
Simone GELIN
En l’espace d’un week-end, le quotidien de la ville de Soissons sombre dans le chaos. Les tombes musulmanes de la nécropole dédiée aux soldats de 14-18 sont atrocement profanées et de l’autre côté de la ville, Julia, en convalescence à la suite d’un accident traumatisant, trouve une main sauvagement coupée sur les berges de l’Aisne.
L’adjudant Gomulka, gendarme désabusé et proche de la retraite, se voit confier ces deux enquêtes.
Face à la violence et la noirceur de ces crimes, il ne s’opposera pas à ce que le lieutenant Delahaye, surnommé « la Machine », lui prête main forte. Au cœur d’une ville qui porte les stigmates du premier conflit mondial, les deux hommes vont devoir démêler l’écheveau de ces deux affaires, qui n’en formeront peut-être qu’une. « L’invasion s’arrête ici ».
Une enquête sombre dans les bas-fonds de notre société
Intelligent cette façon de conduire le récit autour de deux enquêteurs.
Elizabeth George dans un de ses cours d’écriture avait préconisé deux manières d’appréhender un roman policier : soit, privilégier l’angle du récit autour des personnages principaux parfois au détriment de la trame; ou encore l’inverse, privilégier le récit et ses argumentaires ou autres rebondissements au détriment de la trame.
(je ne suis pas sûr de l’exactitude au mot près des propos de Mme Elizabeth George, je la cite de mémoire et la prie de bien vouloir m’excuser en cas de bévues).
Quoi qu’il en soit, Thomas FECCHIO a su manier l’art de conjuguer ces deux principes pour en faire un roman d’une extraordinaire construction, un roman qui s’intéresse à l’humain, flic ou sans papier, deux expressions qui peuvent apparaître antinomiques et pourtant au fil de ce roman se croisent dans leurs questionnement et leurs aspirations.
Tous les personnages se situent au bord d’un fil, marchent sur ce fil qui peut les entrainer dans des décisions irréparables, et puis il y a ceux qui ont déjà dépassé la frontière, sont tombés du mauvais côté du fil ou encore ont pris la décision d’ignorer cette frontière entre le bien et le mal.
Il y a les chiens qui selon l’expression sont « traités comme des chiens » (C’est de vous voir me traiter comme un chien enragé qui me fait souffrir.
Je voulais juste dire d’être plus sympa avec lui… mais pas le traiter comme un chien.)
Et les chiens enragés, les chiens de meute , les hommes qui traitent leurs semblables comme des bêtes, qui n’hésitent pas à les vouer à la mort.
Les hommes qui adoptent un enfant comme un chien à la SPA? sans vraiment mesurer les conséquences.
Dans ce roman c’est bien « L’heure des chiens », ceux qui souffrent de n’être que des bêtes dans le regard d’autrui, ceux qui cavalent car c’est dans leur nature de chasser et ceux qui mordent, dépècent leurs proies pour en tirer satisfaction.
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