joues roses. Elle a aussi deux frères et des chatons, une belle-mère et deux maisons.
C’est une enfant intelligente et vive, une grande sœur attentionnée et une amie fidèle.
C’est la petite fille que chacun aimerait avoir.
D’ailleurs, tout le monde aime Lalie.
Tout le monde doit aimer Lalie.
C’est une évidence.
Il le faut.

L’auteure Magali COLLET pose les bonnes questions concernant une enfance (toutes les enfances ne se ressemblent pas et n’induisent pas les mèmes effets). Effectivement selon la classification officielle des troubles de l’enfant on ne peut pas parler de psychopathologie, terme déjà énormément galvaudé, particulièrement chez nos confrères écrivains mais totalement inadapté à la structure psychologique de l’enfant, nous parlerons donc d’une structure adulte déviante.

En l’occurence je pense (et cela n’engage que moi) la « douce » Lalie souffre d’un syndrome de perversion narcissique que je me garderai bien d’expliquer.

Ceci étant dit le roman est parfaitement maitrisé, sans temps morts, un « page-turner » implacable, une plongée dans l’inexorable, un appel au gouffre des émotions, qui s’y frotte s’y perd au gré des émotions de rejets, parfois de haine. Nul n’en ressort béni dans ses actions et réactions, tous fautifs. Mais comment s’en sortir devant une telle complexité qui est le propre de la perversion.
C’est un roman noir, très noir qui m’a fait ressurgir des événements (nullement aussi dramatiques) de ma carrière professionnelle.
Quarante années de psychiatrie m’ont amené à rencontrer la « perversion infantile » et heureusement je n’ai jamais été confronté au crime.

https://www.la-clinique-e-sante.com/blog/relations-toxiques/reconnaitre-pervers-narcissique#:~:text=Le%20pervers%20narcissique%20se%20consid%C3%A8re,valoriser%20aupr%C3%A8s%20de%20son%20entourage

LE MANOIR HANTE – Salvatore MINNI


Lisa et Luca sont deux frère et soeur qui vivent une vie tranquille avec leurs parents à Bruxelles. Jusqu’au jour où Lisa aperçoit une lumière à la fenêtre du vieux manoir Horta en face de chez eux. Or, le manoir est en ruine et inhabité depuis des dizaines d’années… Décidés à élucider ce mystère, les deux enfants ne reculeront devant rien… ou presque!

Dans la collection MYSTERE EN BELGIQUE.
A partir de 7 ans.

LES OUBLIES DE DIEU – Ludovic LANCIEN

Les oubliés de Dieu  par Lancien

Un médecin généraliste est retrouvé massacré dans son cabinet aux Lilas, près de Paris. Son corps a fait l’objet d’un véritable carnage.
Très vite, l’enquête dévoile sa double vie et son intérêt morbide pour la tératologie : l’étude des ces hommes et femmes que l’on qualifie abruptement de « monstres ».

Ceux dont l’existence même fut jadis considérée comme une preuve de celle du diable.
Ceux que le régime nazi a cherché à éradiquer à travers des campagnes d’extermination longtemps tenues secrètes.

Ceux que l’on nomme parfois les « oubliés de Dieu ».
Chargé de l’enquête, le capitaine Gabriel Darui va recevoir un appel d’un homme qu’il s’était juré de ne jamais revoir. Un homme qui connaît ses secrets les plus troubles. Un homme qui, à l’instar du médecin assassiné, a frayé avec ce que l’humanité a de plus sombre. Un homme qui sait que toutes les leçons du passé n’ont pas été retenues et que, comme Darui va le découvrir, l’horreur se conjugue aussi au présent

GNADENTOD ou AKTION T4

L’aktion T4, appelé aussi «programme d’euthanasie» est un véritable protocole d’élimination des handicapés physiques et mentaux mis en œuvre dès 1939 à la demande expresse d’Adolph Hitler. Pour qualifier cette entreprise, le führer employa lui aussi un mot plus doux, celui de «gnadentod» qui peut se traduire par «mort infligée par pitié» ou «mort miséricordieuse». Loin de ne concerner que les assassinats par le moyen des chambres à gaz, de nombreux auteurs y incluent l’élimination des malades mentaux par des injections médicamenteuses létales et d’autres méthodes. Ces opérations étaient effectuées sans avertir les proches des patients concernés. L’Etat nazi voyait ces personnes comme une charge pour la société n’ayant aucune utilité pour la nation. Les personnes à exterminer étaient sélectionnées par les médecins et répartis en trois groupes: celles souffrant de maladie psychologique, de sénilité, ou de paralysie incurable; celles hospitalisées depuis au moins cinq ans ; et enfin celles internées comme aliénés criminels, les étrangers et celles qui étaient visées par la législation raciste nationale-socialiste. Ce programme de mise à mort préfigurait l’extermination systématique des Juifs mise en œuvre à partir de 1942. Lors du procès de Nuremberg (1945- 1946), le nombre de 275 000 victimes fut retenu.L’aktion T4, appelé aussi « programme d’euthanasie » est un véritable protocole d’élimination des handicapés physiques et mentaux mis en œuvre dès 1939 à la demande expresse d’Adolph Hitler. Pour qualifier cette entreprise, le führer employa lui aussi un mot plus doux, celui de « gnadentod » qui peut se traduire par « mort infligée par pitié » ou « mort miséricordieuse ».

Il faut aussi rappeler que le Vatican s’était élevé contre les pratiques du régime nazi, en affirmant, dans une communication du 2 décembre 1940, qu’ «il est interdit de tuer, sur ordre de l’autorité publique, des personnes […] qui du seul fait d’une infirmité psychique ou physique, ne peuvent plus être utiles à la nation». Les nazis combattirent ce qu’ils considéraient comme une compassion chrétienne excessive pour les plus faibles plutôt que de s’occuper de la santé du corps national. Ils rejetaient ainsi le principe de charité selon lequel on se soit de soigner tous les malades jusqu’à leur mort.

JOSEPH BENOÎT COTTOLENGO saint (1786-1842)

Prêtre italien, né à Bra (Piémont), mort à Chieri, fondateur d’un grand hôpital turinois et de divers instituts religieux qui poursuivent en Italie son action charitable. Cottolengo est ordonné prêtre à Turin le 8 juin 1811. Après quelques années de ministère rural, puis d’études théologiques, il décide de se consacrer au service des infirmes et des malades les plus déshérités. En 1828, il ouvre un minuscule hôpital de quatre lits, la Piccola Casa. Une veuve, Maria Nasi, fonde avec lui une société de Filles de la Charité pour le soin des malades. En 1831, le choléra se déclare à Turin, et la Piccola Casa, dénoncée comme un foyer d’infection, est fermée sur ordre de l’autorité civile. Cottolengo recommence immédiatement son œuvre au nord-ouest de la ville, au Valdocco, où il n’y a alors que des terrains vagues. La Petite Maison de la Divine Providence devient bientôt une grande cité hospitalière. Pour en assurer le service, Cottolengo met peu à peu sur pied diverses équipes de religieuses et fonde deux congrégations masculines, les prêtres de la Petite Maison de la Divine Providence et les frères de Saint-Vincent-de-Paul ; il y ajoute une œuvre pour les aspirants au sacerdoce, les Tommasini.

Cette histoire a l’allure d’un perpétuel miracle ; Cottolengo, qui attendait tout de la Providence, gérait son immense hôpital sans avoir de ressources stables, le surplus non utilisé des dons quotidiens étant redistribué aux pauvres chaque soir.

La cité de Cottolengo occupe aujourd’hui tout un quartier de Turin. Plus de huit mille personnes, infirmes, malades, orphelins, handicapés de toute espèce, y sont soignés, assistés, instruits, éduqués par plusieurs centaines de religieux et de religieuses. Il existe, en Italie, près d’une centaine d’instituts Cottolengo pour le soin des malades mentaux, des épileptiques et des infirmes.

Saint Joseph Benoît Cottolengo a été canonisé le 19 mars 1934.

La Piccola Casa della Divina Provvidenza | Cottolengo | TorinoMagazine
Le «Cottolengo», une œuvre sociale aux mains de la Providence – Portail  catholique suisse

https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9ratologie : TERATOLOGIE

Ce roman est saisissant, fascinant et bien sûr passionnant.
Il a été sélectionné pour le Prix Dora-Suarez 2021 et ce fut un crève-coeur pour moi que le jury ne l’ait pas retenu.

Cet ouvrage est une mine de documentation alliée à une combinaison romanesque visant à nous faire sentir que l’horreur est bien souvent à portée de main, à notre porte, dans notre entourage ou même encore, parfois, bien tapie à l’intérieur de nous, comme ces expériences traumatisantes vécues par Gabriel dans ses « dark-travel ».

Ludovic LANCIEN est un auteur à suivre, un « grand » en devenir.

FUCKING MELODY – Noël SISINNI

Fucking Melody par Sisinni

Fiorella, quinze ans est soignée dans une clinique depuis longtemps. Fiorella vient d’apprendre qu’elle est plus gravement atteinte que ce qu’elle croyait. Dotée d’une imagination sans fin, elle s‘invente des passés et son présent, ne pensant pas à l’avenir. Elle a fait la connaissance de Soline, musicienne et clown qui intervient dans l’établissement. Puis de Boris, le compagnon de Soline, bédéiste qui trouve en Fiorella l’un de ses personnages. Fiorella tombe amoureuse de Boris et décide de s’enfuir avec lui, même contre son gré.
Une saloperie dans la moelle épinière…Alors, il lui faut vivre, vivre passionnément et vite…Et comme toutes filles de son âge, elle veut connaître l’amour. Boris : un coup de foudre pour elle.
Fiorella n’hésitera pas à éliminer tout ce qui se met en travers de son chemin, un rouleau compresseur à leur poursuite. Mais plus ils avancent vers l’ouest, plus l’horizon s’obscurcit…
Alors « elle va, le crabe dans une poche, un flingue dans l’autre, elle va… »

Il faut oser cette plongée dans le noir, immerger le spectateur sans plus attendre dans une histoire qui ne peut se terminer que dans la mort.
Une étrange sarabande se joue autour de Fiorella, un cercle avec peu d’acteurs et une économie de moyens, comme une économie de mots aux travers desquels surgit un trait de poésie désenchanté…poésie parfois, désenchanté toujours…
Le lecteur, moi en l’occurence, s’en prend plein la gueule dès la première page, sonné mais jamais sauvé par le gong, impossible de faire une pause dans cette course à la mort et à l’amour, un peu comme si le fait de fermer le livre pour quelques instants allait provoquer ce qu’on redoute le plus, Fiorella pourrait mourir sans moi.
Pour un livre qui traite d’un destin funeste, on s’attache passionnément à ce trio, on les aime, on aime Fiorella, la menteuse, la fugueuse, la manipulatrice qui tente désespérément de tordre sa vie dans tous les sens pour y donner un sens. Elle, ce petit bout de femme qui veut aimer et être aimé avant de mourir demain, peut être, ou la semaine prochaine.
Même si l’auteur s’autorise quelques saillies humoristiques, car bien sûr la petite a quinze ans et elle n’a pas sa langue dans sa poche, on n’arrive pas à s’autoriser à respirer, ne pas trahir la gravité du moment, il y a déjà suffisamment d’impuissance sans en plus rajouter la culpabilité.
Vous l’aurez compris, c’est encore une fois une perle, une pépite du roman noir que nous propose JIGAL POLAR.

GADJO FAREL – André BLANC

Gadjo Farel par Blanc

L’assassinat d’un ancien patti issu de la communauté yéniche devenu un industriel en vue va entraîner le commandant Farel de la BRB dans un maelström international où des personnages inattendus vont faire surgir les aspects les plus sombres de la nature humaine : officier militaire, manouche, chaman, ministre en exercice, avocat international, mafieux de l’Est… Comme dans la tragédie grecque, la fatalité accablera les hommes, les habitera et les détruira.
Personne ne sera épargné, pas même les héros qui devront payer le prix fort. Prévarications, trahisons, meurtres, attentats, c’est dans ce climat de guerre que Farel va être touché au plus profond de sa chair !

Il y a deux auteurs lyonnais que j’affectionne particulièrement dans la catégorie « Polar », ce sont Jacques MORIZE et André BLANC, non parce qu’ils sont lyonnais mais parce que la toile de fond de leurs polars est la ville de Lyon et que je m’y retrouve comme chez moi.
Mais foin de chauvinisme provinciale !

André BLANC sculpte des polars musclés ancrés dans les méandres des malversations politiques, des engrenages économiques malsains.
Un peu à la manière d’un Olivier Marchal, il scrute ce qu’il y a de plus dégueulasse dans les rouages de notre société et attention c’est une mine et aussi un terrain miné.
Ici, pas de remords, et encore moins d’humour, tout est excessivement sérieux, il y a mort d’homme, et dans chacun de ses romans la fatuité l’emporte sur la vie humaine. Préserver son statut, sa fortune, sa réputation de grand bandit ou d’édile exemplaire et c’est à ce prix qu’il y a des hommes qui tombent, Farel en fera la douloureuse expérience (moi aussi puisque je n’ai pas pardonné à André d’avoir fait disparaître un de ses personnages).

Un dernier mot pour la fin : lisez la collection Farel, tous chez JIGAL, mais lisez les dans l’ordre de parution vous en aurez encore plus de satisfaction.

TABLEAU NOIR DU MALHEUR – Jérémy BOUQUIN

Couv tableau noir du malheur

A la suite d’un drame familial, Céline, professeur des écoles, débarque dans une nouvelle ville. Seule avec son ado de fils et son chien, sa vie est devenue un combat, contre son passé, contre les pressions familiales.
Pourtant elle s’accroche, sa planche de salut ? Son travail. Ce fameux « pari éducabilité » qui la fait tenir. Son métier prend la dimension d’une mission.
Dans ce quartier populaire des Murailles, la tâche est immense.
Sa classe, ses nouveaux élèves, des « grands » de Cours moyen, sont frappés par le déterminisme social et l’échec scolaire.
Puis il y a ce gosse étrange, Gary.

Ce roman est un gouffre, un gouffre pour le lecteur qui va vivre une expérience étouffante, un gouffre dans lequel rentre une enseignante déjà fragilisée par sa vie personnelle et qui devra s’affronter à une chute vertigineuse : perte de ses repères, de son éthique, la confrontation de l’humanité et de la sauvagerie…mais y a-t-il encore une once d’humanité dans ces zones dévastées par la catastrophe sociale envahissante, la paupérisation, la haine fruit de la rancoeur, la paranoïa qui s’installe face au déni des instances politiques.
Ce roman est comme une bombe, un condensé de tristesse et de violence sous-jascente, ça va pêter mais quand et comment ?
C’est noir de chez noir, l’auteur comme à son habitude va droit au but, une écriture précise, aucuns détours, une claque dans la gueule presqu’à chaque page pour aboutir à la fin à un KO debout.
J’ai cru mourir étouffé et l’éclat de violence à la fin du roman est salvateur mais on ne peut pas le cautionner, il y a comme un sursaut de morale qui voudrait que nous le condamnions, alors que c’est là que j’ai repris mon souffle car enfin un auteur parlait de ce que j’ai parfois désirer de faire dans des situations extrêmes et de toute ma honte d’avoir eu cette envahissement, car il « fallait » bien assumer les « difficultés », j’avais choisi mon métier, mais pas choisi que ma structure professionnelle m’abandonne.

Ce roman c’est un « retourne-tête ».

ET PUIS MOURIR – Jean-Luc BIZIEN

Et puis mourir par Bizien

Plusieurs samedis d’affilée, alors que tous les services de police de France sont mobilisés par les manifestations des gilets jaunes, de meurtres sont commis dans les beaux quartiers de Paris. Cela pourrait être l’œuvre d’un déséquilibré qui aurait poussé jusqu’à la vengeance les revendications de justice sociale, mais le commandant Jean-Yves Le Guen n’y croit pas.
Avec son adjoint, le capitaine Patriziu Agostini, ils jouent contre la montre. Car l’idée d’un « meurtrier gilet jaune » menace de faire l’objet de récupérations politiques qui ne feraient qu’empirer la situation – et le prochain samedi de protestations se rapproche …

Un polar d’actualité mêlant revendications sociales et vengeance personnelle – sur fond de Paris en état d’urgence

Tout d’abord deux choses : le véritable personnage principal c’est Adeline, ce qui explique mon choix d’illustration musicale, c’est elle qui est au centre de tout et qui après avoir lutté contre la folie, avoir subie la barbarie, a baissé les bras, appuyé son front à la fenêtre, les yeux pleins de larmes pour contempler un ciel d’hiver qui ne laissera plus jamais passer le soleil.
Gabriel au nom prédestiné est l’archange vengeur qui lui aussi, son oeuvre achevée regardera par la fenêtre dans la même direction qu’Adeline.

L’intrigue policière est pour moi un argument de roman, le contexte social un alibi pour justifier que Gabriel ne tombe pas dans les filets de la police. Tout ceci est une articulation du récit.
Moi, je me suis posé la question du pourquoi, pas du comment j’ai donc préférer suivre Gabriel que Le Guen, j’ai donc préférer ressentir l’émoi à chaque visite de Gabriel à Adeline qu’à la progression d’une enquête sur fond de troubles sociaux.

Comme d’habitude Jean-Luc Bizien développe une écriture fluide, cette fois sous une forme qu’on a moins l’habitude de le voir aborder, encore une corde à son arc, cet auteur « touche à tout » qui excelle pour ma part dans le « hard-boiled », mais après lecture de « Et puis mourir » aussi dans un monde plus intimiste.

CELLES QUI SE TAISENT – Bénédicte ROUSSET

Celles qui se taisent... par Rousset

Par une nuit de décembre, une macabre disparition est signalée à la maternité de l’hôpital. La direction demande à son personnel de ne rien dire : il en va de la réputation de l’établissement.
Les années passent, le secret est enterré.
Pourtant, dix-huit ans plus tard,
le destin s’en mêle quand, après une terrible découverte, Caroline fouille dans le passé… c’est incompréhensible…
ça ne « peut » pas être.

Caroline et Augusta, deux femmes que tout oppose. En apparence…
Que s’est-il passé qui disloque leur vie et ternisse leur bonheur ?
Jusqu’où peut-on aller dans le renoncement, par amour pour une mère, par amour pour un fils ?

Il est des rencontres qui bouleversent nos silences.
Peut-être courons-nous après l’amour sans en donner assez ?

Connaissez-vous Didier DECOIN ?
Sans doute, l’auteur de John l’Enfer Goncourt 1977. Mais le connaissez-vous comme l’auteur de La Femme de chambre du Titanic ou encore de La Promeneuse d’Oiseaux ?

Je vous parle de Didier DECOIN car j’ai trouvé une grande similitude d’écriture, de ton, de souplesse du langage avec Bénédicte ROUSSET.
Celles qui se taisent est un roman intemporel, pour tout dire, lors de ma lecture je me suis inventé un monde « début du siècle XX », j’ai plongé dans cette atmosphère et ne m’en suis pas séparé tout du long des 346 pages que compte ce roman.

Essayez d’entrer en guerre avec une femme qui a perdu un enfant, vous verrez : ce qui vous sépare est plus mince que ce qui vous rassemble.

A elle seule cette phrase pourrait à la fois résumer le livre et aussi bien illustrer le ton du récit qui est aussi cruel que doux.
On se laisse promener par Bénédicte ROUSSET avec ravissement grâce à sa délicatesse dans cette histoire de mensonges, de non-dits et d’amour impossible ni celui d’un fils pour sa mère ni celui d’une femme pour un homme.
Le silence fait parfois des ravages, mais après tout on peut s’interroger : toutes les vérités sont-elles bonnes à dire et un secret doit-il rester secret ?

Quid de Jean et d’Isaac, ces deux enfants nés le même jour, dans la même maternité de deux mères que tout oppose. Caroline abandonnée par son mari, réduite à faire des ménages et un peu dame de compagnie pour Augusta, femme aisée dont le luxe consiste à une oisiveté et un ennui chronique qui frôle la dépression.
La première est une femme dépassée par la vie, vouée aux gémonies du voisinage, la seconde, une femme autoritaire et une mère qui n’épargne rien à sa progéniture pour satisfaire ses propres désirs et nous le comprendrons plus tard, son besoin de rédemption.
Jean se devra de rentrer dans les ordres et Isaac mourra. Mais il est des secrets même les mieux enfouis qui peuvent resurgir.

C’est un roman très fort, parfaitement maitrisé sur la rencontre de l’amour, de la misère, du mystère et du mensonge.

SAUCE DE PIRE -Ludovic BOUQUIN/Jean-Pierre XIRADAKIS

LA TUPINA, à Bordeaux
Jamais un restaurant n’aura si bien servi la cause du goût juste
Périco LEGASSE in Marianne N°1276 du 27 Août 2021

D’abord la forme, un manuel de recettes de cuisines qui chaque fois trouvent leur place dans le récit et aussi une sorte de best of du polar grinçant, imaginatif. Les deux se conjuguant comme s’il était impossible que l’un manque à l’autre, pour tenir cette sauce.
Puis le fond, un polar classique qui selon moi a eu le bon goût (vous voyez on y revient) de s’inscrire dans les années 70, parce que ces années là étaient la porte ouverte au plein emploi, que des cris de liberté avaient brisés quelques tabous et que du coup il n’y a pas d’étonnement à trouver un Aboubacar dégotter un emploi, faire preuve de son art de découpeur et mettre en scène son homosexualité, c’est dans l’air du temps même si par réflexe sociétal se manifestent les fachos, les casseurs de pédés et les profiteurs de tous bords.

N’empêche, la réussite a un prix, le maintien de son rang dans la société a un prix, mais pas le même suivant que l’on soit riche ou bien portant, noir ou blanc, homo ou hétéro, ça se déguste sans faim, au fil des pages, au fil des recettes, avec toujours à l’esprit le P….. de bonheur qu’on du avoir nos deux auteurs à écrire ce manuel irrévérencieux en forme de polar.

MAY FLY – Gérard COQUET

May fly par Coquet

Salvatore Bonato est un homme prudent et matois qui a toujours géré sa vie en bon père de famille. Mais est-il possible d’en être un quand on est le comptable du terrorisme et que l’on vient d’en détourner les fonds ? Devant le monstre qu’il a réveillé, il choisit de se placer sous la protection de la police, accepte de livrer ses secrets, mais pose une condition : que Ciara McMurphy recueille sa confession. C’est aussi lui qui impose l’endroit de la rencontre : Inishbofin, une île au large des côtes du Connemara. Inishbofin, c’est l’île de la vieille femme et de sa vache blanche. Dans la légende celtique, quand elles émergent du brouillard et errent sur les plages de galets, c’est pour annoncer un désastre. Et pour Ciara, c’est un mauvais souvenir. Quand elle avait quatre ans, c’est sur ce caillou perdu en face de la pointe d’Aughrus que sa mère s’est noyée. Pourquoi l’Italien a-t-il décidé de se mettre en scène là-bas ? Quelle idée a-t-il en tête ? Comment se comporte une truite vorace devant les ailes diaphanes d’une May Fly ?

« Chez Coquet, la dent est carnassière, la pensée noire, mais le cœur est ouvert attiré par la lumière chaleureuse de l’âtre où la tourbe se consume. » Nyctalope

« Quelle écriture et quelle histoire ! Une plume inspirée et un style virevoltant… Un passionnant roman ! «  Whoozone

 J’étais dans une bulle, le ciel était bleu, les piafs jamais gazouillaient et je prenais un pied d’enfer à bouquiner, à taquiner la fario et à enchaîner les orgasmes. Comme Culann est parti depuis plus de trois semaine, je suis redevenue ce que j’étais : une castratrice de médiocres jonglant avec les balles d’une probable déprimeCiara

Avec « L’aigle des tourbières » nous avons quitté Ciara suffisamment en colère après le massacre de Ballinaleama pour déposer sa démission de la garda, elle a failli perdre la vie, a été la témoin d’atrocités, alors maintenant elle veut qu’on lui foute la paix, qu’elle puisse bouquiner du Sam Millar, préparer ses may fly’s pour aller pêcher la truite et rêver du grand amour.
Mais une certaine Cobra va venir rompre ce semblant d’apaisement avec une proposition qu’elle ne peut pas refuser, integrer la spécial- branch de la garda pour une mission temporaire à hauts risques.
Ciara était en colère mais là sa colère va décupler face à un personnage énigmatique d’un trésorier sous couverture et protection conscient de la fin qui l’attend et veut la repousser en ne divulguant ses informations qu’au compte-goutte, tandis qu’inexorablement, dans un cortège de feu, de sang arrivent les tueurs des mafias qui alimentent les réseaux terroristes. La vieille femme et sa vache blanche peuvent se montrer.

Gérard COQUET a passé la surmultipliée, ça sent la poudre, ça flingue à tout-va. Inishbofin est une île, donc un endroit isolé, on peut donc s’y entretuer sans complexes, surtout quand les commanditaires se pavanent dans leurs palais en Bosnie à l’image de Joniar Duraku. La cruauté est de mise, à la hauteur des enjeux.
C’est donc avec une variation de style que l’auteur présente ce nouvel opus. Non qu’il renonce aux descriptions de paysages ou d’ambiance, mais il raccourcit le format, il met du nerfs dans ses propos et se rapproche du style hard-boiled, personnages typés, violence omniprésente, un peu à la manière d’un Walter Hill au cinéma ou d’un Stephen Hunter en littérature, et ça lui va très très bien.

Ce roman a été sélectionné pour le Prix Dora-Suarez 2021

C’EST MOI QU’IL VEUT – Daniel MARTINANGE

C'est moi qu'il veut par Martinange

De jeunes garçons sont enlevés, puis réapparaissent indemnes, enveloppés d’une couverture de survie. Sylvie, infirmière un peu borderline, est persuadée que le monstre impuni qui l’a terrorisée durant son enfance est l’auteur de ces rapts. Elle pressent l’imminence d’autres drames, d’autres morts. Près du lac où fut retrouvée la première jeune victime, vingt ans auparavant, des cadavres très récents de salamandres et de vipères sacrifiés sont découverts sur un étrange autel, tandis qu’un autre gamin disparaît…

Un polar qui penche vers le thriller.
Des dialogues savoureux, des retournements de situations astucieux, une tension psychologique parfaitement maîtrisée.
Saint-Étienne et les monts du Forez. Un coin riche en histoires de sorcelleries et d’amours chaotiques.

Un enquêteur séduisant, très télévisuel, commandant de police parisien récemment arrivé dans le département, qui sort de l’ordinaire puisqu’éternellement vêtu d’improbables chemises à jabot

Sylvie Chotant, infirmière, est au centre de ce roman, tout tourne autour d’elle mais aussi tout tourne à l’intérieur d’elle, Sylvie Chotant, infirmière, est une femme extrêmement perturbée… traumatisme de son enfance ? paranoïa ?

Et puis bien sûr les inévitables secrets de famille quand on sait que Sylvie a été enlevée et séquestrée quand elle était enfant et que personne n’a jamais pu identifier le ravisseur, que les soupçons se sont portés sur les proches.

Maintenant ça recommence, on enlève des enfants que l’on retrouve indemnes un peu plus tard, mais il y a aussi ceux qui ont été enlevés et qui sont morts.

Sylvie Chotant a eu un père violent, une mère absente, un oncle complètement cinglé et deux frères à protéger dans un climat social et affectif proche du néant.

Avec tout ça, Daniel MARTINANGE tricote un polar sans temps morts, passionnant de la première à la dernière page et se permet le luxe de nous scotcher avec un dénouement inattendu.
Un bonheur de lecture, une écriture vive, beaucoup de dialogues…un régal.

CE QU’IL NOUS RESTE DE JULIE – Sébastien DIDIER

Ce qu'il nous reste de Julie par Didier
https://www.youtube.com/watch?v=mRo7tMnM60I&t=14s

Vingt ans.

Cela fait vingt ans que Sébastien a quitté Sainte-Geneviève, sa petite ville natale du sud de la France. Trop de démons l’y tourmentaient. Aujourd’hui, comble de l’ironie pour un écrivain, c’est un livre qui le renvoie à ce passé qu’il s’est toujours efforcé d’oublier.

Le Temps d’un été.

Tout dans ce roman, qui s’annonce comme le succès littéraire de l’année, lui fait penser à Julie. Des références troublantes, des anecdotes qu’elle seule connaissait… À tel point qu’il en est persuadé : c’est elle qui l’a écrit.

Julie, son amour d’adolescent.

Celle qui a tant compté.

Mais qui est morte il y a vingt ans, assassinée par un tueur en série

Passionnant de la première à la dernière page.
J’adore ce principe du livre dans le livre, à condition que ce soit bien fait et là c’est remarquable.
Les deux histoires se croisent, parfois se télescopent, les personnages se retrouvent, les lieux sont les mêmes, ils ont simplement changé d’orientation, d’hôtel de luxe la demeure est devenue une pension de famille mais les souvenirs restent dans ces murs et l’auteur parsème son récit de multiples indices.
La nostalgie saupoudre toutes phrases de ce roman.

Nous assistons à une magnifique démonstration d’un « à la manière de », hommage à la grande dame du crime et son détective, j’ai nommé Agatha Christie et Hercule Poirôt, les lieux mêmes sont un hommage, très souvent Poirôt enquêtait dans des Hôtels luxueux ou encore des pensions « so british ».

Il y a une part d’enfance, d’adolescence qui ne peut échapper à un oeil aiguisé: cinq amis inséparables comme un certain « Club des cinq » de Enyd Blyton auquel l’auteur aurait rajouté cette part de sensualité, cet apprentissage amoureux que Enyd Blyton se gardait bien de laisser entrevoir.

Des personnages crédibles, une intrigue menée de main de maître (malgré un final concernant le meurtre de Julie quelque peu prévisible), une écriture souple, aisée.
Un réel plaisir de lecture, une vraie réussite.

STAVROS CONTRE GOLIATH de Sophia MAVROUDIS

Stavros contre Goliath par Mavroudis
https://www.youtube.com/watch?v=IOMmwyfPEio&t=40s

Le commissaire Stavros Nikopolidis est un électron libre et désabusé, charmeur invétéré, amateur d’ouzo et de rebetiko, au caractère bien trempé et à l’instinct aiguisé. A peine remis de la traque de son ennemi intime, il se retrouve, sur ordre de sa hiérarchie et de Bruxelles, à devoir collaborer avec les Turcs – ennemis jurés des Grecs depuis toujours – en vue d’interpeller en mer Egée un terroriste embarqué dans une caravane de migrants à destination de l’Europe.
Mais Dora, coéquipière de Stavros et ancienne des forces spéciales, semble nourrir une rancune tenace envers ce terroriste et Cengiz, ce chef turc de la police côtière qu’on leur a collé aux basques. Traques effrénées, coups fourrés et retournements se succèdent. La rage qui anime Dora va brouiller les cartes… Et c’est sur une partie de tavli que tout va se jouer !

Son éditeur en parle très bien, Stavros est un personnage atypique, s’il n’évoluait pas dans un contexte aussi violent il pourrait être le Maigret grec, à l’instar de ce dernier, faisant l’ignorant ou le bon élève face à sa hiérarchie, amateur de bonnes chaires, passionné d’énigmes et de hasard, flirtant au gré de l’enquête avec des personnages plus ou moins recommandables. Mais il n’est pas entouré d’inspecteurs aux ordres, prets à se faire engueuler pour un oui ou un non.
L’équipe de Stavros ce sont des durs à cuire, des violents. La Grèce n’est pas la France des années 50, c’est un pays meurtri par une crise économique sans précédant, assailli de toutes parts par les vents migratoires, l’invasion du terrorisme, la création de camps de réfugiés de plus en plus incontrôlables, la rancoeur incessante avec la Turquie.

Alors Stavros devra déjouer une attaque terroriste, il devra faire le ménage au sein de son équipe, se séparer, contraindre d’autres, prendre soin de ce monde défaillant avec un humanisme qui n’appartient qu’à lui, une logique qui n’appartient qu’à lui et ce fameux jeu du Tavli, redoutable confrontation.

Un livre encore une fois passionnant

NOIR COTE COUR – Jacques BABLON

Noir Côté Cour par Bablon
https://www.youtube.com/watch?v=-epihrIZXpM

Dans un immeuble parisien, les habitants de chaque étage ont leurs sombres secrets…

Paris. Un immeuble ancien avec une cour pavée. Cinq étages. Fin de semaine calme. Si ce n’est que… Que la grosse fête au quatrième chez ces trentenaires bien dans leur époque tourne mal. Qu’au premier, un des deux Lettons de passage dans la capitale a pris un éclat de grenade GLI-F4 dans le dos et saigne comme un bœuf. Que l’homme du deuxième qui a accueilli une sans-papiers ne rêve que de la baiser. Que la belle étrangère sait particulièrement bien calmer les ardeurs des hommes qui se croient tout permis. Que le jeune du cinquième connaît tout des horreurs commises par le salaud du deuxième et qu’il ne va pas en rester là. Que l’importateur de pistaches qui habite au troisième a pris une balle dans la tête. Mais qui pourrait affirmer que dans ce nid de vipères l’amour ne pourrait pas éclore ?

je me permets de citer Emmanuel FLEURY :

« Dans ses romans, Jacques Bablon va toujours à l’essentiel. Dès l’ouverture du polar, l’ambiance est bien là, donnant envie d’aller plus loin, de lire encore et encore. Avec lui, pas le temps de souffler, on ne lâche pas le livre tant qu’il n’est pas terminé. Des romans noirs dignes des plus grands. » Emmanuel Fleury

L’allégorie est un peu facile et je m’en excuse, mais j’ai dévoré ce roman comme un mille-feuilles, cette pâtisserie si fragile et si complexe à fabriquer car chaque couche ne tient que par l’excellence de la suivante et ainsi de suite.
Le rapport est donc tout à fait identifiable entre une succession de couches et une succession d’étages d’un immeuble, le nombre est sensiblement identique, cinq étages et un lien entre chaque…c’est tout l’humour de Jacques BABLON…une goutte d’eau, une fuite d’eau qui va réunir un voisinage parfois discret, voire invisible, mais parfois exubérants, d’autres encore encombrants, et puis toujours dans une telle situation le personnage qui observe tout mais ne sait rien, ou plutôt n’en pense pas moins.

Et comme toujours chez Jacques BABLON il y a ce punch d’écriture, des phrases courtes, une construction un peu comme une partie de flipper, on frôle le tilt, le « game over » mais non ! c’est un gros score qui s’affiche.
Et puis il y a cet humour sous-jacent, ce sourire à la fois bienveillant et ironique. J’imagine qu’il m’a dit en achevant son écriture « je t’ai bien eu quand même ». Et j’ai adoré.

LE CERCLE DE FINSBURY – B.A. PARIS

Le cercle de Finsbury par Paris
https://www.youtube.com/watch?v=fUntMxxWSwY

Alice croyait avoir trouvé la maison de ses rêves...
Quand Léo et elle emménagent au Cercle de Finsbury, une résidence haut de gamme en plein Londres, la jeune femme est persuadée de prendre enfin un nouveau départ. Et tant pis si les choses sont allées un peu vite avec Léo et si celui-ci a pris en charge leur emménagement
sans véritablement la consulter. La maison est parfaite, la résidence idéale, et les voisins semblent si accueillants !
… Mais ce fut celle de ses pires cauchemars.
Lorsqu’Alice apprend que Nina,
qui vivait dans la maison avant qu’ils n’emménagent, y a été sauvagement assassinée, le vague sentiment d’insécurité qu’elle ressentait jusqu’alors se transforme en peur, puis en terreur. Une présence étrange semble hanter les murs et ni Léo, qui semble lui cacher beaucoup de choses, ni les voisins, qui consacrent le plus clair de leur temps à s’épier les uns les autres, ne la rassurent.
Et puis l’on passe bien trop facilement d’une maison à l’autre, à l’intérieur du Cercle, pour pouvoir y dormir en paix
.

Et alors Hitchcock rencontre les « desperates housewives ».

Nous n’avons pas à faire avec une nouvelle venue, B.A.PARIS est une pointure dans sa catégorie qui manie l’art du récit comme peu savent le faire, le structurer… c’est quoi un « cliffhanger », je vous propose un petit cours de rattrapage:

En deux mots

Vieille de près de deux siècles, la technique du cliffhanger, apparue dans les romans-feuilletons du XIXème siècle, consiste à terminer l’épisode ou la saison d’une oeuvre par une fin ouverte, au moment où le suspens est à son comble. Au sens littéral, « cliffhanger » signifie « suspendu à une falaise ». La première utilisation du mot remonte à un roman de Thomas Hardy publié en 1873, A Pair of Blue Eyes, dans lequel l’écrivain laisse son héros dans cette situation pour le moins périlleuse. Et bien sûr, on n’oublie pas une référence plus contemporaine : celle du film culte avec Sylvester Stallone sorti en 1993. Utilisé en littérature comme au cinéma, le cliffhanger est l’arme fatale des séries, qui donne une irrépressible envie aux téléspectateurs de revenir comme un seul homme pour l’épisode suivant.

Pourquoi c’est important

Aux Etats-Unis, le cliffhanger est devenu une institution pour deux raisons. Il permet d’accrocher l’attention du téléspectateur, de retenir l’audience pour la saison suivante, et il rythme un épisode de série. Sur les networks par exemple (ABC, CBS, NBC, The CW, FOX), un mini-cliffhanger apparaît toutes les 12 minutes, soit la fréquence des diffusions de spots publicitaires. L’écriture en cliffhangers s’est propagée aux chaînes câblées, qui pourtant n’ont pas la contrainte des publicités. Sur un drama de 52 minutes comme Game of Thrones, on compte entre trois et quatre cliffhangers par épisode.

Quelques exemples concrets

Le cliffhanger le plus célèbre, qui a donné ses lettres de noblesse au terme, reste celui de Dallas. Dans le dernier épisode de la saison 3, J.R. Ewing se fait tirer dessus. Tout l’été, une grande campagne de médiatisation « Who shot J.R. ? » fait grand bruit. Des tee-shirts et mug sont vendus avec cette tagline. Le season premiere de la saison 4, diffusé en 1980 après des mois de spéculation, fut suivi par 80 millions de téléspectateurs dans le monde !

Dans les années 2000, le cliffhanger fait toujours recette. De la trappe au fameux flashforward de fin de saison 3 (« We have to go back, Kate. »), la série Lost l’a utilisé avec brio. Alias (le réveil de Sydney amnésique en saison 3), Desperate Housewives ou encore Prison Break ont aussi livré des cliffhangers restés dans les annales.

Et puis il y a ces séries qui se terminent par des cliffhangers devenus involontairement leurs fins, comme V (2009), annulée au bout de deux saisons après un season final épique et sanglant. Résultat : une frustration éternelle pour les fans, qui ne connaîtront jamais la suite. Au rayon comédie, le cliffhanger a aussi été abondamment utilisé par des sictoms telles que Friends ou How I Met Your Mother. Ces séries de potes terminaient souvent leurs saisons par un suspens romantique autour des couples phares Rachel & Ross et Robin & Ted.https://www.youtube.com/embed/fCa-v2CeyY0?rel=0&showinfo=1

Dans ce roman, l’art de l’utilisation du « cliffhanger » est poussé à son paroxysme, tout peut arriver quand vous tournez une page, quand quelqu’une doit rencontrer quelqu’autre, quand le téléphone sonne, quand l’éléctricité s’éteint, quand n’importe quel incident du quotidien survient, une lumière chez les voisins devient un objet de persécution et quand la lumière disparaît c’est pire, car il faut un maximum de paranoïa pour tenter de fuir ou encore rester pour affronter ce qui n’était vraiment pas envisageable.

Un roman à suspense, un classique maintenant.

LES MACCHABEES DE SAINT-JUST – Jacques MORIZE

Les macchabées de Saint-Just - Une enquête du commissaire Séverac - Jacques  Morize (EAN13 : 9782382000113) | Éditions AO - André Odemard - Maison  d'édition indépendante
https://www.youtube.com/watch?v=XVEGc2GRnCE

Abel Séverac fait une mauvaise rencontre dans un escalier du Vieux Lyon, la montée des Chazeaux*. Il se réveille deux jours plus tard a` l’hôpital Édouard-Herriot, incapable de se souvenir de ce qui lui est arrive´.
Pratiquement dans le même temps, un enfant est enlevé non loin du cimetière de Loyasse et le cadavre d’une jeune femme est repêche´ dans le Rhône. Pour ne rien arranger, un dangereux truand fraîchement évade´ de la centrale de Clairvaux semble avoir décide´ de venir a` Lyon régler quelques vieux comptes.
Les macchabées pleuvent comme grêle en été, ce qui va contraindre Séverac et son équipe à « se sortir les tripes » pour démêler toutes ces affaires !

*Photo de couverture.

Jacques MORIZE durcit le ton avec ce nouvel opus, l’intrigue policière passe au second plan au profit du récit d’une traque sans répit (ou presque) d’un truand prêt à tout, un de ceux qui sèment la mort sur son passage autant les innocents que les passagers collatéraux, avec son physique mi-bucheron-mi-ogre il a tout pour foutre les jetons.

Paradoxe : le traqué est une bête féroce, le traqueur, en l’occurence Séverac apparaît au moins dans la première moitié du livre comme bien mal en point suite à une agression.
C’est sans doute ce qui donne ce parfum de « nouveauté » à ce 9ème roman relatant les enquêtes de Séverac (mais pas que, citons en vrac son addiction à la bonne bouffe et aux femmes…), d’ailleurs ses addictions vont être particulièrement mises à mal suite aux séquelles de son agression.


Enfin c’est comme se retrouver avec un vieil ami au restaurant, le vin est bon, la nourriture excellente, la conversation truculente et aussi grave et intelligente qu’il se doit, on se quitte après avoir payé la note, s’être salué d’une poignée de main ou d’une embrassade (attention covid !) et quelque part ce sentiment diffus, incompréhensible que quelque chose a changé.

Ce roman est nominé pour le Prix DORA-SUAREZ 2021.

L’HEURE DES CHIENS – Thomas FECCHIO

L'heure des chiens par Fecchio
Parce que force est de constater que l’homme supporte, même le pire, quand il ne peut faire autrement, qu’il s’adapte pour survivre

Simone GELIN

En l’espace d’un week-end, le quotidien de la ville de Soissons sombre dans le chaos. Les tombes musulmanes de la nécropole dédiée aux soldats de 14-18 sont atrocement profanées et de l’autre côté de la ville, Julia, en convalescence à la suite d’un accident traumatisant, trouve une main sauvagement coupée sur les berges de l’Aisne.
L’adjudant Gomulka, gendarme désabusé et proche de la retraite, se voit confier ces deux enquêtes.

Face à la violence et la noirceur de ces crimes, il ne s’opposera pas à ce que le lieutenant Delahaye, surnommé « la Machine », lui prête main forte. Au cœur d’une ville qui porte les stigmates du premier conflit mondial, les deux hommes vont devoir démêler l’écheveau de ces deux affaires, qui n’en formeront peut-être qu’une. « L’invasion s’arrête ici ».
Une enquête sombre dans les bas-fonds de notre société



Intelligent cette façon de conduire le récit autour de deux enquêteurs.
Elizabeth George dans un de ses cours d’écriture avait préconisé deux manières d’appréhender un roman policier : soit, privilégier l’angle du récit autour des personnages principaux parfois au détriment de la trame; ou encore l’inverse, privilégier le récit et ses argumentaires ou autres rebondissements au détriment de la trame.
(je ne suis pas sûr de l’exactitude au mot près des propos de Mme Elizabeth George, je la cite de mémoire et la prie de bien vouloir m’excuser en cas de bévues).
Quoi qu’il en soit, Thomas FECCHIO a su manier l’art de conjuguer ces deux principes pour en faire un roman d’une extraordinaire construction, un roman qui s’intéresse à l’humain, flic ou sans papier, deux expressions qui peuvent apparaître antinomiques et pourtant au fil de ce roman se croisent dans leurs questionnement et leurs aspirations.

Tous les personnages se situent au bord d’un fil, marchent sur ce fil qui peut les entrainer dans des décisions irréparables, et puis il y a ceux qui ont déjà dépassé la frontière, sont tombés du mauvais côté du fil ou encore ont pris la décision d’ignorer cette frontière entre le bien et le mal.
Il y a les chiens qui selon l’expression sont « traités comme des chiens » (C’est de vous voir me traiter comme un chien enragé qui me fait souffrir.
Je voulais juste dire d’être plus sympa avec lui… mais pas le traiter comme un chien.)
Et les chiens enragés, les chiens de meute , les hommes qui traitent leurs semblables comme des bêtes, qui n’hésitent pas à les vouer à la mort.
Les hommes qui adoptent un enfant comme un chien à la SPA? sans vraiment mesurer les conséquences.

Dans ce roman c’est bien « L’heure des chiens », ceux qui souffrent de n’être que des bêtes dans le regard d’autrui, ceux qui cavalent car c’est dans leur nature de chasser et ceux qui mordent, dépècent leurs proies pour en tirer satisfaction.

MANHATTAN SUNSET – Roy BRAVERMAN

L’important en enfer c’est de survivre

Michel AUDIARD

Il n’y a pas pire vengeance que ce qui blesse ceux qu’on aime.
À moins qu’on ne les tue.
Il n’y a pas pire obsession qu’un fantôme qui vous hante.
À moins que ce ne soit celui d’un ami.

Il n’y a pas pire crime que de tuer une enfant.
À moins de la tuer deux fois.

Un New York sombre et violent, avec des rues comme des canyons dans lesquels la vie se perd et la mort s’engouffre. Avec fracas parfois, comme lorsqu’elle vient saisir une petite fille, retrouvée assassinée, le corps mutilé, au milieu d’un amas d’épaves de voitures.
En équilibre précaire, accroupi tout en haut d’une pile de carrosseries déglinguées, Pfiffelmann interroge son partenaire, l’inspecteur Donnelli :  » Alors, tu en dis quoi ?  » Un début d’enquête somme toute normal.
Sauf que  » Pfiff  » est un fantôme, qui exige lui aussi la vérité sur les circonstances de sa mort. Comme si Donnelli n’avait pas déjà tout son soûl de crimes, d’obsessions et de vengeances. Comme si la ville ne lui avait pas déjà arraché un lourd tribut.
Pourtant, une fois par an, New York lui offre aussi un instant magique, lorsque le soleil couchant symétrique et flamboyant du Manhattanhenge prend la 42e rue en parfaite enfilade. Une illumination divine, comme la révélation d’un indice éclaire un crime d’une lumière nouvelle. Avant que tout, la ville comme la vie de Donnelli, ne sombre à nouveau dans la nuit.
Un polar noir et puissant, dans une ville que l’on croit connaître mais dont Roy Braverman fait un portrait inédit, aussi tragique et attachant que ses autres personnages, aussi à l’aise dans l’humour que dans le suspense, et porté par une écriture remarquable.

Il y a deux façons d’aborder les romans de Roy BRAVERMAN

Vous plongez dans une nostalgie des polars américains années 80/90 à la manière de « 48 Heures », la série « Deux flics à Miami » ou encore « Cliffhanger » ces fameux polars survitaminés qui laissent flotter l’humour dans les mêmes eaux que la violence.

Ou alors, selon les mêmes références cinématographiques vous plongez chez Walter HILL, chez KITANO, chez Alan PARKER, chez Denis HOPPER.

A la manière de la série « HAPPY » créee par Grant MORRISON, Donnelli a un interlocuteur imaginaire, chez Grant MORRISON il s’agit d’une licorne facétieuse à la manière d’un Jeminy Crickett, chez Roy BRAVERMAN il s’agit d’un fantôme, celui de Pfiffelmann le coéquipier de Donneli tué en mission.

Dans les deux cas, les dialogues sont grinçants, les paroles prononcées sont à la fois des mises en garde, des reproches et des regrets. Roy BRAVERMAN sait construire des dialogues qui sonnent comme des actions et font parfois même encore plus mal.
Soyons « léger » et sourions aux interventions de Pfiff et aux situations cocasses que cela engendre, comme nous pouvions sourire à l’apparition de Mardiros le collecteur de dettes dans la trilogie « HUNTER » (l’arménien est précautionneux..)
Mais ne sont-ils pas tous les deux des personnages mythiques qui sous des aspects ironiques représentent l’essentiel des remords et des échecs, l’un ne serait-il pas CHARON le collecteur des âmes qui échange de quelques pièces faisaient traverser les morts pour les rivages d’une autre vie, et l’autre ne serait-il pas l’OEIL qui dans la tombe regardait Caïn.
Donnelli a beaucoup à se reprocher, sa culpabilité est avérée et avec tout ce qu’il avale il n’est pas étonnant que sa culpabilité s’exprime sous formes hallucinatoires et là plus rien n’est drôle, et comme dans la trilogie HUNTER la tragédie prends le pas sur la forme qui se voudrait quelque peu détachée en face de ce déchainement de violence.
Roman NOIR, très noir et ce n’est pas le phénomène « Manhattanenge » qui donnera une clarté et réparera les malheurs dans lesquels cette ville est engluée.
Le vice, la souffrance…on s’en fout t’es mort(e), t’es une petite fille un petit garçon, un vieux, une vieille, un branleur, un braqueur, un commerçant, un parent ou tout autre tu ne survivras pas…tu es de la viande morte ou vivante à monnayer.

Apocalypse transferts – Fabio M. MITCHELLI

chronique dora suarez Apocalypse transferts - Fabio M. MITCHELLI

Puis vient le jour des révélations de l’apocalypse, où l’on comprend qu’on est maudit et misérable, et aveugle et nu et alors, fantôme funeste et dolent, il ne reste qu’à traverser les cauchemars de cette vie en claquant des dents. Jack Kerouac

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Bienvenue à Cottons’ Warwick – Michael MENTION

couvLes vices sont comme les bestiaux qui s’engraissent jusqu’à ce qu’ils soient bons pour la tuerie. Ben Jonson

Même s’il arrive à certains humains de se conduire bestialement, les chiens continuent de demeurer des chiens. Noëlle Chatelet Lire la suite

Jenny – Fabrice COLIN

jennyLes ruses et les machinations ténébreuses ont été imaginées par les hommes pour venir en aide à leur lâcheté. Euripide Lire la suite

Corinne n’aimait pas Noël – Jean-Luc TAFFOREAU

9782265059276fs– Vous mettez jamais de trempe à votre femme ?
– Si ! Mais pas avec un fer à souder…
– C’est parce que vous êtes pas bricoleur !
Le Père Noël est une ordure. Lire la suite

Un avant-goût des anges – Philippe SETBON

setbon-bmpSi vous n’êtes pas toujours femme en amour, vous le redevenez en vengeance. Honoré de BALZAC

La vengeance est boiteuse, elle vient à pas lents, mais elle vient. Victor HUGO Lire la suite

Du barbelé sur le cœur – Cédric CHAM

barbeleLe mal qu’on te fait la nuit a commencé le jour. Janis OTSIEMI Lire la suite

Yaak valley, Montana – Smith HENDERSON

yaak-valleyToi qui entre ici abandonne toute espérance. Dante Lire la suite

Soul of London – Gaëlle PERRIN-GUILLET

soulUn soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à mon amour
Vint à ma rencontre
Et le regard qu’il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte
Guillaume APOLLINAIRE
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Une forêt obscure – Fabio M. MITCHELLI

une-foret-obscureSavez-vous ce que disent les arbres lorsque la hache entre dans la forêt ? Regardez ! C’est l’un des nôtres. Sorj CHALANDON

Le péché c’est ce qui obscurcit l’âme, c’est ce qui s’oppose à la joie. André GIDE Lire la suite

Un zéro avant la virgule – James HOLIN

ob_c4ad58_un-zero-avant-la-virguleL’argent est en tous points comme le sexe. On n’arrête pas d’y penser quand on est en manque et on pense à autre chose quand on en a. James Baldwin Lire la suite

Rémission spontanée – Ludovic BOUQUIN

ob_cdd86e_remisisionLa science ne consiste pas seulement à savoir ce qu’on doit ou peut faire, mais aussi à savoir ce qu’on pourrait faire quand bien même on ne doit pas le faire. Umberto ECO Lire la suite

Tunnel – Éric COURTIAL

TunnelNe parlons pas d’argent, ça énerve ceux qui n’en ont pas ! Francis BLANCHE Lire la suite

Rien ne se perd – Cloé MEHDI

Mise en page 1Douceur des larmes qui consolent et parviennent à émouvoir ceux qui en sont témoins et pour un peu les partageraient. Violence des sanglots. Brusques spasmes, incoercibles, imprévisibles. Suffocation, souffle coupé. Attaque soudaine de l’intérieur. Sans défense… Tout le corps secoué qui plie, se casse en deux. Rien pour s’en protéger. Ça éclate en vous. J.B. PONTALIS Lire la suite

La promesse – Cédric CHAM

1070647148C’est un homme en action, en fuite perpétuelle, jusqu’au moment où le sol craque sous ses pas et le défi final est magnifique…  Michel SERRAULT  Lire la suite

Traquenards – Alan BRENHAM

traquenardsRarement, un ouvrage n’aura aussi bien mérité son titre. Lire la suite

T’es pas Dieu, petit bonhomme – Philippe SETBON

dieu« Le retour des revenants ne fait pas qu’exercer une justice personnelle ou témoigner du retour du refoulé, il vient dénoncer une iniquité collective». Alexandre GEFEN Lire la suite

Je m’appelle Blue – Solomonica DE Winter

blue

Vous m’avez demandé si c’était fatigant, Docteur, si c’était fatigant de faire tourner ma vie autour d’un livre. Oui, c’est fatigant. C’est mentalement épuisant, éreintant. Une vie où les rêves sont la réalité et la réalité un cauchemar. Mais c’est tout ce que j’ai connu. Et tout ce que je veux connaître. Solomonica de WINTER Lire la suite

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